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CRITIQUES DE CONCERTS 21 décembre 2024

Nouvelle production d’Akhnaten de Phil Glass dans une mise en scène de Nigel Lowery et sous la direction de Titus Engel à l’Opéra des Flandres.

Le triomphe d’Akhnaten
© Annemie Augustijns

Énorme succès pour cette nouvelle production du chef-d’œuvre de Phil Glass portée par une équipe proche de la perfection (avec un Tim Mead prodigieux dans le rôle-titre et un Titus Engel impeccable à la baguette) offrant une représentation musicalement exceptionnelle mais hélas plombée par une scénographie envahissante et absconse.
 

Opéra des Flandres, Anvers
Le 21/02/2015
Pierre-Emmanuel LEPHAY
 



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  • Akhnaten, l’un des chefs-d’œuvre de Phil Glass, est un ouvrage extrĂŞmement rare sur les scènes, surtout europĂ©ennes. Si l’OpĂ©ra du Rhin en accueillit une (superbe) production amĂ©ricaine en 2002, c’est une nouvelle production que propose courageusement l’Opera Vlaanderen, ce qui est, en soi, dĂ©jĂ  un Ă©vĂ©nement. Si les Alsaciens Ă©taient très partagĂ©s en 2002, la salle se vidant singulièrement Ă  l’entracte, les Flamands se montrent plus ouverts en offrant mĂŞme une standing ovation très spontanĂ©e lors des saluts. Il faut dire que la rĂ©ussite musicale est totale tandis que la partie scĂ©nique, due Ă  Nigel Lowery et Amir Hosseinpour, laisse aussi interdit qu’elle est absconse.

    Le plateau est occupé par une immense structure architecturée, évoquant vaguement le Bauhaus voire le Corbusier ou Auguste Perret (mais renfermant également une façade de cathédrale à deux flèches) et qui semble symboliser une cité idéale, à l’image de la nouvelle société que souhaite construire Akhnaten. Ce décor tourne sur lui-même tandis que l’intérieur renferme différentes pièces à l’intérieur desquelles les personnages errent et agissent, comme le montre une captation vidéo diffusée sur un écran sans que l’on en comprenne vraiment tous les tenants et les aboutissants.

    Pas de référence particulière à l’Égypte donc, pas plus que dans la ribambelle de danseurs et figurants affublés de costumes tous plus improbables les uns que les autres et venant à chacune de leurs apparitions reproduire les mêmes gestes, la même chorégraphie sans que, là encore, on comprenne bien le rapport de tout cela avec l’intrigue. À l’opposé, quelques costumes des choristes et solistes évoquent la civilisation des pharaons de manière plus ou moins clinquante sinon kitsch.

    Venons-en à la partie musicale, autrement réussie, à commencer par un orchestre extraordinaire. Car si, sur le papier, cette musique minimaliste est d’apparence simple, elle est redoutable à jouer parfaitement sur la distance. Enchaîner des arpèges, des accords brisés et des batteries sans pause pendant des pages entières sans baisse de régime, sans écarts de justesse, sans accrocs, est un sacré défi, et il faut louer l’Orchestre symphonique de l’Opéra des Flandres pour sa prestation magnifique. Mêmes louanges, sinon davantage, à un chœur tout aussi magnifique, qui confirme qu’il est l’un des tout meilleurs chœurs d’opéra en activité. Le son de la formation est en effet d’une remarquable homogénéité, parfaitement projeté et d’une réelle beauté.

    La distribution est quant à elle une totale réussite. Dans le rôle-titre, Tim Mead atteint la perfection par un timbre d’une grande séduction et un chant d’une suavité parfaite pour ce rôle. Son hymne du II est un moment de pure apesanteur tandis que son duo avec Nefertiti est un des autres grands moments de la soirée grâce au superbe mezzo de Kai Rüütel avec lequel sa voix se marie admirablement.

    Le soprano très aérien et souple de Mari Moriya en Reine Tye fait également merveille pour un rôle terrible où l’aigu est fort sollicité. On remarquera aussi, au sein d’une distribution sans faiblesse, le magnifique sextuor des filles d’Akhnaten qui nous offre là encore un moment d’apesanteur inoubliable, ainsi que le Narrateur/Scribe investi de Jan Schweiger, qui s’exprime en néerlandais (non surtitré : le français ou l’anglais seraient plus que bienvenus pour une maison de cette importance).

    Terminons avec le maître de la soirée, Titus Engel, qui offre une admirable direction de la partition. Dès les premières notes du prélude, on est happé par une battue très énergique, très vivante et qui ne faiblit pas un instant et apporte par ailleurs un grand soin aux phrasés, sachant parer les moments élégiaques d’une grande douceur. Tout au plus aurait-on souhaité un peu plus d’abandon dans le tableau final, mais réussir à captiver ainsi dans une partition qui ne supporte pas la demi-mesure et la médiocrité tient d’une immense réussite pour l’Opera Vlaanderen.




    Opéra des Flandres, Anvers
    Le 21/02/2015
    Pierre-Emmanuel LEPHAY

    Nouvelle production d’Akhnaten de Phil Glass dans une mise en scène de Nigel Lowery et sous la direction de Titus Engel à l’Opéra des Flandres.
    Phil Glass (*1937)
    Akhnaten, opéra en trois actes (1984)

    Chœurs de l’Opera Vlaanderen
    Orchestre Symphonique de l’Opera Vlaanderen
    direction : Titus Engel
    mise en scène & décor : Nigel Lowery
    chorégraphie : Amir Hosseinpour
    costumes : Walter Van Beirendonck
    éclairages : Glen D’haenens
    vidéo : Martin Eidenberger
    préparation des chœurs : Jan Schweiger

    Avec :
    Tim Mead (Akhnaten), Kai Rüütel (Nefertiti), Mari Moriya (la Reine Tye), Andrew Schroeder (Horemhab), Adam Smith (Amon), James Homann (Aye), Geert Van Rampelberg (Amenhotep), Hanne Roos, Lies Vandewege, Dorine Mortelmans, Lieselot De Wilde, Sara Jo Benoot et Martha Jones (les filles d’Akhnaten), Sophy Ribrault, Sophia Preidel, Pim Veulings et Braun De Beul (danseurs).

     


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