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CRITIQUES DE CONCERTS |
31 octobre 2024 |
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Concert de l’Orchestre national de France sous la direction de Bernard Haitink, avec la participation du clarinettiste Patrick Messina à l’Auditorium de Radio France, Paris.
Solennité de toute beauté
Après l’enchantement parfois douloureux du dernier concerto de Mozart, celui qu’il écrivit pour clarinette peu avant sa mort, Bernard Haitink, à la tête de l’Orchestre national de France, fascine public et musiciens dans l’ultime symphonie de Bruckner, la Neuvième en ré mineur, pénétrant sa beauté d’une grandeur visionnaire.
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Auditorium de la Maison de la Radio, Paris
Le 23/02/2015
Claude HELLEU
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Complicité artistique
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Hommage au réalisme poétique
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« Il est un des très rares génies auxquels le destin imposa de donner un corps au surnaturel, de s’emparer du divin, de le contraindre à faire irruption dans notre monde humain » : cette phrase de Wilhelm Furtwängler, Bernard Haitink la fait sienne quand il dirige la Neuvième Symphonie de Bruckner. Mais peut-il en être autrement avec cette œuvre d’une puissance sacrée, quoique de musique pure ? Encore faut-il la pénétrer. À la tête de l’Orchestre national de France, l’un des plus grands chefs de notre temps en a éclairé la rare ferveur.
Gravité de l’entrée. La majesté des cors nous accueille et nous mène à un fortissimo de l’orchestre exaltant. L’expressivité n’aura plus de cesse. À la direction calme et concentrée de Haitink, les pupitres mis en valeur répondent dans une homogénéité exemplaire. Unis par une même respiration, violons apaisants, trompette dramatique, bois solistes accompagnés des cordes en sourdine, ruptures aux silences impressionnants, cuivres tels des hérauts suivent une trajectoire à laquelle son mystère nous garde suspendus. Les répons des différents solistes entre eux, les envolées radieuses nuancent le crescendo continu d’une tension profonde et fusionnelle dont la grandeur nous subjugue.
Le caractère suffocant du Scherzo magnifie l’apogée de cette tension. Son implacable martèlement prend une ampleur apocalyptique. Tragédie terrifiante ? Ou passionnée ? Au rythme impitoyable, si souvent brutal mais ici saisissant, se mêlent des phrases d’amour. Aux attaques percutantes s’opposent des sourires. Le chef néerlandais personnalise chaque reprise des pizzicati de cordes, des bois changeants. Aucune lourdeur ne plombe ce mouvement halluciné, mais un défi grandiose le soulève et nous bouleverse.
La superbe des cordes intronise l’Adagio. Lent, solennel lui aussi, l’a qualifié Bruckner, il rayonne d’un lyrisme tourmenté. Son recueillement brave ses déchirements. En cette longue méditation, sous les contrastes de lumière la douleur côtoie l’espérance. Les cuivres resplendissent et chantent avec les cordes, la plénitude sonore atteint l’état de grâce, servie par l’acoustique idéale de ce nouvel auditorium Radio France, une réussite en tous points.
La puissance de l’ultime climax s’ouvre sur l’au-delà . Peu importe lequel, la spiritualité du fabuleux voyage auquel nous a conviés Bernard Haitink dépasse tout mysticisme. Ainsi triomphe sous sa direction la foi du compositeur.
Patrick Messina était auparavant le soliste bienheureux du Concerto pour clarinette en la majeur de Mozart, le dernier concerto qu’il compose quelques semaines avant sa mort. Le premier clarinette solo de l’ONF se voue à la chaleur de ce chef-d’œuvre avec un bonheur évident. L’agilité, la netteté, le souffle portent les mélodies.
Deux flûtes, deux bassons, deux cors, deux violons, deux altos, le violoncelle, la contrebasse et lui se séduisent. Chaleur du timbre de la clarinette : « celui de tous les instruments à vent qui peut le mieux faire naître, enfler, diminuer et perdre le son… produire le lointain, l’écho, l’écho de l’écho, le son crépusculaire », a écrit Berlioz, dialogues ou conflits en musique de chambre coulent de source.
Une certaine retenue du soliste disparaît peu à peu. La couleur s’épanouit, les pianissimi rêvent sur la profondeur légère de l’orchestre dans un Adagio d’une pureté miraculeuse, l’expressivité s’affirme, de plus en plus ensorcelante au fil d’un Rondo allegro étincelant d’aisance. Un bonheur.
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Auditorium de la Maison de la Radio, Paris Le 23/02/2015 Claude HELLEU |
| Concert de l’Orchestre national de France sous la direction de Bernard Haitink, avec la participation du clarinettiste Patrick Messina à l’Auditorium de Radio France, Paris. | Wolfang Amadeus Mozart (1756-1791)
Concerto pour clarinette et orchestre en la majeur KV 622
Patrick Messina, clarinette
Anton Bruckner (1824-1896)
Symphonie n° 9 en ré mineur
Orchestre national de France
direction : Bernard Haitink | |
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