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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert de l’Orchestre du Théatre Mariinski sous la direction de Valery Gergiev, avec la participation de la soprano Anastasia Kalagina à la Philharmonie de Paris.
Hommage Ă un ami de la Russie
Après un Concerto pour orchestre rare mais sans véritable intérêt, l’Orchestre du Mariinski prenait de la couleur avec le cycle les Enfantines de Modeste Moussorgski, puis de la grandeur avec les Tableaux d’une Exposition du même compositeur, pour clore avec chaleur par deux bis, dont un superbe prélude de Lohengrin joué en hommage à Christophe de Margerie.
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Donné en guise d’ouverture, le Concerto pour orchestre n° 1 « Couplets polissons » de Rodion Chtchedrine, créé en 1963 par Guennadi Rozhdestvenski, ressemble plus à un pastiche qu’à une œuvre sérieuse, dans lequel se mélangent avec un certain équilibre des timbres jazzy et des thèmes populaires russes, le tout dans une rythmique proche des compositions américaines des années 1930. L’Orchestre du Théâtre Mariinski dirigé par Valery Gergiev y est parfois brouillon, soit par manque d’habitude dans la nouvelle Philharmonie de Paris, soit par excès de nervosité, et laisse seulement découvrir quelques sonorités agréables dans sa petite harmonie.
Plus attachant, le cycle les Enfantines, sept mélodies sur des paroles de Modeste Moussorgski, a été composé en trois temps de 1868 à 1872 d’après des textes de la vie de tous les jours, brefs échanges entre des enfants, leur nourrice et leur mère. Le chef russe y dirige ces textes avec son habituel cure-dent à la main droite en guise de baguette, et devient plus attentif, rendant l’orchestre plus précis et plus malléable pour accompagner la soprano Anastasia Kalagina, qui évite tous les pièges avec brio et réussit particulièrement le troisième chant, le Hanneton.
Composés d’abord pour piano lors du mois de juin 1874 à Saint-Pétersbourg, et dédicacés au mentor du Groupe des Cinq Vladimir Stassov, les Tableaux d’une exposition sont proposés dans la célèbre orchestration de Maurice Ravel, réalisée en 1922 pour Serge Koussevitsky. Dès la Promenade introductive, les sonorités se font plus chatoyantes qu’en première partie : les cuivres se sont échauffés, les cordes animées et les percussions montrent une présence accrue, surtout pour celles placées très haut par rapport au reste de l’orchestre.
Résolument lent, le tempo rend certains passages fascinants, comme ce Vecchio Castello aérien, ou la seconde partie de la deuxième Promenade, littéralement pesante. Très maîtrisé aux cordes, le crescendo de Bydlo est malheureusement noyé par la caisse claire omniprésente et n’atteint pas les sommets jadis touchés par Evgueni Svetlanov. Après un léger passage à vide, rehaussé à deux endroits par la première flûte puis par le saxophone, l’ensemble se ravive dans Cabane sur des pattes de poules, puis s’amplifie dans l’épique coda, la Grande porte de Kiev.
Sans surprise, Gergiev ne pouvait se contenter d’un concert d’à peine une heure de musique, et fait rapidement taire les applaudissements pour annoncer le prélude du premier acte de Lohengrin, en hommage à son ami Christophe de Margerie, PDG de Total décédé six mois plus tôt lors d’un crash en Russie. Vibrant, l’ouvrage est suivi d’une minute de silence d’autant plus respectée que le bloc réservé aux invités et mécènes est rempli ce soir par les cadres dirigeants du groupe pétrolier. La soirée se clôturera avec le prélude de la Khovantschina, chaleureux mais plus tout à fait en place, nous laissant tout de même globalement conquis.
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Philharmonie, Paris Le 25/03/2015 Vincent GUILLEMIN |
| Concert de l’Orchestre du Théatre Mariinski sous la direction de Valery Gergiev, avec la participation de la soprano Anastasia Kalagina à la Philharmonie de Paris. | Rodion Chtchedrine (*1963)
Concerto pour orchestre n° 1 « Couplets polissons »
Modeste Moussorgski
Les Enfantines
Anastasia Kalagina, soprano
Modeste Moussorgski (1839-1881)
Tableaux d'une exposition
Orchestration de Maurice Ravel
Orchestre du Théâtre Mariinski
direction : Valery Gergiev | |
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