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CRITIQUES DE CONCERTS |
31 octobre 2024 |
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Reprise de Rusalka de Dvořák dans la mise en scène de Robert Carsen, sous la direction de Jakub Hrůša Ă l’OpĂ©ra de Paris.
Le chant des sirènes
Reprise une fois de plus couronnĂ©e de succès pour cette très virtuose mise en scène de Rusalka par Robert Carsen, plus de dix ans après son apparition sur la scène de Bastille. La belle naĂŻade imaginĂ©e par AntonĂn Dvořák va comme un gant Ă la voix de Svetlana Aksenova, pur joyau dans un plateau et un Ă©crin scĂ©nique de premier choix.
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C'est le retour à Bastille de cette belle naïade décidément trop curieuse, qui décide d'aller voir hors de l'eau comment se comportent les humains… La magie de cette mise en scène de Robert Carsen (créée en 2002) est toujours aussi vivace ; on serait même tenté de dire qu'elle constitue un modèle de réussite parfaite. Avec un temps d'avance sur le livret, la prolifération des images maintient l'attention à son plus haut. On oublie très vite la minceur narrative pour mieux se concentrer sur ces extraordinaires tableaux entre rêve et réalité.
Avec une inventivité sans pareil, le metteur en scène canadien joue sur l'onirisme de ces grandes chambres bourgeoises avec ces effets de dessus-dessous autour du lit – lieu du désir et du sommeil et trait d'union symbolique d'une scène à l'autre. Tantôt suspendu dans les cintres, avec cet incroyable effet de miroir inversé, tantôt en fond de scène avec le regard du spectateur qui plane mystérieusement au-dessus. L'inversion des espaces renvoie également à l'inversion des mondes aquatiques et humains, avec les éléments psychologiques qui les différencient.
Rien d'étonnant à retrouver dans le livret de Jaroslav Kvapil de nombreux emprunts à Wagner. Carsen se plaît à les souligner, en adéquation totale avec un flux musical lui-même abondamment citationnel malgré la modestie du format orchestral. Des Filles du Rhin à la malédiction d'Alberich, en passant par le duo d'amour de Tristan ou les scènes Kundry-Parsifal, on voit se refléter en filigrane tout un florilège imagier qui fuit la référence autant qu'il s'en inspire.
Rusalka ne renie pas l'amour, elle le réclame au contraire. Elle sera condamnée en échange à une étonnante présence muette durant une bonne partie du II et devra assister, impuissante, à l'étreinte de sa rivale par son amoureux de prince. Svetlana Aksenova défend le rôle-titre avec une énergie sans pareille. Même si les aigus ne sont plus aussi solaires que dans le passé, la voix reste d'une plasticité à toute épreuve, surtout dans la sensualité du legato et des couleurs.
Alisa Kolosova tire brillamment son Ă©pingle du jeu en imposant une Princesse Ă©trangère d'une belle noirceur. De beaux atouts dans le timbre veloutĂ© de Larisa Diadkova, impĂ©riale JeĹľibaba. Plus limitĂ© par l'Ă©troitesse de son instrument dans l'aigu, le Prince de Pavel Černoch brille surtout par une projection remarquable et une vaillance Ă toute Ă©preuve. ConfiĂ©e Ă la battue attentive de Jakub Hrůša, la fosse est irisĂ©e de fins dĂ©tails, sans jamais chercher Ă dĂ©tourner l'attention dans les moments (nombreux) oĂą la scène invite Ă tendre.
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Opéra Bastille, Paris Le 07/04/2015 David VERDIER |
| Reprise de Rusalka de Dvořák dans la mise en scène de Robert Carsen, sous la direction de Jakub Hrůša Ă l’OpĂ©ra de Paris. | AntonĂn Dvořák (1841-1904)
Rusalka, conte lyrique en trois actes (1901)
Livret de Jaroslav Kvapil
Chœurs et Orchestre de l'Opéra national de Paris
direction : Jakub Hrůša
mise en scène : Robert Carsen
décors et costumes : Michael Levine
Ă©clairages : Robert Carsen et Peter van Praet
chorégraphie : Philippe Giraudeau
Avec :
Pavel Černoch (le Prince), Alisa Kolosova (la Princesse Ă©trangère), Olga Kolosova (Rusalka), Dimitry Ivashchenko (l'Ondin), Larisa Diadkova (JeĹľibaba), Damien Pass (la voix d'un Chasseur), Diana Axentii (le Garçon de cuisine), Yun Jung Choi (Première nymphe), AlĹľběta Poláčková (Deuxième nymphe), Agata Schmidt (Troisième nymphe), Igor Gnidii (le Garde-forestier). | |
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