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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert de l'Orchestre des Concerts Lamoureux, sous la direction de Yutaka Sado, avec le flûtiste Emmanuel Pahud.
Les Lamoureux sous l'emprise de Sado
Depuis 1993, lentement mais sûrement, c'est sous la direction de son premier chef invité, le Japonais Yutaka Sado, que l'Orchestre des Concerts Lamoureux poursuit sa reconquête d'un public dominical, mélomane et pas snob pour un sou. Un superbe concert ouvrait la saison de l'association symphonique parisienne, au Théâtre des Champs-Elysées.
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Il y a quelques mois encore, l'Orchestre des Concerts Lamoureux avait du vague à l'âme: chassée de la salle Pleyel par le nouveau propriétaire des lieux, bien décidé à donner congé à quelques-uns de ses locataires jugés encombrants, la formation parisienne a bel et bien failli devenir SDF si le théâtre de l'avenue Montaigne n'était pas venu à son secours in extremis. Un concert parmi d'autres ? Pas vraiment, car Yutaka Sado a une nouvelle fois prouvé qu'il était un musicien d'un raffinement extrême, sous des aspects de chef démonstratif à souhait. Pas étonnant, quand on sait que le Japonais fut l'élève et l'assistant de Leonard Bernstein : même expressivité du corps, tout entier sollicité dans une gymnastique que l'on estimerait bien grandiloquente si elle ne produisait pas d'insoupçonnables effets sonores, même clarté dans le geste, capable, de la main droite, de "porter l'estocade" par de violentes incisions dans la masse comme de souligner, de la main gauche, de délicates arabesques. Il faut l'avoir vu et entendu dans Halil, nocturne pour flûte et orchestre de Leonard Bernstein, pour prendre toute la mesure de son talent ; cette musique-là respire à pleins poumons, sans une once d'asphyxie: les cordes des Lamoureux atteignent une clarté de texture inouïe, tandis que la flûte d'Emmanuel Pahud – incontestablement, l'un des meilleurs flûtistes actuels – réussit des prodiges de virtuosité, avec une aisance déconcertante. Mais l' expressivité de Sado sur scène, si elle est un spectacle à elle seule, n'est, en quelque sorte, que la partie immergée de l'iceberg ; sous la surface gronde un " dresseur " d'orchestre inestimable - à la manière sans doute d'un Toscanini ou d'un Reiner en leur temps -, qui a transformé un orchestre en perdition en bolide symphonique, au point que ce dernier pourra peut-être bientôt grignoter la suprématie des Rolls-Royce de la capitale. L'interprétation de la très populaire Symphonie du Nouveau Monde de Dvorak stigmatise au mieux les progrès des Lamoureux, prompts désormais à offrir de véritables dégradés de couleurs et d'authentiques courbes dynamiques, jusqu'à rendre perceptible la moindre nuance, même infinitésimale, sans oublier la cohérence absolue d'un groupe de musiciens, visiblement sous le charme et l'emprise d'un chef providentiel. Un grand concert, vraiment.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 24/09/2000 Stéphane HAIK |
| Concert de l'Orchestre des Concerts Lamoureux, sous la direction de Yutaka Sado, avec le flûtiste Emmanuel Pahud. | Halil de Leonard Bernstein
Concerto pour flûte n° 1 de Mozart
Symphonie du Nouveau Monde de Dvorak
Orchestre des Concerts Lamoureux, Direction : Yutaka Sado,
avec Emmanuel Pahud (flûte).
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