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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Reprise de Parsifal de Wagner dans la mise en scène de Christine Mielitz, sous la direction d’Adam Fischer à l’Opéra de Vienne.
Rameaux de luxe
Créée en 2004, la production du Parsifal de Christine Mielitz à Vienne est reprise chaque année par tradition à la période des Rameaux, et vieillit tranquillement avec une distribution ou un chef tous les ans différents. En 2015, Adam Fischer reprend le flambeau en remplaçant Peter Schneider d’abord programmé.
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Christian Thielemann ou Franz Welser-Möst à la direction, Waltraud Meier ou Evelyn Herlitzius en Kundry, Plácido Domingo ou Jonas Kaufmann en Parsifal, autant de noms ayant parcouru la production viennoise du chef-d’œuvre de Wagner, alors que la reprise de cette année nous fait entendre Johann Botha, Angela Denoke, Stephen Milling ou Michael Volle.
Même s’il s’agit de répertoire, remettons d’abord les chanteurs dans le contexte scénique. La mise en scène de Christine Mielitz s’intègre au premier acte dans une maison en ruine au papier-peint démodé, avec au milieu un bassin dans lequel sera sacrifié un enfant, pour ensuite y plonger Amfortas ensanglanté et mourant. L’acte médian représente le QG de Klingsor, sorte de méchant de film américain filmé sur scène par un caméraman dont l’image est retranscrite sur un écran derrière, utilisé aussi pour montrer des explosions et des scènes de désastre.
Le décor est augmenté de canapé rouge pour y accueillir les Filles-Fleurs en robes rouges. D’abord limité par un rideau en fond de scène représentant un paysage lunaire, le troisième acte évoluera vers une toile de montagnes ensoleillées, qui tombera finalement pour laisser la visibilité sur l’arrière scène, d’où s’envolera Kundry, présente sur scène jusqu’à la fin de l’opéra.
Les costumes alternent habits d’escrimeurs dans une dualité blanc-noir et vêtements de templiers, et pour Kundry une recette connue depuis Wieland Wagner, d’abord faite de guenilles et robe noire pour le mal au I, puis rouge pour la passion au II et enfin blanche pour le bien et la pureté au III. Rien de très nouveau dans cette réflexion dont il faut respecter les onze années d’ancienneté, même si l’âge ne masque pas l’absence d’idées fortes, et trouve toutefois une certaine efficacité dans les reprises annuelles.
Au chant, Michael Volle est malheureusement annoncé légèrement malade ; son chant sera plus affecté dans le manque de profondeur des graves que dans le médium. Au dernier acte, certaines parties sont mieux maîtrisées malgré un souffle et une puissance limités. La Kundry d’Angela Denoke s’est adaptée à ses moyens vocaux et reste fascinante : elle ne lance plus ses aigus, n’a plus ce vibrato très prononcé et a perdu en souffle, trichant parfois en retardant l’attaque ou en finissant plus rapidement ses phrases, mais elle parvient à garder toute sa sensualité et y gagne par la même occasion une formidable intériorité.
Stephen Milling expose les beaux graves de Gurnemanz, chauds au début puis plus convenus ensuite, tandis que sa diction très nette lui fait accrocher sur certains mots en fin de premier acte, dans une prestation tout de même d’un grand niveau jusqu’à la fin. Ryan Speedo Green offre un Titurel marqué par une voix triste parfaitement adaptée, son personnage étant amené sur scène totalement momifié sur un lit d’hôpital, tandis que le livret le confine en coulisse ; il garde une ligne voilée par le bandage entourant son visage.
Enfin, le Parsifal de Johan Botha manque de lumière dans le timbre et n’a pas le mysticisme d’un Klaus Florian Vogt, mais tient le rôle avec intelligence et réussit particulièrement son premier monologue au II, tandis qu’il combat un Klingsor (Boaz Daniel) affublé de la malédiction du sorcier, faible dans le chant en plus d’un timbre nasal trop affirmé.
Reste alors la magie de Vienne avec des chœurs parfaits et des seconds rôles issus d’une troupe homogène dans l’excellence, sans qu’on ne puisse démarquer pour cette fois aucune Fille-Fleur, ni aucun chevalier. L’Orchester der Wiener Staatsoper mérite à lui seul le déplacement avec ce son unique dans Wagner, dont les cordes chaudes n’empêchent ni l’intériorité, ni la retenue. Adam Fischer les dirige de manière moins personnelle et plus Kapellmeister qu’en 2013 dans la même salle ou chez lui à Budapest, mais construit une ligne claire durant tout l’ouvrage, et l’ouvre au fur et à mesure pour ne faire regretter qu’une chose au final : qu’il faille attendre une nouvelle occasion pour l’entendre à nouveau.
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Wiener Staatsoper, Wien Le 08/04/2015 Vincent GUILLEMIN |
| Reprise de Parsifal de Wagner dans la mise en scène de Christine Mielitz, sous la direction d’Adam Fischer à l’Opéra de Vienne. | Richard Wagner (1813-1883)
Parsifal, ein BĂĽhnenweihfestspiel en trois actes (1882)
Livret du compositeur
Chor und Orchester der Wiener Staatsoper
direction : Adam Fischer
mise en scène : Christine Mielitz
chef de chœur : Thomas Lang
Avec :
Michael Volle (Amfortas), Ryan Speedo Green (Titurel), Stephen Milling (Gurnemanz), Parsifal (Johan Botha), Boaz Daniel (Klingsor), Angela Denoke (Kundry), Catherine Trottmann, Hyuna Ko, Jason Bridges, Peter Jelosits (Knappen), Monika Bohinec (Voix d’en haut). | |
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