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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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La Turangalila-Symphonie d'Olivier Messiaen par l'Orchestre de Paris avec son nouveau chef Christoph Eschenbach
Le nouveau Gamelan parisien de Christoph Eschenbach
L'Orchestre de Paris a ouvert sa saison 2000-2001 en intronisant son nouveau chef, Christoph Eschenbach, avec deux exécutions consécutives de la toujours jeune Turangalila-Symphonie d'Olivier Messiaen. Une collaboration qui s'annonce prometteuse.
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D'emblée, l'exécution en imposa par sa mise en place rythmique sur laquelle le travail d'Eschenbach s'est audiblement concentré. A l'exception d'un bref moment de flottement dans la Joie du Sang des étoiles, les passages les plus périlleux rythmiquement –l'oeuvre en regorge- furent négociés avec une maîtrise appréciable. Malheureusement, il semble que cette attention portée au rythme et à son contrôle se soit opéré au détriment des nuances et la couleur, éléments si importants dans la musique française. La Salle Pleyel parût trop petite pour le niveau sonore souvent tonitruant de l'orchestre, comme si Eschenbach avait oublié d'adapter son interprétation à l'acoustique, d'où une impression de fortissimo presque permanent et un climat violent à l'opposé de "l'hymne à la joie" voulu par Messiaen. Une formation classique qui sonne comme un Gamelan balinais ? Cela en revanche, Messiaen n'aurait peut-être pas détesté. Quoiqu'il en soit, le piano s'en trouva par contrecoup quelque peu couvert par la puissance des cordes dans le premier Chant d'amour et même les ondes Martenot de Jeanne Loriod, pourtant l'une des spécificités de l'oeuvre, se trouvèrent submergées. Cela étant dit, Eschenbach démontra une sensibilité exacerbée dans le solo de clarinette de la Turangalila 1, et sa direction demeura de bout en bout entraînante.
Sans surprise, Yvonne Loriod-Messiaen démontra une compréhension intime de l'oeuvre de son mari, malgré une technique maintenant plus précaire, notamment dans une utilisation de la pédale marquée par une certaine lenteur, ainsi que des trilles qui manquèrent de variété. Madame Messiaen demeure toutefois une pianiste de haut rang, particulièrement impressionnante dans les mouvements finaux.
Globalement, la collaboration entre Eschenbach et l'Orchestre de Paris s'annonce de bonne augure. Et s'il est clair que beaucoup reste à faire, le nouveau chef apportera sans doute ordre et discipline à une formation parisienne qui en a encore grand besoin. Reste à savoir s'il saura aussi lui forger le son original qui lui fait également défaut
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Salle Pleyel, Paris Le 23/09/2000 Linda MURRAY |
| La Turangalila-Symphonie d'Olivier Messiaen par l'Orchestre de Paris avec son nouveau chef Christoph Eschenbach | Turangalila-Symphonie d'Olivier Messiaen
Orchestre de Paris
Direction : Christoph Eschenbach | |
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