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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert-lecture autour des variations Diabelli de Beethoven par Jean François Heisser et Michel Butor aux théâtre des Bouffes du Nord
Un concert "causes toujours
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Les concerts avec récitant sont en vogue. Samedi dernier, le Théâtre des Bouffes du Nord réunissait le pianiste Jean-François Heisser et l'écrivain Michel Butor sous l'enseigne des Variations Diabelli de Beethoven. Leur dialogue fut pour le moins déconcertant.
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Il y a trente ans, Michel Butor a écrit un texte essayant de décortiquer les Diabelli, en fait une série d'élucubrations pas plus littéraires que musicologiques qui partent du contexte historique de la composition jusqu'à d'incertaines correspondances astrologico-astronomiques. Au concert, cela se traduisit par d'interminables interventions lues d'un ton monocorde par leur auteur, le tout en guise de prélude à chaque variation interprétées par J.-F. Heisser. Un dialogue bien inégal puisqu'il faut endurer dix minutes de Butor pour deux ou trois de Beethoven. Verdict du chronomètre : la causerie chichement entrelardée de piano s'étire sur deux heures, un temps pendant lequel beaucoup ont préféré aller en débattre avec Morphée.
Il est 23 heures et un deuxième concert va commencer : l'intégralité des 33 variations cette fois allégées de la glose butorienne. Les rangs du public sont clairsemés mais il y a aussi des têtes nouvelles qui, bien informées, ont préféré éviter le pensum du concert-lecture ; on reconnaît notamment la pianiste Marie Josèphe Jude.
Libéré de son encombrant acolyte mais peut-être aussi un peu entamé par l'épreuve précédente, J.-F. Heisser joue plus vite. Ce sont dans les pièces de caractère radicalement opposé qu'il s'est montré le meilleur. Avec une profondeur de son et une tenue certes un peu lourde du clavier, il obtient dans les variations fuguées une expressivité empreinte d'une sérénité mystérieuse, où le solennel peut confiner à l'austérité dans le souple récitatif vocal de la 31e variation. La netteté de son attaque – position ramassée de la main qui va rarement au fond du clavier – sied alors à merveille dans les variations de caractère allegro, vivace : staccato, rythmes pointés et scandés, progressions et contrastes dynamiques sont traduits avec verve et impétuosité.
Ailleurs, il paraît confondre timbre et intensité sonore : main gauche trop pesante, phrasés mélodiques de la main droite insuffisamment soutenus, un toucher et une sonorité compacts, et des registres qui sont comme fondus dans une masse épaisse. On aimerait que les notes se distillent davantage dans le legato mélodique plein de persuasion des Variations 3 et 7, ou dans le flottement éthéré de la 14è ; et au lieu d'évoluer dans le murmure sonore, ses basses sont appuyées avec insistance. Curieusement, ce sont autant d'erreurs qu'il avait évité en première partie, mais il jouait alors avec partition et non de mémoire. A-t-il voulu donner raison à Sviatoslav Richter qui honnissait le "par coeur" ou était-il seulement pressé d'en finir ? Quoiqu'il en soit, on retrouvera intactes les qualités de sa première exécution des Diabelli dans le disque qui vient de paraître chez Naïve.
Visiter le site de Jean-François Heisser
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Théâtre des Bouffes du Nord, Paris Le 23/09/2000 Pauline GARAUDE |
| Concert-lecture autour des variations Diabelli de Beethoven par Jean François Heisser et Michel Butor aux théâtre des Bouffes du Nord | Les Variations Diabelli de Ludwig van Beethoven.
Jean-François Heisser, piano
Michel Butor, récitant
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