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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Ouverture du festival de Saint-Denis 2015 avec le Paradis et la Péri de Schumann par l’Orchestre national de France sous la direction de Jérémie Rhorer.
Saint-Denis 2015 (1) :
Pas tout Ă fait le Paradis
Encore en proie à de vives critiques sur son existence, l’Orchestre national de France a prouvé une fois de plus en ouverture du Festival de Saint-Denis 2015 sa qualité et sa légitimité, tandis que la direction appliquée de Jérémie Rhorer et une distribution solide contribuaient à porter le premier oratorio de Robert Schumann.
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Tiré de quatre poèmes de Thomas Moore, l’oratorio en trois parties Das Paradies und die Peri, sur l’histoire d’une héroïne privée de Ciel parce qu’elle n’est pas totalement humaine, est l’un des ouvrages les plus imposants de Robert Schumann. Sa composition achevée en 1843 mélange un style personnel à de nombreuses inspirations de contemporains et maîtres du compositeur.
Jérémie Rhorer soutient la pièce dans les premiers numéros par une attention constante envers l’Orchestre national de France. Si sa direction permet d’éclairer la partition et lui donne une couleur idéale dans les passages mendelssohniens (n° 11), elle s’essouffle lorsqu’il s’agit de développer les passages schubertiens (n° 14), ou lyriques (n° 15). On commence à percevoir dès après une baisse de rythme, jamais vraiment ravivée dans la troisième partie, malgré de superbes sonorités émanant d’un ensemble bien supérieur aux phalanges de Birmingham ou Philadelphie entendues la semaine précédente au TCE, surtout dans les bois.
Le Chœur de Radio France, comme l’an passé dans Elias, prouve sa maîtrise à porter de longues partitions sans jamais faillir, même si certains chanteurs n’ont pas complètement la langue allemande sur les lèvres. La même remarque peut être portée sur les solistes, dont la prononciation ne dérange pas le public français venu nombreux dans la basilique royale, mais ne permet pas de saisir le long texte non surtitré.
C’est le jeune baryton français au nom anglo-saxon Edwin Crossley-Mercer qui s’en sort le mieux dans le phrasé et demeure le seul réellement compréhensible, tandis que le Narrateur de Frédéric Antoun doit parfois se battre avec les fins de phrase, en plus d’user d’une diction pâteuse venant ternir une prestation pourtant enthousiasmante, plus tournée vers l’opéra que vers l’oratorio.
L’autre ténor, Ben Jihnson, convainc nettement moins malgré une prestation plus courte. Il faudra alors se tourner vers les femmes, à commencer par Karine Deshayes, étonnamment à l’aise à l’aigu, presque plus que la soprano Marta Boberska, qui tient le rôle de la Jeune Fille. La Péri nous fait découvrir le beau timbre de la soprano norvégienne Marita Solberg, dont la projection claire est seulement bloquée dans les suraigus. Elle tient pendant près d’une heure quarante avec brillance et clarté le rôle-titre de l’ouvrage romantique.
Sans nous transporter au Paradis, ce premier concert ouvre sous de bons auspices le festival de Saint-Denis qui se tiendra tout le mois de juin et se clôturera avec le même orchestre par un très prometteur Requiem allemand de Brahms le 2 juillet.
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Basilique, Saint-Denis Le 04/06/2015 Vincent GUILLEMIN |
| Ouverture du festival de Saint-Denis 2015 avec le Paradis et la Péri de Schumann par l’Orchestre national de France sous la direction de Jérémie Rhorer. | Robert Schumann (1810-1856)
Das Paradies und die Peri, oratorio pour solistes, chœur et orchestre op. 50
Marita Solberg (La PĂ©ri)
Marta Boberska (la Jeune Fille)
Karine Deshayes (l’Ange)
Frédéric Antoun (le Narrateur)
Ben Jihnson (le Jeune Homme)
Edwin Crossley-Mercer (l’Homme)
Orchestre national de France
Chœur de Radio France
préparation : Michael Alber
Orchestre national de France
direction : Jérémie Rhorer | |
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