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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Programme de musique américaine par l’Orchestre national d’Île-de-France sous la direction d’Enrique Mazzola au festival de Saint-Denis 2015.
Saint-Denis 2015 (2) :
Après Glass tout passe
Dans la continuité du festival Présences 2015, le Festival de Saint-Denis propose un programme entièrement consacré aux compositeurs américains, débutant par une pièce de Philip Glass pour finir par la Première Symphonie de Bernstein, sous les mains expertes du chef Enrique Mazzola, à la tête d’un ONDIF aux superbes timbres.
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Passons rapidement sur la création française de The Canyon de Philip Glass, tant il semble être dépassé de composer une telle œuvre plus de quatre-vingts ans après le Boléro de Ravel. Cette pièce répétitive, sans imagination dans les thèmes de cordes et soutenue par une caisse claire, nous donne la fausse joie de finir à la douzième minute avant de reprendre pour encore presque huit. On ne peut qu’y regretter l’absence d’image ou d’un film projetés pour nous occuper en arrière-plan.
Prometteur, le Concerto pour alto du jeune Nico Muhly, co-commandé par le festival, est empreint de sonorités assez proches de celles d’Arvo Pärt et d’une lancinance inspirée des compositeurs minimalistes. Au moins montre-t-il plus d’inventivité mélodique et rythmique, en plus de donner à la soliste Nadia Sirota une partition empreinte de rêverie. Comme dans la première œuvre, l’Orchestre national d’Île-de-France se démarque par de superbes timbres et une absence d’écarts permettant de maintenir un univers onirique, en cela aidé par la direction précise et fluide de son directeur musical, Enrique Mazzola.
Continuité de style et d’atmosphère avec le Lachrimae de Bryce Dessner, pendant lequel le temps paraît suspendu aux cellules musicales alternant d’un groupe d’instruments à l’autre, là encore dans une impeccable gestion des équilibres par le chef, et une superbe mise en avant des cordes, bien que ces dernières manquent parfois légèrement de poids.
Enfin, la Symphonie n° 1 « Jeremiah » de Leonard Bernstein clôt le concert en nous ramenant soixante-treize ans en arrière, en 1942, alors que la Seconde Guerre mondiale fait rage. La simplicité musicale qui sied à l’œuvre ne pourra convaincre tout le monde, mais possède un caractère épique non déplaisant, renforcé dans le troisième mouvement par la luxueuse présence de Michelle DeYoung, qui porte avec douceur et religiosité les extraits en hébreu des Lamentations de Jérémie.
Mazzola y propose d’abord un Largamente, Prophecy évanescent où l’on remarque déjà la petite harmonie, puis un Vivace, Profanation dynamique sans dureté, avant d’accompagner délicatement la mezzo-soprano américaine dans le dernier mouvement, alors que cette fois les cors nets et surtout la première flûte ressortent de l’ensemble.
Sans entracte, ce concert de près d’une heure et demie aura permis une belle synthèse des musiques américaines minimalistes et post-minimalistes actuelles, en plus de proposer la rare Première Symphonie de Bernstein. Ces œuvres ne subsisteront sans doute pas toutes dans l’avenir, mais elles auront été proposées avec une qualité musicale impressionnante.
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Basilique, Saint-Denis Le 10/06/2015 Vincent GUILLEMIN |
| Programme de musique américaine par l’Orchestre national d’Île-de-France sous la direction d’Enrique Mazzola au festival de Saint-Denis 2015. | Philip Glass (*1937)
The Canyon
Création française
Nico Muhly (*1981)
Concerto pour alto
Création Française
Nadia Sirota, alto
Bryce Dessner (*1976)
Lachrimae
Création française
Leonard Bernstein
Symphonie n° 1 « Jeremiah »
Michelle DeYoung, mezzo-soprano
Orchestre national d’Île-de-France
direction : Enrique Mazzola | |
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