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CRITIQUES DE CONCERTS 21 décembre 2024

Reprise d’Alceste de Gluck dans la mise en scène d’Olivier Py, sous la direction de Marc Minkowski à l’Opéra de Paris.

La force du dessin
© Agathe Poupeney

La reprise au Palais Garnier de cette Alceste d'Olivier Py avec dessinateurs obligés ne convainc pas outre mesure, sauf à s'attarder sur la performance remarquable de Stanislas de Barbeyrac, étoile montante du chant français. Marc Minkowski ne donne pas la pleine mesure d'un chef d'œuvre souvent cité et trop peu joué.
 

Palais Garnier, Paris
Le 18/06/2015
David VERDIER
 



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  • Cette reprise d'Alceste rappelle l'intĂ©rĂŞt d'Olivier Py pour la question du spirituel et de la mort. Avec la thĂ©matique du funèbre comme basse continue, son approche fait Ă©merger l'Ă©quivalent théâtral d'une vanitĂ© faite de gestes et de symboles très caractĂ©ristiques de son travail. Certes, on pourra toujours objecter qu'Alceste n'a pas l'Ă©lĂ©gance d'une construction narrative d'un OrphĂ©e ou d'une Armide. Le drame qui se joue ici demeure sagement circonscrit par une imagerie mentale Ă  la Louis David, avec toges, regards courroucĂ©s, imprĂ©cations pilastres et fronton nĂ©o-classique.

    D'un certain cĂ´tĂ©, la mise en scène d'Olivier Py joue avec cet horizon d'attente en remplaçant le dĂ©cor, au sens traditionnel du terme, par d'immenses tableaux sur lesquels des dessinateurs tracent Ă  la craie un flux continu de lignes et de perspectives. Sur ce carnet d'esquisses de grande dimension apparaissent successivement la façade de l'OpĂ©ra Garnier ainsi qu'une sĂ©rie de figures ornementales et dĂ©cors architecturaux. Le corollaire de cette dĂ©bauche d'images est d'Ă©loigner le spectateur et le plonger dans l'admiration de ce monde parallèle sans s'attarder Ă  une scĂ©nographie somme toute banale, ponctuĂ©e de phrases Ă  la philosophie elliptique : « Seule la musique sauve Â» ou bien « La mort n'existe pas Â».

    Ce mélange de sacré et de profane célèbre en la citant littéralement l'anankè platonicienne, ici abordée par le versant de fatalité romantique. La présence d'une iconographie mêlant crânes et divinités se prolonge au III par le lancinant cortège des choristes masqués qui émergent de la fosse. L'orchestre des Musiciens du Louvre est placé sur scène, ce qui contraint chœur et solistes à chanter dans le dos d'un Marc Minkowski par ailleurs très désinvolte sur l'articulation des effets recherchés avec des capacités forcément limitées par cette disposition peu commode. Engoncé dans une redingote hors d'âge, il dessine de son interminable baguette des gestes volubiles ainsi qu'une pyrotechnie assez prévisible.

    Le remplacement de Sophie Koch par Véronique Gens ne résout pas le délicat problème de la ligne grave pour des voix qui, de toute évidence, ne se font pas suffisamment tragédiennes et en un sens diseuses pour surmonter ces difficultés. En ce soir de première, la prestation reste correcte mais avec une fatigue audible qui trahit les redoutables changements de registre et la question du souffle.

    Stanislas de Barbeyrac (déjà présent dans le coryphée il y a trois ans) confirme dans Admète qu'il est l'une des plus belles voix actuelles, à la fois souple et superbement projetée. L'absence de diction à strictement parler baroque n'est pas un handicap. Les moyens sont là, sans aucun escamotage ni dissimulation. Stéphane Degout alterne entre sémillant séminariste (Grand prêtre d'Apollon) et prestidigitateur (Hercule), plus efficace par le jeu que par la capacité à négocier une partition souvent trop exigeante pour sa voix. Le Coryphée est dominé par la captivante Chiara Skerath et le ténébreux Tomislav Lavoie, tandis que François Lis campe un oracle d'une mâle assurance.




    Palais Garnier, Paris
    Le 18/06/2015
    David VERDIER

    Reprise d’Alceste de Gluck dans la mise en scène d’Olivier Py, sous la direction de Marc Minkowski à l’Opéra de Paris.
    Christoph Willibald Gluck (1714-1787)
    Alceste, tragédie lyrique en trois actes (1776)
    Livret de Ranieri de’ Calzabigi, version française sur les paroles de Marie François Louis Gand Le Blanc du Roullet

    Chœur et orchestre des Musiciens du Louvre Grenoble
    direction : Marc Minkowski
    mise en scène : Olivier Py
    décors et costumes : Pierre-André Weitz
    Ă©clairages : Bertrand Killy

    Avec :
    Véronique Gens (Alceste), Stalinslas de Barbeyrac (Admète), Stéphane Degout (le Grand Prêtre d’Apollon / Hercule), Kévin Amiel (Evandre / Coryphée ténor), Chiara Skerath (Coryphée soprano), Tomislav Lavoie (Apollon / Un Héraut / Coryphée basse), François Lis (Une Divinité Infernale / l’Oracle), Manuel Nunes Camelino (Coryphée alto).

     


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