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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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CrĂ©ation europĂ©enne en version scĂ©nique de Svadba d’Ana Sokolović dans une mise en scène de Ted Huffman et Zack Winokur et sous la direction de Dáirine NĂ Mheadhra au festival d’Aix-en-Provence 2015.
Aix 2015 (3) :
Ă€ l'ombre des jeunes filles en fleurs
Succès public pour Svadba de la compositrice serbe Ana Sokolović, donnĂ© au Théâtre du Jeu de Paume dans le cadre du festival d’Aix-en-Provence 2015. Cet opĂ©ra de poche contraste avec les grandes productions lyriques du festival mais sait imposer un style et une sĂ©duction Ă un public venu en curieux et ressorti comblĂ©.
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Théâtre du Jeu de Paume, Aix-en-Provence
Le 11/07/2015
David VERDIER
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Svadba fait partie, avec le Monstre du labyrinthe et Be with me now, des trois petites productions de cette Ă©dition 2015 du festival d'Aix-en-Provence. ComposĂ© par la Serbe Ana Sokolović, cet opĂ©ra de poche joue habilement sur les recettes d'un indĂ©niable succès public. En une petite heure, cette musique crayonne une esthĂ©tique faite de petits riens qui parviennent pourtant Ă imposer leur charme discret.
Avec un titre en forme de clin d'œil adressé à Noces de Stravinski, ce Svadba (Mariage) est écrit pour six voix féminines a cappella. Créé en 2011 à Toronto, et en version scénique en 2013 à Philadelphie, l'ouvrage est ici donné en création européenne dans la mise en scène de Ted Huffman et Zack Winokur.
La trame est d'une minceur exemplaire : une jeune fille, Milica, s'apprête à célébrer son mariage. Autour d'elle, c'est un essaim-coryphée de cinq amies qui tantôt se moquent, dansent, se réjouissent, tantôt la coiffent, la caressent ou la font danser. Entre rires et larmes, c'est la fraîcheur d'une ronde printanière qui se laisse voir et apprécier sans efforts aucun. Un vent léger souffle sur ces six êtres chantants et vient murmurer à nos oreilles un folklore de bon aloi, interrompu par des rires sonores.
La scène du Théâtre du Jeu de Paume n'offre pour décor qu'un modeste paravent à l'arrière et quelques chaises, ce qui dégage tout l'espace à l'avant pour ces plaisantes et ingénues chorégraphies. La présence discrète de la chef de chœur Dáirine Nà Mheadhra dans la fosse assure au plus près des interprètes la conduite harmonique et les départs souvent périlleux.
Le langage musical d'Ana Sokolović est fait d'un matĂ©riau volontairement hĂ©tĂ©roclite, façon objets trouvĂ©s, d'inspiration faussement folklorisante avec la sonoritĂ© des mots comme moteur. On pense Ă des improvisations assez libres, formes de poĂ©sies sonores et inventions lettristes Ă la manière d'Isidore Isou. Les Ă©changes fusent au rythme des corps ployĂ©s et dansants avec, parfois, une ombre triste et fugace qui passe sur les visages et les mots.
Entre rite de passage et cérémonie initiatique, cette esquisse d'opéra est magnifiée par six voix que l'on aimerait entendre séparément pour juger de leurs qualités intrinsèques. La modeste dimension du projet n'enlève rien à son séduisant parfum. On pourra regretter qu'il serve de caution à une programmation contemporaine sans risques ni aspérités.
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