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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Reprise de Platée de Rameau dans la mise en scène de Laurent Pelly et sous la direction de Marc Minkowski à l’Opéra de Paris.
C'est la fĂŞte Ă la grenouille
Retour à Garnier de la célèbre diva batracienne. Marc Minkowski ne renouvelle pas son approche et ceux qui venaient pour les surprises repartiront avec des regrets. L'intérêt de cette quatrième reprise est à chercher du côté des voix ; parmi les nouveaux venus, la Folie de Julie Fuchs et le Momus de Florian Sempey se partagent des lauriers mérités.
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On le savait déjà , Laurent Pelly est un touche-à -tout de l’art lyrique et tout ce qu’il touche se transforme en sourire. Cette quatrième reprise de Platée n’apporte rien de neuf à ceux qui suivent régulièrement son travail ; les néophytes en seront pour leurs frais, tant l’obsolescence de certains tics scénographiques apparaît désormais comme une évidence.
Il n'est pas certain que le spectateur de 2015 puisse se satisfaire d'une comédie lyrique et ballet bouffon où le style tient davantage de Jean-Paul Goude que de Jacques Autreau, revu et corrigé par Adrien-Joseph Le Valois d'Orville. Mythologie du dérisoire et de l'humour Grand Siècle, Platée fut créée à l'occasion du mariage du Dauphin avec l'Infante d'Espagne le 31 mars 1745. Ce que l'histoire ne dit pas, c'est que la jeune mariée était d'une beauté un peu fanée et qu'il est facile d'imaginer qu'elle fut l'objet de toutes les railleries quand le rideau se leva sur cette vieille nymphe, de surcroît jouée par un homme.
Cette parodie burlesque jeta un éclairage inédit sur les us et coutumes de l'opéra français, au point de faire paraître poussiéreux son traditionnel refus de la confusion des genres. Le comique du livret affleure naturellement au moindre déplacement d'accent, à la moindre situation ambiguë… Est-ce un prétexte suffisant pour grossir systématiquement le trait à la moindre occasion ? Ce traitement fait disparaître une large partie des arrière-plans psychologiques, et notamment l'expression de la sensibilité et de la souffrance du personnage principal. C'est d'autant plus dommageable que le curseur entre ironie et humour-charge est réglé avec une infinie minutie par la partition de Rameau.
Le prologue est sans doute le meilleur moment de la soirée, par la perfection des déplacements et le dérèglement progressif qui s'empare des choristes jusqu'à les faire se déplacer comme une curieuse ménagerie anthropomorphe. Sur la durée, l'abus de chorégraphie est nuisible à l'équilibre des nombreux divertissements, pas toujours indispensables. La célèbre irruption de la Folie pâtit des ridicules contorsions imposées aux danseurs par Laura Scozzi.
La pétillante Julie Fuchs puise dans une large palette de mimiques et de gestes pour camper son improbable personnage. La ligne est très musicale et d'une souplesse quasi féline. Les ornementations sont calquées sur l'interprétation de Mireille Delunsch – illustre modèle, mais il reste sans doute d'autres pistes moins corsetées à explorer. Le Jupiter de François Lis apprivoise avec grâce l'humour caustique et ravageur de son personnage, bien secondé dans sa tâche par le délirant Momus de Florian Sempey.
Alexandre Duhamel met de la bonhomie dans son Cithéron, moins Monsieur Loyal qu'à l'habitude et la projection assez mate dans le II. Mercure au costume d'argent, Julien Behr domine son sujet et ses accents. Seul bémol, la Platée de Philippe Talbot n'efface pas des tablettes l'interprétation de Jean-Paul Fouchécourt ou Marcel Beekman à Favart. L'expression assez monocorde ne se conforme pas aux inflexions sans cesse changeantes de la diva batracienne.
Fin connaisseur de la partition, Marc Minkowski réussit à faire oublier qu'il en fut l'un des plus fervents redécouvreurs. Cette reprise le montre sous un jour assez négligent – nuances en berne et relances bien tièdes. Les Musiciens du Louvre Grenoble se couvrent de gloire, les accents redoutablement justes et affûtés… petite harmonie en tête.
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Palais Garnier, Paris Le 12/09/2015 David VERDIER |
| Reprise de Platée de Rameau dans la mise en scène de Laurent Pelly et sous la direction de Marc Minkowski à l’Opéra de Paris. | Jean-Philippe Rameau (1683-1764)
Platée, ballet bouffon en un prologue et trois actes (1745)
Livret d'Adrien-Joseph Le Valois d'Orville, d'après la pièce de Jacques Autreau
Chœurs et Musiciens du Louvre-Grenoble
direction : Marc Minkowski
mise en scène et costumes : Laurent Pelly
décors : Chantal Thomas
chorégraphie : Laura Scozzi
éclairages : Joël Adam
Avec :
Julie Fuchs (Thalie / la Folie), Aurélia Legay (Junon), Armelle Khourdoïan (L'Amour / Clarine), Philippe Talbot (Platée), Julien Behr (Mercure), François Lis (Jupiter), Alexandre Duhamel (Cithéron / un Satyre), Florian Sempey (Momus), Frédéric Antoun (Thespis). | |
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