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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert de l’Orchestre philharmonique de Radio France sous la direction de Mikko Franck, avec la participation de la violoniste Vilde Frang, du ténor Christian Elsner et de la mezzo-soprano Alisa Kolosova à la Philharmonie de Paris.
Chant du Nord
Pour sa deuxième apparition en tant que directeur musical de l’Orchestre philharmonique de Radio France, Mikko Franck signe un concert magistral dans lequel on découvre la jeune violoniste Vilde Frang, avant d’assister à l’exécution passionnante de Das Lied von der Erde de Gustav Mahler, où l’homme est ramené à la nature.
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Associer Korngold et Mahler pourra étonner lorsqu’on ne connaît le premier que par ses concertos ou sa musique de film. Popularisé grâce à Hollywood suite à son exil en 1936, Erich Wolfgang Korngold souffre depuis d’une image de compositeur de bandes originales et d’un manque de crédibilité en tant que compositeur de musique sérieuse, malgré l’intelligence de ses opéras et le fait qu’à neuf ans déjà , il jouait l’une de ses premières pièces devant un Gustav Mahler admiratif.
Aujourd’hui, son œuvre peine à réapparaître au concert comme à l’opéra, même si Die tote Stadt est à nouveau monté régulièrement et le Concerto pour violon assez fréquemment donné, enregistré par Itzhak Perlman d’abord puis Gil Shaham, dont on garde comme référence la prestation de 2014 à la salle Pleyel, avec l’Orchestre de Paris et James Gaffigan. En comparaison, la jeune Norvégienne Vilde Frang montre une maîtrise superbe de son Jean-Baptiste Villaume 1864, même si du haut de ses vingt-neuf ans, la corde sensible ressemble plus à un vibrato technique trop prononcé qu’à un véritable battement du cœur.
Ainsi ne sommes nous pas totalement convaincu de son premier mouvement, surtout dans le thème d’amour repris par le compositeur de la partition pour le film Juarez, écrite en 1939. En revanche, en amenant l’orchestre vers le froid nordique, Mikko Franck trouve un lien inédit totalement convaincant entre l’ouvrage et le concerto de Sibelius. La Romance confondante de simplicité et le Presto parfait de dynamisme achèvent impeccablement l’exécution, portée par un orchestre irréprochable. En bis, le thème norvégien de quelques minutes proposé par la soliste ravit sans passionner, même s’il semble mieux s’accorder qu’une pièce de Bach au programme joué auparavant.
Au retour d’entracte, l’orchestre s’est renforcé et massifié, armé pour l’une des œuvres les plus géniales du répertoire : Das Lied von der Erde de Gustav Mahler, proposé dans la traditionnelle version pour ténor, mezzo-soprano et orchestre. Aux premiers accords, l’approche du chef finlandais se montre classique, étonnamment proche des références enregistrées il y a plusieurs décennies, à la clarté de certains pupitres près. Christian Elsner se fond dans cette lecture, usant d’un timbre nasal mais d’une diction et d’une émission excellente, à condition d’être devant lui et au parterre de la Philharmonie.
La fin de la chanson à boire (Das Trinklied von Jammer der Erde) fait état d’un léger manque de souffle mais nous laisse déjà déguster les magnifiques éléments solistes de l’orchestre, dont le premier violon Svetlin Roussev. Dès l’introduction du Solitaire en Automne la puissance et la qualité du hautbois d’Hélène Devilleneuve nous transporte dans un autre monde, tout de suite accompagné par la flûte, la clarinette et le hautbois.
La jeune mezzo Alisa Kolosova, d’une clarté d’émission et d’une pureté de voix rare, devra maintenant travailler sur les consonnes et le texte allemand pour devenir l’une des plus grandes interprètes du Chant de la terre. Son timbre correspond à un autre aspect de la direction du chef finlandais, lorsque celui-ci ramène l’œuvre vers la nature, tout particulièrement dans le cinquième mouvement, où il fait le lien avec les sonorités que l’on entendait déjà dans le Comodo, Scherzando de la Troisième Symphonie de Mahler.
À peine pourra-t-on reprocher une mise en valeur trop brillante de certaines percussions (le triangle notamment), que déjà les accords des contrebasses nous portent vers l’Adieu. Plus tendre que triste, ce dernier lied abordé avec une nostalgie joyeuse trouve ici dans le plaisir de vivre et d’avoir vécu un aboutissement supérieur à la mort, transcendé dans la coda pour l’éternité, jusqu’à la dernière note.
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Philharmonie, Paris Le 25/09/2015 Vincent GUILLEMIN |
| Concert de l’Orchestre philharmonique de Radio France sous la direction de Mikko Franck, avec la participation de la violoniste Vilde Frang, du ténor Christian Elsner et de la mezzo-soprano Alisa Kolosova à la Philharmonie de Paris. | Erich Wolfgang Korngold (1897-1957)
Concerto pour violon et orchestre en ré majeur op. 35
Vilde Frang, violon
Gustav Mahler (1860-1911)
Das Lied von der Erde
Christian Elsner, ténor
Alisa Kolosova, mezzo-soprano
Orchestre philharmonique de Radio France
direction : Mikko Franck | |
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