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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert du Chœur et de l’Orchestre de Paris sous la direction de Jesús López Cobos, à la Philharmonie de Paris.
Passions latines
À soixante-quinze ans, l’Espagnol Jesús López Cobos dirige pour la seconde fois l’Orchestre de Paris dans un magnifique programme constitué de la Symphonie n° 49, dite la Passione, de Haydn, et du Stabat Mater de Rossini, qu’on gardera longtemps comme exemplaire, tant dans ses parties belcantistes que dans celles plus liturgiques.
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Bien qu’il ait été directeur musical neuf années de la Deutsche Oper de Berlin et qu’il dirige avec brio de nombreux orchestres dans le monde depuis plus de quarante ans, Jesús López Cobos fait partie des grands chefs peu médiatiques assez méconnus du grand public, malgré ses qualités incontestables et sa lecture toujours intelligente des ouvrages proposés.
La Symphonie n° 49 de Haydn, probablement écrite en 1768 pour le Vendredi Saint par un compositeur au service du prince Paul Esterházy depuis sept ans, est interprétée par le chef espagnol sous un angle baroque, où l’orchestre ne comporte qu’une trentaine de musiciens, limités à trois violoncelles et trois contrebasses. Sans accentuer cette approche au point d’y ajouter un clavecin, comme l’avait fait notamment Sir Neville Marriner, celle-ci conduit à des sonorités latines laissant profiter à merveille de chaque mesure et chaque pupitre, à commencer par le premier violon de Roland Daugareil.
Configurée dans une forme lent-vif-lent-vif, la symphonie sous-titrée plus tard la Passione se rattache bien plus à une passion religieuse que romantique, même si l’Adagio transpire déjà les tourments des sonates pour pianos beethovéniennes. Chaque thème ressort avec une grande finesse sans qu’aucun instrument ne prenne l’ascendant sur l’autre ou qu’aucune corde ne crée ni son rêche ni attaque trop marquée, laissant légèrement en retrait le Menuet pour donner toute sa portée au Finale.
Dans le Stabat Mater de Rossini, la configuration orchestrale devient pléthorique ; il y a maintenant autant de violons qu’il y avait d’instrumentistes en première partie et le chœur représente un effectif de plus de cent cinquante. Pourtant, jamais le volume sonore n’est élevé à l’excès ni l’interprétation ne cherche à s’aventurer dans les travers du Requiem de Verdi, auquel on peut pourtant trouver des similitudes dans le Stabat Mater dolorosa introductif.
Dès les premiers instants et jusqu’aux dernières notes du In sempiterna saecula final, le chœur préparé par Lionel Sow montre une qualité et une mise en place irréprochables, dont on profitera totalement dans les deux parties a cappella, tout particulièrement l’Eja Mater, où il répond à la basse italienne de grande classe de Michele Pertusi.
Le premier duo laisse découvrir la belle voix de la soprano Joyce El-Khoury, dont la couleur et la vigueur ne sont altérées que dans l’Inflammatus, lorsqu’une légère fatigue se fait sentir. La mezzo Varduhi Abrahamyan lui répond superbement et réussit parfaitement sa cavatine, laissant juste regretter qu’elle ne ressorte pas plus des ensembles, à l’inverse du ténor Paolo Fanale, qui se détache des quatuors mais ne convainc qu’à moitié par un manque de projection et des aigus trop serrés dans l’air de bravoure Cujus animam gementem.
Giulini avait dirigé l’œuvre en 1978 à Paris avec le même orchestre, le même chœur et un quatuor de solistes porté par Mirella Freni. Pourtant, on ne peut regretter le passé après ce concert, tant on a profité d’une interprétation magnifique, alliant avec brio bel canto et liturgie.
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Philharmonie, Paris Le 01/10/2015 Vincent GUILLEMIN |
| Concert du Chœur et de l’Orchestre de Paris sous la direction de Jesús López Cobos, à la Philharmonie de Paris. | Joseph Haydn (1732-1809)
Symphonie n° 49 en fa mineur « La Passione »
Gioachino Rossini (1792-1868)
Stabat Mater
Joyce El-Khoury, soprano
Varduhi Abrahamyan, mezzo-soprano
Paolo Fanale, ténor
Michele Pertusi, basse
Chœur de l’Orchestre de Paris
préparation : Lionel Sow
Orchestre de Paris
direction : JesĂşs LĂłpez Cobos | |
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