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CRITIQUES DE CONCERTS |
30 octobre 2024 |
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La Belle Hélène de Jacques Offenbach au théâtre du Châtelet.
Hélène choit dans le potache
Felicity Lott dans la Belle Hélène avec Yann Beuron
Après Orphée aux Enfers, après Platée, le tandem Laurent Pelly/Marc Minkowski se forme à nouveau pour La Belle Hélène. Mais ici, la mise en scène de Pelly s'enlise dans les clichés et s'en tient à une illustration facile, sans point de vue. Heureusement, l'excellente distribution sauve la mise.
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Lorsque le rideau se lève sur un lit dans lequel Hélène est endormie près de son vieil époux, on peut croire que tout ce qui va suivre ne sera qu'un rêve. Fausse piste, l'idée n'aboutit nulle part. Pelly s'amuse, surcharge, plaque sur des événements tant des détails inutiles et encombrants : pourquoi ces moutons qui, pendant le duo du deuxième acte, se livrent à des pitreries qui détournent le spectateur de la musique ? Plus gênant : la scène du jeu de l'oie, sans doute périlleuse à régler, est coupée, alors que musicalement, elle contraste avec l'Invocation à Vénus qui la précède et le duo du rêve qui la suit, et que, psychologiquement, elle accentue la satire, en montrant les rois tricher sans vergogne. Quant à la soi-disant "version nouvelle" de la "dramaturge" Agathe Mélinand, elle se borne à avoir apporté au texte de Meilhac et Halévy quelques retouches qui puent à plein nez la plaisanterie de potache, et qui je l'avoue, m'ont paru d'une rare bêtise. Un exemple ? Le devin Calchas, présenté comme "la Tessier (1) d'Agamemnon" !
Malgré quelques jolis moments, la direction de Marc Minkowski déçoit : son orchestre joue presque toujours vite, et sonne invariablement fort , comme s'il n'avait pas pris la jauge de la salle. Le vrai délice vient de la distribution. Stéphanie d'Oustrac et Magali Léger (Léœna et Parthœnis) peuvent être aussi fières de leur plastique que de leur voix, Marie-Ange Todorovitch porte crânement le travesti d'Oreste, et le trio de ganaches Laurent Naouri (Agamemnon), Michel Sénéchal (Ménélas) et François Le Roux (Calchas) est tout simplement désopilant, et, ce qui ne gâte rien, bien chantant. En Yann Beuron, le Châtelet a trouvé le Pâris du moment : désinvolte, charmant, déployant à l'envi un timbre clair et sonore et une musicalité de mozartien. La prise du rôle d'Hélène par Felicity Lott confirme, si besoin était, l'intelligence d'une artiste sensible, probe, distinguée, dont l'humour typiquement britannique s'adapte merveilleusement à la farce grinçante imaginée par Offenbach et ses complices. Une telle équipe, on se réjouit de la retrouver au disque que publiera Virgin dans les mois qui viennent.
Lire aussi l'avis plus favorable de GĂ©rard Mannoni
(1) de son prénom Elizabeth, l'astrologue favorite –l'histoire ne dit pas encore dans quel ordre - de François Mitterand.
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Théatre du Châtelet, Paris Le 29/09/2000 Michel PAROUTY |
| La Belle Hélène de Jacques Offenbach au théâtre du Châtelet. | La Belle Hélène de Jacques Offenbach
Direction musicale : Marc Minkowski.
Mise en scène : Laurent Pelly.
Avec Felicity Lott (Hélène), Yann Beuron (Pâris), Michel Sénéchal (Ménélas), François Le Roux (Calchas), Laurent Naouri (Agamemnon), Stéphanie d'Oustrac (Léœna), Magali Léger (Parthœnis). | |
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