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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Les Vêpres de la Vierge de Monteverdi au Festival d'Ambronay
Un rêve méditerranéen d'Ambronay
Aux côtés de Savall ou d'Alessandrini, il faut compter avec Gabriel Garrido pour défendre une lecture "méditerranéenne" de Monteverdi. À Ambronay, Garrido a relevé le défi de monter les Vêpres de la Vierge avec une équipe de jeunes musiciens en formation à l'Académie créée par le Festival. Une gageure accomplie en 4 semaines.
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Arpenteur obstiné des chemins du Baroque sud-américain, Gabriel Garrido est en même temps viscéralement attaché à la cause monteverdienne dont il est aujourd'hui l'un des avocats majeurs à la scène. Certes, avec les Vêpres de la Vierge – qu'il a aussi à son répertoire – la musique change de décor, troquant l'opéra pour l'église, mais le combat du novateur Monteverdi reste le même. S'agissant d'un monument protéiforme, à la fois sanctuaire d'un ineffable mysticisme musical et laboratoire de recherches gorgé de théâtralité.
En tout cas, le Festival d'Ambronay semble avoir fait le bon choix en confiant au chef argentin la production de l'Académie baroque européenne qui revisitait cette année le recueil fameux de 1610. Un travail d'atelier où le pédagogue Garrido est à l'aise, associant l'art de la communication au savoir-faire. Avec in fine l'épreuve du concert public qui, ce 29 septembre, a fait vibrer sous les voûtes de l'abbatiale du XIIIe siècle l'opulente liturgie mariale.
Sans doute ne faut-il pas chercher ici la confrontation avec les formations les plus performantes de l'actuel réveil monteverdien ; à commencer par l'Ensemble Elyma avec qui Garrido a signé une version remarquée du Vespro (1 album K617100/2). Reste la ferveur de l'acte collectif avec un meneur de jeu qui a un rapport physique aux sons, aux affects, aux tempi. Au point de succomber par moments à la tentation de l'exotisme (hispano-américain) et de perdre de vue le projet de synthèse proposé par cette oeuvre unique où les motets pour voix solistes sont intercalés comme autant de signes de modernité (avec un regard appuyé vers l'Orient dans le Duo Seraphim) entre les psaumes polyphoniques. Il faut aussi noter un effectif surabondant (mais beaucoup de demandes d'élèves ont été refusées) dont l'effet de masse lisse l'invraisemblable complexité rythmique de l'oeuvre. Mais ces réserves comptent pour peu face à la force de l'engagement, aux voix comme aux instruments. Ivre de couleurs et de rythmes, cette production, fruit d'un vrai travail d'équipe, tourne en France tout au long de ce mois d'octobre (entre autres, le 12 à Paris, en l'église Saint-Roch). Avec ses choix et ses partis pris, elle donne à prier mais surtout à rêver. À ce titre, ces Vêpres s'écoutent avec le profit d'une virginité sonore et paradoxale sans cesse renouvelée.
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Festival d\'Ambronay, Le 29/09/2000 Roger TELLART |
| Les Vêpres de la Vierge de Monteverdi au Festival d'Ambronay | Vêpres de la Vierge de Claudio Monteverdi
Choeur, orchestre et solistes de l'Académie Européenne d'Ambronay
Direction : Gabriel Garrido | |
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