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CRITIQUES DE CONCERTS 31 octobre 2024

Gala Lully sous la direction de Leonardo García Alarcón à la Galerie des glaces du Château de Versailles.

Entre sacré et profane

À la mesure de l'événement, ce Gala Lully met les petits plats dans les grands pour former le véritable point final des célébrations du tricentenaire de la mort de Louis XIV. On se réjouit de la présence de Leonardo García Alarcón pour ce concert alternant musique de théâtre et répertoire sacré sous les ors de la Galerie des Glaces du Château de Versailles.
 

Galerie des Glaces, Versailles
Le 02/12/2015
David VERDIER
 



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  • L'exceptionnel Ă©crin architectural accueille pour l'occasion pas moins de trois formations : Le ChĹ“ur de chambre de Namur, le Millenium Orchestra et la Cappella Mediterranea. Le format très gĂ©nĂ©reux du minutage (plus de deux heures de concert) est rĂ©parti en deux volets distincts. En première partie, le Lully des tragĂ©dies lyriques et comĂ©dies-ballets ; en seconde, deux motets sacrĂ©s composĂ©s Ă  l'occasion des funĂ©railles de la reine Marie-ThĂ©rèse – que GarcĂ­a AlarcĂłn avait dirigĂ©s en juin dernier Ă  Saint-Denis avec un cast quasi-identique.

    Avec le trio Una stilla di speme, extrait de l'Ercole amante de Francesco Cavalli, on plonge dans cet univers italien que la Cour de France aura tôt fait d'agrémenter à son goût. Les tessitures attendries croisent leurs lignes aériennes pour hisser vers l'art décoratif un texte assez mince d'intérêt. Le Ballet royal de la raillerie met en scène assez comiquement les luttes d'influence que se livrent les deux écoles, dans une préfiguration de ce que deviendra par la suite la Querelle des bouffons.

    Plus contrastée dans le registre grave, la voix de Judith Van Wanroij offre une belle opposition de style à la ligne plus claire de Caroline Weynants. La Plainte italienne de Psyché bénéficie du timbre très sombre et très égal de la basse-taille João Fernandes, ainsi que des interventions du haute-contre Mathias Vidal à l'expression beaucoup plus assurée et virevoltante dans l'air de Mercure (Persée) et celui de Renaud (Armide).

    La rondeur de son et le geste très large de Leonardo García Alarcón invitent à entendre un Lully très éloigné des canons rythmiques d'une interprétation plus traditionnellement française. En témoignent le célébrissime menuet du Bourgeois gentilhomme, l'Ouverture et le Sommeil extraits d'Atys et le Rondeau de Cadmus et Hermione. Le désopilant Chœur des Trembleurs (Isis), rappelle tout ce que Purcell doit à Lully dans son Cold Air de King Arthur.

    Dans la seconde partie, les décors de théâtre cèdent au décorum et à la pompe des airs funèbres. Amputé de la traditionnelle Missa pro defunctis de Charles d’Helfer, donnée deux siècles durant lors des funérailles royales, le programme reprend le Dies irae et le De Profundis donnés à la basilique de Saint-Denis dans le programme La dernière nuit.

    Même s'il ne bénéficie pas dans la Galerie des glaces de la résonnance de la Chapelle Royale, le Dies irae libère des belles lignes entre énergie et affliction. Moins extravertie qu'en première partie, la direction de García Alarcón contourne la gravité du propos pour s'intéresser à la structure. Le choix d'interpréter la pompe funèbre d'Alceste juste avant le De profundis atténue le hiératisme convenu d'une cérémonie de funérailles.

    Mêlant effusion et expression, les larges tempi impressionnent. Dans les ultimes secondes, une jeune choriste s'évanouit, sans qu'on puisse mettre l'incident sur le compte de la chaleur ambiante ou l'extrême tension spirituelle… Un sourire du chef vient dédramatiser ce silence involontaire et la salle s'ébroue dans une joyeuse acclamation.




    Galerie des Glaces, Versailles
    Le 02/12/2015
    David VERDIER

    Gala Lully sous la direction de Leonardo García Alarcón à la Galerie des glaces du Château de Versailles.
    Cavalli, Lully
    Judith Van Wanroij
    Caroline Weynants
    Mathias Vidal
    Thibaut Lenaerts
    JoĂŁo Fernandes
    Chœur de chambre de Namur
    Millenium Orchestra
    Cappella Mediterranea
    direction : Leonardo GarcĂ­a AlarcĂłn

     


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