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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Nouvelle production de Norma de Bellini dans une mise en scène de Stéphane Braunschweig et sous la direction de Riccardo Frizza au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
Norma d’amore
Coproduite avec l’Opéra de Saint-Étienne et le Staatstheater Nürnberg, la nouvelle production de Norma de Stéphane Braunschweig suffit à porter un livret soutenu avec splendeur par les deux séductrices Maria Agresta et Sonia Ganassi. Sans être irréprochable, la direction de Riccardo Frizza soutient l’action grâce à un très bon Orchestre de chambre de Paris.
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Malgré une programmation pléthorique à l’Opéra de Paris, le Théâtre des Champs-Élysées garde une véritable légitimité à présenter de l’opéra en version scénique dans la capitale. Cette nouvelle production du chef-d’œuvre de Bellini le prouve encore une fois avec une salle pleine à ras bord et un triomphe pour les chanteuses, à commencer par la Norma de Maria Agresta.
Discrète, la chanteuse italienne tient pourtant les plus grands rôles dans les salles du monde entier. Plus soprano lyrico spinto que dramatique colorature, elle était déjà Norma en début d’année à Zurich puis Turin, et insuffle à ce rôle une émotion rare dès son arrivée sur scène, avec Sedivo voci.
Tout en finesse, Casta Diva transcende un public pourtant difficile aux balcons, comme on pourra l’entendre avec les huées contre le ténor et le chef aux saluts, bien que ce dernier ne démérite pas dans l’air si célèbre, magnifiquement soutenu par le flûtiste de l’Orchestre de chambre de Paris. Proche de la mort, l’héroïne achève de mettre le théâtre à genou dans sa dernière grande aria Deh ! Non volerli vittime.
Adalgisa de poids et rivale déjà maintes fois entendue dans le rôle, notamment dans cette même salle en 2013, Sonia Ganassi permet un premier duo d’une sensibilité à couper le souffle, largement surpassé par celui du II, encore meilleur ; cela reste bien supérieur à son échange avec le Pollione de Marco Berti, émaillé de faux départs et cassé par le timbre acide du ténor dans l’aigu. Le reste de la distribution plus qu’honorable laisse ressortir la charmante Clotilde de Sophie Van de Woestyne, fraîche et présente.
Bluffant dans les attaques et la langue italienne, le Chœur de Radio France préparé par Sofi Jeannin tient largement la comparaison face à celui de la Scala. L’Orchestre de chambre de Paris soutient la partition avec une mise en place impeccable et une sonorité agréable, surtout dans les bois. La direction de Riccardo Frizza ne dépasse malheureusement pas une approche de répertoire, dynamique mais souvent sans finesse, même s’il convainc à plusieurs reprises, comme à l’introduction du II.
Surtout décorative, la mise en scène de Stéphane Braunschweig – dont on vient d’apprendre la nomination à l’Odéon – ne surprend jamais et s’intègre en regard de ses travaux précédents. Son décor de murs gris pourrait avoir été fabriqué par Richard Peduzzi et la dramaturgie ne semble pas aboutie. Il égaye la froideur des murs par un petit bonzaï au devant de la scène, rejoint en fin d’ouvrage par le même arbre de grande taille en fond de scène, sorte de signature de l’artiste, comme dans sa production de Pelléas à l’Opéra Comique, où se côtoyait un petit et un grand phare.
Cela pourrait ne pas suffire si l’on cherchait à plus réfléchir, mais le propos de cet ouvrage belcantiste est bien ailleurs ce soir, dans l’émotion et le lyrisme des femmes.
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