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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Nouvelle production de la Traviata de Verdi dans une mise en scène de Vincent Boussard et sous la direction de Pier Giorgio Morandi à l’Opéra national du Rhin.
La Traviata au miroir
L'Opéra du Rhin met les petits plats dans les grands et offre à Patrizia Ciofi une Traviata sur mesure, avec une mise en scène jouant la carte des reflets et des réminiscences, sans pour autant bousculer les codes. Une fosse et un plateau de bonne tenue complètent une soirée à la gloire de la soprano italienne dans son rôle emblématique.
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Loin de bousculer les codes et les usages, cette Traviata de Vincent Boussard n'est pas cette dévoyée que l'on croise si souvent. Sa mise en scène s'apparente à un travail convenable et soigné mais qui ne révolutionne pas l'approche d'une œuvre très emblématique. On notera le rôle décisif des décors de Vincent Lemaire, avec cette scène de guingois qui avance un proscenium en pointe au-dessus de la fosse. Un fond aux beaux reflets abstraits sert d'écrin à l'ouverture, agrémentant la musique d'effets moirés et diffractés. Une petite fille en robe blanche joue avec ce rideau entre parure et voile de deuil – image funèbre et pressentiment de l'apparition fantomatique qui ponctuera l'ultime scène.
Plus contestable, la présence permanente d'un miroir déformant en fond de scène contraint à la présence d'images doubles et invariablement grossies ou étirées. On regrette de ne pas saisir davantage la progression d'une dégradation sociale et psychologique dans ce reflet présent d'un bout à l'autre. Coupé en biseau, on voit au-dessus toute une faune mondaine et bizarrement emperruquée courir de cour à jardin, ou bien ces bohémiennes tordant leurs bustes comme des fleurs avinées.
Impossible de rater la scène à la campagne, avec ce grand tableau naturaliste figurant un très emblématique trophée de chasse avec deux gibiers d'eau suspendus à un crochet. Cet amour naïf est interrompu par un Germont dans la plus pure tradition viscontienne, avec haut de forme et gants de cuir. Dans cette Traviata, tout commence et finit sur un piano, ultime accessoire bourgeois sur lequel les amants se réfugient comme sur un radeau (peu propice aux possibilités de jeu). Restent évidemment les somptueux costumes de Christian Lacroix, miroir aux alouettes dans lequel l'œil aime à se perdre mais sans fonction théâtrale propre, hormis l'impression d'assister à un défilé de mode en trois actes.
Le plateau est dominé par la présence incontournable de Patrizia Ciofi, propriétaire du rôle depuis plus de vingt ans sur toutes les scènes du monde. La soprano italienne connaît sa Violetta Valéry sur le bout des gants : les chausse-trappes, les passages les plus périlleux et toutes les clés qui permettent d'escamoter sans trop de risque les difficultés techniques. Ce soir, c'est assurément le I qui la trouve la plus en difficulté. Les crêtes du Gioir dans È strano sont redoutables ; même si elles n'occasionnent jamais de franche sortie de route, ces scènes l'exposent dangereusement et la contraignent à truquer de nombreuses notes de passage. Beaucoup plus assurée dans le II, elle réserve toutes ses forces pour une fin en apothéose.
Face à elle, Roberto de Biasio n'est pas le plus avenant ni le plus facile des Alfredo. Son Brindisi est bien fruste, avec trop peu d'éclat et de brillance pour pouvoir emporter l'adhésion. Aux abonnés absents côté spontanéité, sa présence en scène est réduite au minimum par une ligne assez monocorde. Étienne Dupuis est la belle surprise de cette soirée. Son Germont père se caractérise par l'autorité de la projection et le moelleux du timbre. Il impose sa présence sans chercher à surjouer des effets théâtraux par ailleurs peu commodes dans un rôle aussi bref que décisif. On notera les belles prestations de Lamia Beuque en Flora Bervoix et Jean-Gabriel Saint-Martin en d'Obigny, deux voix sonores et au timbre juvénile.
La direction de Pier Giorgio Morandi a tout de l'honnête suivi de partition, préférant jouer à fleur de notes certains passages périlleux. Plusieurs décalages émaillent les scènes de groupes et certaines interventions du chœur – péchés de première qu'un rodage ultérieur permettra de gommer.
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Opéra du Rhin, Strasbourg Le 11/12/2015 David VERDIER |
| Nouvelle production de la Traviata de Verdi dans une mise en scène de Vincent Boussard et sous la direction de Pier Giorgio Morandi à l’Opéra national du Rhin. | Giuseppe Verdi (1813-1901)
La Traviata, melodramma en trois actes (1853)
Livret de Francesco Maria Piave d’après la Dame aux camélias d’Alexandre Dumas fils
ChÅ“urs de l'Opéra national du Rhin
Orchestre philharmonique de Strasbourg
direction : Pier Giorgio Morandi
mise en scène : Vincent Boussard
décors : Vincent Lemaire
costumes : Christian Lacroix
éclairages : Guido Levi
chorégraphie : Helge Letonja
préparation des chœurs : Detlef Bratschke
Avec :
Patrizia Ciofi (Violetta), Roberto De Biasio (Alfredo), Étienne Dupuis (Germont), Lamia Beuque (Flora), Mark Van Arsdale (Gastone), Francis Dudziak (Douphol), Jean-Gabriel Saint-Martin (Marquis d’Obigny), René Schirrer (Docteur Grenvil), Dilan Ayata (Annina). | |
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