|
|
CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
|
Concert de l’Orchestre national de France sous la direction de James Conlon, avec la participation du pianiste Daniil Trifonov à la Maison de la Radio, Paris.
Un génie du piano
Si l’auditorium de la Maison de la Radio est presque complet ce jeudi 14 janvier, c’est sans doute moins pour profiter de la bonne prestation de James Conlon à la tête de l’ONF que pour entendre une fois de plus le jeune génie du piano Daniil Trifonov, ici dans un Concerto n° 2 de Prokofiev dont il est presque le seul à pouvoir garantir aussi facilement la célérité.
|
|
Bons baisers d’Eltsine
RĂ©gal ramiste
L'Étrange Noël de Mrs Cendrillon
[ Tous les concerts ]
|
1925, naissance de Pierre Boulez, et création de la pièce ovni Intégrales du compositeur Edgar Varèse, sous la direction de Leopold Stokowski, pour une formation de onze instruments à vent et percussions. Les musiciens de l’Orchestre national de France tiennent avec brio cette partition dans laquelle les trompettes ont toutefois quelques attaques baveuses et où le hautbois doit puiser dans ses forces pour venir à bout de sa partie. Les percussions convainquent totalement et semblent aussi à l’aise que si elles appartenaient à un ensemble contemporain. James Conlon s’applique à une battue rigoureuse et ne perd aucun instrumentiste pendant les quelques dix minutes de l’ouvrage.
Le Concerto pour piano n° 2 de Prokofiev montre un orchestre solide, qu’on n’entend pas toujours aussi bon selon les chefs invités. La lecture souple de Conlon, plutôt lyrique, ne cherche pas à démarquer les contours anguleux d’une œuvre remaniée à plusieurs reprises pour gagner en souplesse. L’Intermezzo ressort de cette approche dans laquelle Daniil Trifonov peut s’épancher à loisir sans jamais passer à côté de la moindre note, dans un jeu d’une pureté remarquable tant techniquement que musicalement.
L’Allegro tempestoso conclusif est un régal de tous les instants devant la facilité avec laquelle le génial pianiste de vingt-quatre ans dépasse toutes les difficultés. Donné en bis, le Prélude pour la main gauche op. 9 d’Alexandre Scriabine permet une dernière fois de profiter du pendant méditatif du jeune Russe, qui compose lui aussi dans cette veine pour le piano, comme on a pu l’entendre dans son dernier enregistrement pour Deutsche Grammophon.
La Huitième Symphonie de Dvořák devient sous la battue de Conlon un prĂ©alable Ă la Symphonie du Nouveau Monde, puisqu’il en fait ressortir des sons qui semblent dĂ©jĂ avoir dĂ©passĂ© l’Atlantique et l’Europe natale du compositeur tchèque. L’introduction, langoureuse et ample, laisse entendre un orchestre clair, particulièrement colorĂ© dans les bois, desquels on dĂ©marque les flĂ»tes. Les cordes manquent parfois d’épaisseur, notamment dans l’Allegro ma non troppo, mais on prend un vĂ©ritable plaisir lors d’un Allegro grazioso très enlevĂ©.
Invité pour la première fois par l’Orchestre national de France, on espère entendre souvent Daniil Trifonov et profiter de ce pianiste plusieurs fois par an, en plus de ses invitations régulières en soliste avec le second orchestre de Radio France.
| | |
|
Auditorium de la Maison de la Radio, Paris Le 14/01/2016 Vincent GUILLEMIN |
| Concert de l’Orchestre national de France sous la direction de James Conlon, avec la participation du pianiste Daniil Trifonov à la Maison de la Radio, Paris. | Edgar Varèse (1883-1965)
Intégrales, pour 11 vents et percussions
SergeĂŻ Prokofiev (1891-1953)
Concerto pour piano n° 2 en sol mineur op. 16
Daniil Trifonov, piano
AntonĂn Dvořák (1841-1904)
Symphonie n° 8 en sol majeur, op. 88
Orchestre national de France
direction : James Conlon | |
| |
| | |
|