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CRITIQUES DE CONCERTS |
30 décembre 2024 |
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Reprise du Vaisseau fantôme de Wagner dans la mise en scène de Marco Arturo Marelli et sous la direction de Johannes Fritsch à la Staatsoper de Hambourg.
Dernier test avant Bayreuth
Cette reprise de la production de 1996 du Vaisseau fantôme de Marelli à Hambourg est surtout l’occasion de découvrir deux nouveaux chanteurs distribués pour la première fois dans l’œuvre cet été à Bayreuth : l’Erik hyper présent d’Andreas Schager et le Hollandais noir de John Lundgren. Ricarda Merbeth continue quant à elle de faire évoluer sa Senta.
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Jour de Saint-Valentin dans la mort et la rédemption avec ce Vaisseau fantôme qui n’accuse finalement pas trop son âge malgré une production vieille de vingt ans. Les décors en toile et les costumes d’antan sentent la poussière des objets qui ont bien vieilli, même si l’on a du mal à comprendre l’intérêt de la scène d’ouverture tentant une explication de l’enfant devenu Hollandais suite à la perte de sa mère. La dramaturgie et les éclairages très finement traités tout au long de l’ouvrage permettent de garder l’attention sur la scène.
Principale intérêt de cette soirée de répertoire, la distribution comporte trois membres du Vaisseau de l’été prochain à Bayreuth, à commencer par Ricarda Merbeth, présente depuis quatre années sur la colline. Encore en difficulté en 2013 dans certaines parties, elle avait déjà montré nettement plus de maturité et d’aisance à Dresde l’an passé, et évolue encore à Hambourg en orientant son style et sa diction vers une époque oubliée du chant wagnérien, dans lequel le vibrato à quasiment disparu. John Lundgren lui répond avec un Hollandais qu’on attendait noir et profond mais dont on n’avait pu imaginer une telle progression dans la prononciation, point faible du chanteur jusqu’à l’année dernière.
Bientôt Parsifal puis Siegfried à Bayreuth, Andreas Schager se testera d’abord en Erik cet été, et n’étonne pas sur la scène hambourgeoise par son trop plein de puissance, donnant au naïf chasseur de Wagner la présence dont aurait besoin celui de Weber dans le Freischütz. Celui qui s’amusait déjà du dernier rôle écrit par Wagner l’an passé à Berlin et a redéfini un niveau de référence dans Tannhäuser en octobre dernier impacte ici chaque phrase par sa présence scénique et vocale, au risque d’être hors sujet dans un personnage qui pourrait mériter plus de douceur et de lyrisme.
Le reste de la distribution propose un Daland correct en la personne de Reinhard Hagen, un peu trop aristocratique et surtout jamais émotionnel dans son rapport avec Senta. Le timonier (Davlet Nurgeldiyev) impressionne par sa tenue dans un rôle plus important qu’on ne l’imagine, tandis que Mary (Anja Schlosser) apporte une belle fraîcheur malgré un costume tentant sans grande efficacité de la rendre plus âgée. On s’inquiète en revanche pour le chœur, pourtant dirigé par le chef de chœur de Bayreuth, Eberhard Friedrich, car en plus de manquer de présence au I, il se déphase totalement dans le double choral final en dansant à contretemps par rapport à l’orchestre.
Reste un orchestre plus qu’honnête, même si le premier cor passe à côté de presque toutes ses attaques, et que le chef Johannes Fritsch applique sans démériter une interprétation sans rien proposer de neuf ni de particulièrement dynamique dans cette partition si fascinante.
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