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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de Paavo Järvi, avec la participation du pianiste Radu Lupu et du flûtiste Vincent Lucas à la Philharmonie de Paris.
Sibelius détaillé
Après un Troisième Concerto de Beethoven où Paavo Järvi et Radu Lupu se retrouvent dans les caractères chambriste de l’ouvrage, le chef redonne de l’ampleur à l’ensemble symphonique pour accompagner le flûtiste soliste de l’Orchestre de Paris, Vincent Lucas, dans un dynamique Concerto pour flûte de Nielsen, avant une Troisième Symphonie de Sibelius aux propositions intéressantes.
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Quasiment impossible à accompagner tant le terme de rubato est un euphémisme concernant Radu Lupu, le pianiste semble avoir trouvé une véritable entente avec le chef Paavo Järvi, même si le duo fonctionnait mieux dans le Premier Concerto de Beethoven à la salle Pleyel en 2014, que dans le Troisième du même compositeur à la Philharmonie aujourd’hui.
Encore très mozartien, l’Allegro con brio et plus particulièrement le premier thème aux cordes et aux bois trouve légèreté et finesse de détails dans la lecture du chef. Sans dénoter, l’entrée du pianiste soutient un volume mesuré et un tempo lent, qu’il fait évoluer à loisirs, obligeant une surveillance permanente du directeur musical, qui ne casse pas pour autant son discours. Le Largo répond moins facilement à cette proposition, car si le premier mouvement tendait encore vers la période classique, les deux suivants évoluent vers le romantisme et un Beethoven plus affirmé, dans lequel un jeu plus exalté semble mieux convenir.
Toujours pris lentement et sans pousser le volume malgré un orchestre à six contrebasses et huit violoncelles, le Rondo passe à côté de la dynamique et n’intéresse vraiment que dans certaines phrases du soliste, tandis que Paavo Järvi doit régulièrement adapter le soutien des bois et de la timbale pour maintenir les équilibres.
Dès l’introduction du Concerto pour flûte de Carl Nielsen, l’ampleur donnée aux cordes et notamment aux violoncelles, alors que l’effectif orchestral n’a presque pas évolué, prouve que le chef estonien adaptait auparavant une partie de son style à celui du pianiste. L’ouvrage créé en 1926 n’avait plus été donné par l’Orchestre de Paris depuis 1983.
Il met en avant les superbes qualités techniques du flûtiste Vincent Lucas, jamais pris en défaut par sa partition, et dont le seul reproche pourrait être un léger manque de liberté dans le discours. Les duos avec le trombone solo et le premier alto fonctionnent parfaitement, tant que l’on adhère à cet ouvrage un peu facile.
Composé par un compositeur né comme le précédent dans un pays nordique en 1865, cette fois en Finlande et non plus au Danemark, la Symphonie n° 3 de Jean Sibelius possède de nombreuses qualités en termes de mélodies et d’agencements, même si elle est moins personnelle que la précédente ou la suivante. Écrite en trois mouvements, elle aurait pu finir en poème symphonique si le compositeur n’avait changé d’avis et fait évoluer la pièce à partir du matériau de départ, mais a su trouver dès 1907 avec Gustav Mahler un lecteur attentif, à défaut d’avoir rencontré un engouement populaire à sa création la même année.
Järvi dirige cette partition dans la continuité de celles déjà données par lui à Paris, se démarquant très largement de son père Neeme dans ce répertoire, en y apportant plus de détails, dans un travail plus orienté à faire ressortir chaque groupe de pupitres qu’à rechercher l’opulence dans la densité des cordes.
L’Allegro moderato met en valeur les contrebasses passées de six à huit et une petite harmonie impeccable et toujours claire, de laquelle on détache les soli du basson et du premier hautbois. La même petite harmonie se démarque de l’Andantino, où l’on profite également des jeux d’altos. Le Moderato manque de souffle et étonne par les sons recherchés, souvent plus proche de la froideur allemande que de l’hiver finlandais, mais conclut avec intelligence une lecture personnelle et affirmée.
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Philharmonie, Paris Le 02/03/2016 Vincent GUILLEMIN |
| Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de Paavo Järvi, avec la participation du pianiste Radu Lupu et du flûtiste Vincent Lucas à la Philharmonie de Paris. | Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Concerto pour piano n° 3 en ut mineur op. 37
Radu Lupu, piano
Carl Nielsen (1865-1931)
Concerto pour flûte op. 33
Vincent Lucas, flûte
Jean Sibelius (1865-1957)
Symphonie n° 3 en ut majeur op. 52
Orchestre de Paris
direction : Paavo Järvi | |
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