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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert de l’Orchestre philharmonique de Radio France sous la direction d’Eliahu Inbal, avec la participation du flûtiste Emmanuel Pahud à la Philharmonie de Paris.
Immensité spirituelle
Sous la direction hautement inspirée d’Eliahu Inbal et en l’honneur de ses 80 ans, le Philharmonique de Radio France se retrouve à ses sommets dans la Neuvième de Bruckner. La création française de la Flûte en suite de Jörg Widmann avait ouvert le concert, qui s’est conclu sur un Joyeux anniversaire à l’orchestre, repris en chœur par le public.
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L’engagement est solennel. La tension est immédiate. La gravité d’une foi victorieuse impose sa passion et sa sérénité, quelles que soient les épreuves. Dès le mystère né des cors, l’envergure, la puissance de la direction d’Eliahu Inbal entraîne l’Orchestre Philharmonique au cœur d’une profondeur d’emblée grandiose. La Neuvième Symphonie de Bruckner se révèle dans sa spiritualité telle une évidence que la musique consacre. En lames de fond orchestrales, confiance et espérance défient le monde. Sous la bannière des cuivres, la fusion des pupitres ne laisse aucune place à l’angoisse. Leur union sublime l’exigence incandescente du compositeur.
Sourire des premières mesures du Scherzo. Magnificence de l’homogénéité de martèlements dont le caractère implacable demeure glorieusement lumineux. La grandeur des phrasés, la dynamique de nuances aux crescendos admirables, les déferlements rayonnent d’une plénitude inaltérable. Contrairement à nombre d’interprètes, Eliahu Inbal ne met aucune terreur dans ce moment d’une vitalité indomptable. Et pourquoi ne pas danser au sein de cette ferveur ? L’équilibre de l’orchestre permet de suivre chacun des élans qui tissent cette prodigieuse vision d’un homme habité par sa foi.
« Mon œuvre dernière, je la dédie à celui dont la majesté prime toutes les majestés. C’est à Dieu que je l’offre, s’Il l’accepte. » On sait que Bruckner, malade, n’a pas eu le temps d’écrire le Finale de ce testament dont l’évidence s’impose ce soir, même sans lire cette déclaration. L’esprit dont Inbal investit son ultime symphonie resplendit d’une puissance que conclut un Adagio dont le message de paix vaut pour toutes les croyances. L’homogénéité des cordes, leur attaque telle une main tendue, les montées sublimes, la simplicité des recueillements, la joie de l’amour, la sobriété de l’exaltation plongent dans les tréfonds de sa méditation, s’élèvent au-delà des mots. Pouvoir de la musique ainsi expressive. Elle transcende notre contemplation.
Auparavant, création française de Flûte en suite de Jörg Widmann. Emmanuel Pahud harmonise les couleurs de ses huit pièces en s’alliant selon chacune à un groupe instrumental de l’orchestre. Solo rêveur de la flûte repris par les flûtes de l’orchestre en duo, trio, quatuor, d’une Allemande séduisante. Sarabande avec le violon solo puis toutes les cordes. La flûte lance ainsi chaque mouvement en s’entourant de pupitres spécifiques, bois, cuivres au mieux de leurs prestations.
Choral 1, Courante, Choral 2, Barcarolle, Cadenza se succèdent en démonstrations dont la diversité se teinte vite d’uniformité. Éclats et agilité abusent des forte. On se lasse d’une sonorité trop souvent suraigüe à l’instrument soliste. La Badinerie, pour finir, réunit tous les intervenants d’un orchestre brillamment différencié. Qu’on écoutera au sommet de son art dans la symphonie de Bruckner.
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Philharmonie, Paris Le 04/03/2016 Claude HELLEU |
| Concert de l’Orchestre philharmonique de Radio France sous la direction d’Eliahu Inbal, avec la participation du flûtiste Emmanuel Pahud à la Philharmonie de Paris. | Jörg Widmann (*1978)
Flûte en suite
Création française
Emmanuel Pahud, flûte
Anton Bruckner (1824-1896)
Symphonie n° 9
Orchestre philharmonique de Radio France
direction : Eliahu Inbal | |
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