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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Le Concerto Italiano de Rinaldo Alessandrini au Festival Baroque de Pontoise
Italien mais pas supersonique
© Eric Sebbag
Cette année, le soleil transalpin est décidément l'invité privilégié du Festival de Pontoise. Rien moins que Il Giardino Armonico, La Cappella della Pieta de'Turchini, et le Concerto Italiano dont la prestation avec la contralto Sara Mingardo constituait l'un des moments forts de la programmation.
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Festival Baroque, Pontoise
Le 30/09/2000
Yutha TEP
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L'association du Concerto Italiano de Rinaldo Alessandrini et de la contralto italienne Sara Mingardo est déjà bien connue des discophiles : elle a déjà engendré de jolis rejetons comme un Stabat Mater de Pergolèse diaboliquement novateur, des cantates et un Gloria de Vivaldi si étoffés que l'on croirait entendre du Bach, et plus récemment un Stabat Mater du même Vivaldi loué du public comme de la critique.
Ce furent précisément le Stabat Mater du " Prete Rosse ", accompagné de la cantate Cessate, omai cessate, que l'ensemble et la chanteuse offrirent à une audience nombreuse, avide et conquise d'avance. Un programme particulièrement propre à mettre en valeur l'énergie et la plénitude sonore de la formation romaine dont Rinaldo Alessandrini obtient désormais une justesse et une rondeur rares, encore trop rares sur instruments d'époque. Si la couleur générale est assez sombre, le chef l'illumine et l'allège de façon saisissante au gré du relief des partitions. Manifestement, le claveciniste italien a renoncé à la surenchère de certains orchestres baroques "supersoniques" et préfère un jeu subtil sur la densité de cordes, mais surtout, il ne veut surtout ne pas oublier que le terme cantabile relève en priorité du vocabulaire italien. Il en use avec maestria pour mettre en valeur les frottements harmoniques des Concerti grossi d'Arcangelo Corelli qui complètent le programme, sans pour autant renoncer à des attaques d'un tranchant proprement "décoiffant" lorsque le besoin s'en fait sentir. L'intonation irréprochable de Francesca Vicari au premier violon y contribue grandement.
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C'est la même volonté de raffinement qui s'exprime dans un Stabat mater de Vivaldi dégraissé de toute théâtralité gratuite et ostentatoire : on découvre subitement un "Prete Rosse" vraiment prêtre, un Vivaldi pas si éloigné que cela du Corelli des sonata da chiesa et des pratiques subtiles des Arcadiens. C'est dans ce tissu orchestral soyeux, tour à tour sombre ou éclatant, que la voix de Sara Mingardo vient s'insérer comme dans un gant. Encore une fois, on a pu apprécier ce timbre "clair-obscur" unique, dont l'homogénéité admirable sur toute l'étendue du registre constituait paradoxalement l'une des faiblesses. Mais Mingardo sait maintenant surmonter cette monochromie, grâce à une projection infaillible du mot et à un contrôle époustouflant de la dynamique. Loin de tout histrionisme, délivrant avec une musicalité sereine des forte étrangers à tout hurlement ou des pianissimi soudains et comme venant de nulle part, la chanteuse a fait de sa voix, un théâtre miniature où la crucifixion prend tout son sens. Un exemple tout simplement enthousiasmant d'entente entre un chef et une chanteuse. Cessate, omai cessate a ensuite vu musiciens et chanteuse plus extravertis, mais là encore, préservant dans le profane une dignité de grands musiciens.
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Festival Baroque, Pontoise Le 30/09/2000 Yutha TEP |
| Le Concerto Italiano de Rinaldo Alessandrini au Festival Baroque de Pontoise | Arcangelo Corelli : Concerti grossi op. 6 n°1 & 4
Antonio Vivaldi : Stabat Mater, cantate Cessate, omai cessate, concerto pour cordes en mi mineur, Sonata al Santo Sepolchro pour cordes.
Concerto Italiano : Francesca Vicari (premier violon), Mauro Lopes (second violon), Ettore Belli (alto), Luca Peverini (violoncelle), Luca Cola (contrebasse),
Rinaldo Alessandrini (clavecin & direction). | |
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