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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Récital du violoniste Itzhak Perlman accompagné au piano par Rohan De Silva à la Philharmonie de Paris.
Perlman à nouveau
Le public ovationne son retour sur une scène parisienne après plus de huit ans. Cheveux blancs, sourire aux lèvres, Itzhak Perlman, jeune septuagénaire, arrive dans son fauteuil roulant à fond de train. Il va enthousiasmer la Philharmonie comble avec le Stradivarius hérité de Menhuin, bien que plutôt mal accompagné d’un piano trop souvent tapé par Rohan De Silva.
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Avec quel bonheur on le retrouve dans la Sonate pour violon et piano de Franck. Dès son entrée sur un piano sans âme, le violon d’Itzhak Perlman crée le climat de rêve dont l’œuvre est pénétrée. Souple, la longue mélodie s’élève et se déroule, magique, portée par la respiration sans rupture de cet archet légendaire. La méditation en est telle que la réplique du piano, d’une conviction primaire, n’en atténue pas l’expressivité. Qui demeure, douce, grave, intense, profonde, quand, les deux instruments réunis, le piano propose une assurance sans nuance.
Ils ne sont pas sur la même longueur d’onde, ces deux interprètes d’une sonate écrite pour les deux instruments à part égale. Rohan De Silva suit sa partition avec des semelles de plomb, Itzhak Perlman la révèle. C‘est au violon que la passion du second mouvement s’inquiète, impose son lyrisme haletant sur la brutalité des affirmations du piano derrière lui.
Le pouvoir d’un phrasé infini, la plénitude de ses harmonies, ses pianissimi de rêve découvrent un Recitativo-fantasia d’une liberté émerveillée. Ben moderato – Molto lento – Molto lento e mesto, la petite phrase évoquée par Proust dans la Sonate de Vinteuil propose son imaginaire. Sourires et drame de ses voluptés nous bouleversent. Et le dernier mouvement parachève notre bonheur. Entre douceur et affres, son inspiration ne cesse de se renouveler et notre émotion de s’épanouir jusqu’aux dernières notes chantées sur ce Stradivarius Soil de 1714 qui appartenait à Menhuin.
Le programme avait commencé avec la Suite italienne pour violon et piano de Stravinski. Un début telle une mise en forme, où la fermeté des attaques au violon ne prolongeait pas une sonorité qui renaîtra peu à peu au cours des six mouvements, et avec elle la variété des consonances en accord avec un piano impeccablement net.
Puis ce fut la charmante Sonatine pour violon et piano de Dvořák. L’absence de réel dialogue entre les deux musiciens est particulièrement dommageable à sa spontanéité. Destinée à de jeunes musiciens et dédiée à ses enfants par son auteur, elle réclame une légèreté et des couleurs dont l’un des deux protagonistes n’avait pas la subtilité. Celles d’Itzhak Perlman, en revanche, s’éclairaient de tendresse. Y naissait un amusement annonciateur des bis.
Une flopée de bis, brillants, chaleureux, où le plaisir triomphe. L’aisance, la joie de jouer, sa générosité, le dynamisme de cet homme amputé depuis l’enfance, son rayonnement extraordinaire demeurent irrésistibles.
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Philharmonie, Paris Le 07/04/2016 Claude HELLEU |
| Récital du violoniste Itzhak Perlman accompagné au piano par Rohan De Silva à la Philharmonie de Paris. | Igor Stravinski (1882-1971)
Suite italienne pour violon et piano
César Franck (1822-1890)
Sonate pour violon et piano en la majeur FXV8
AntonÃn Dvořák (1841-1904)
Sonatine pour violon et piano op. 100
Itzhak Perlman, violon
Rohan De Silva, piano | |
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