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CRITIQUES DE CONCERTS |
30 décembre 2024 |
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Concert du London Symphony Orchestra sous la direction de Sir Simon Rattle Ă la Philharmonie de Paris.
Passion à l’anglaise
Pour sa première tournée avec l’ensemble dont il deviendra directeur musical en 2018, Simon Rattle fête Pâques à sa manière avec deux compositeurs catholiques. Si Messiaen trouve à l’orchestre une souplesse en décalage avec la digitalité de Pierre-Laurent Aimard, la Huitième de Bruckner peine à convaincre dans son architecture globale.
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Commandée par le Festival de Donaueschingen en 1963 puis créée l’année suivante par le Domaine Musical sous la direction de Pierre Boulez, Couleurs de la Cité céleste est une pièce religieuse colorée tirant son matériau narratif de l’Apocalypse et sa matière orchestrale de diverses influences allant des chants hindous aux chants d’oiseaux.
Simon Rattle gère le petit orchestre de musiciens du LSO réparti sur toute la scène avec une main droite à la battue précise, tout en conservant une ductilité dans la main gauche pour donner aux notes le temps de s’épancher, en contradiction avec les doigts plus rigides de Pierre-Laurent Aimard sur un Steinway. Alignés en arc-de-cercle en fond de scène, les cuivres placés comme chez eux sur le plateau du Barbican Center perdent en netteté ce qu’ils gagnent en ampleur dans la Philharmonie parisienne, tandis que les percussions avivent l’œuvre avec passion.
Proposée pour la seconde fois en dix jours à Paris après l’intelligente prestation de Jukka-Pekka Saraste au Théâtre des Champs-Élysées, la Symphonie n° 8 d’Anton Bruckner jouée dans l’édition Haas trouve un angle totalement différent avec les Anglais. Inutile d’y rechercher une tradition germanique dont sont aujourd’hui garants Christian Thielemann et Marek Janowski ; l’œuvre sous Simon Rattle évite toute densité aux cordes et allège les sonorités des cuivres, au risque de perdre en pesanteur dans les deux premiers mouvements.
L’Adagio pourrait souffrir de cette même approche, mais trouve à l’inverse une béatitude en puisant sa force dans une construction millimétrée, ajustée brique après brique par le chef anglais. L’effet est sublimé au bout de dix minutes après un silence allongé, duquel repart Rattle à partir du groupe de violoncelles pour passer ensuite par les altos puis les seconds violons sur un thème déjà utilisé par le compositeur dans sa Symphonie n° 7.
Le Finale retrouve quelques carences de l’Allegro initial et pourrait ne pas passionner par l’insistance du chef à mettre en avant des éléments faits pour soutenir et non pour développer le propos, comme les altos souvent trop présents, ou les contrepoints de clarinettes plus audibles que les premiers violons juste avant le crescendo définitif.
Rattle retrouve toutefois dans la souplesse du London Symphony Orchestra un ensemble plus adapté à sa battue que ne semblaient l’être les Berliner Philharmoniker, et gagne grâce à de superbes bois et des cordes sans lourdeur un son en adéquation avec son approche de la musique de Bruckner. À défaut de toujours emporter l’adhésion dans la globalité, cette lecture propose de passionnants instants, et promet beaucoup pour la Sixième Symphonie de Mahler jouée dans la même salle l’an prochain.
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Philharmonie, Paris Le 12/04/2016 Vincent GUILLEMIN |
| Concert du London Symphony Orchestra sous la direction de Sir Simon Rattle Ă la Philharmonie de Paris. | Olivier Messiaen (1908-1992)
Couleurs de la Cité céleste
Pierre-Laurent Aimard, piano
Anton Bruckner (1824-1896)
Symphonie n° 8 en ut mineur
Édition Robert Haas (1939)
London Symphony Orchestra
direction : Sir Simon Rattle | |
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