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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Version de concert de la Somnambule de Bellini sous la direction de Christopher Franklin au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
Une Somnambule de pure vocalité
Ce sont les voix qui légitiment une Somnambule en version de concert. Grâce au lumineux John Osborn et à la grisante Sabine Devieilhe, l’effusion lyrique, la déclamation expressive des deux héros de l’opéra de Bellini ont comblé le public d’un Théâtre des Champs-Élysées particulièrement sensible à cet art du bel canto romantique.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris
Le 11/04/2016
Claude HELLEU
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Voici Sabine Devieilhe confirmée dans la lignée des Somnambules prestigieuses. Sans mise en scène pour participer à l’étrangeté de son climat, devenir l’héroïne captivante de l’opéra de Bellini dans une version de concert rehausse encore la magie d’un art vocal au-delà de toute forme d’accompagnement.
La distribution réunie sous la direction de Christopher Franklin a réussi cette non représentation du mélodrame. En tête, John Osborn et Sabine Devieilhe, le couple attendu par tous les mélomanes présents. Juvénile, menue, la jeune soprano est une Amina de rêve, enrichissant là une renommée aussi immédiate que récente, puisque dès sa sortie du CNSM en 2011, de la musique ancienne à la musique contemporaine ses interventions lyriques remportent partout le même enthousiasme.
Délicieusement heureuse dans les premières scènes, la voix légère un peu fluette s’accorde à la candeur de son innocence. À ses côtés, John Osborn colore son timbre d’une tendresse rayonnante. Le duo des deux fiancés enchante. Mais le bonheur est de courte durée. Avec la jalousie et les quiproquos qui persécutent leur union, les voix prennent de l’ampleur. L’agilité de la colorature se double d’une puissance impressionnante. Ses aigus déchirants couvrent chœur et orchestre de toute leur pureté sonore.
Cette fusion de fragilité et d’intensité déploie merveilleusement ses envols. Des rêves aux éveils, avec autant d’âme que d’aisance, sans décor et sans mouvement, Amina s’incarne sous nos yeux. Aime, pleure et retrouve son Elvino de même chaleureux et ardent. Les aigus spontanés du ténor, la souplesse de sa voix veloutée, son expressivité naturellement nuancée se jouent des difficultés.
Fluides et chatoyantes sur toute leur tessiture, vocalises lumineuses, ces deux voix porteuses de tant d’émotions font oublier qu’elles sont plantées là , derrière leur pupitre, entre les autres comparses, surtitres au-dessus de la tête, devant l’Orchestre de Chambre de Paris et le chœur des Cris de Paris que dirige sobrement Christopher Franklin. Grace à l’attention dont le chef suit des lignes mélodiques qui se passent d’harmonies inutiles à leur pouvoir, l’indigence devenue visible de la partition orchestrale, où les silences sont autant de coupures qu’une image ne vient pas occulter, ne gêne pas la magie bellinienne.
Quant aux seconds rôles, ils contribuent au mieux à l’éloquence d’une intrigue qu’aucune action n’éclaire mais heureusement connue de la plupart du public. Intonations justes et voix accordées au personnage interprété compensent l’absence de jeu dans une immobilité que la sincérité dépasse. Nicola Ulivieri prête au Comte Rodolfo, seul homme évolué dans ce monde paysan, une sagesse retenue. Jennifer Michel s’affirme au fil des interventions de l’envieuse Lisa. Ugo Rabec devrait la séduire, Alessio déterminé. Rachel Kelly apporte le bon sens de Teresa. Et si Les Cris de Paris ne sont pas toujours d’une précision exemplaire, leur conviction participe au succès d’une soirée digne de l’enthousiasme qu’elle déchaîne.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 11/04/2016 Claude HELLEU |
| Version de concert de la Somnambule de Bellini sous la direction de Christopher Franklin au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Vincenzo Bellini (1801-1835)
La Sonnambula, opéra semiseria en deux actes
Livret de Felice Romani
Sabine Devieilhe (Amina)
John Osborn (Elviano)
Jennifer Michel (Lisa)
Nicola Ulivieri (le Comte Rodolfo)
Rachel Kelly (Teresa)
Ugo Rabec (Alessio)
Safir Behloul (un notaire)
Les Cris de Paris
préparation : Geoffroy Jourdain
Orchestre de Chambre de Paris
direction : Christopher Franklin | |
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