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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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La Fille des Neiges de Rimsky-Korsakov par l'Orchestre et du Choeur du Théâtre Mariinski de Saint-Petersbourg au Châtelet
De la neige en Ă©bullition
Qui mieux que Valery Gergiev pouvait briller dans le Cycle de musique russe du Théâtre du Châtelet ? À la tête de l'Orchestre et du Choeur du Théâtre Mariinski de Saint-Petersbourg, il a donné une version de concert de l'opéra la Fille des Neiges de Rimsky-Korsakov à faire fondre.
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Gergiev est le grand promoteur du répertoire russe que l'on sait. À son actif, on compte déjà plusieurs opéras de Prokofiev et de Moussorgsky, avec notamment un Boris Goudonov en version intégrale. Les opéras de Rimsky-Korsakov montrent un aspect plus pastoral de la Russie, mettant l'accent sur le folklore et les traditions rurales. La Fille des Neiges, ou Snegourotchka en titre original, est une pièce d'Ostrovsky inspirée d'un conte de fée, celui de la fille du Printemps et de l'Hiver, condamnée par le dieu soleil Yarillo à mourir, c'est-à -dire à tout simplement fondre comme un bonhomme de neige, le jour où son coeur connaîtra le véritable amour.
Taillé pour la scène, Snegourotchka ne souffrit pourtant de cette version de concert grâce à l'envergure de son plateau vocal. Vu de l'ouest, il y a toujours un doute qui plane quant à la qualité des troupes russes telles que la Mariinksi ou le Bolshoï, eu égard à leur incapacité de retenir des stars de la trempe d'Olga Borodina. Mais la Russie regorge de talents et Gergiev s'est appuyé sur une distribution digne de n'importe quelle grande scène malgré la jeunesse de ses chanteurs. Très crédible en Fée Printemps, Nadezhda Serdiuk fit particulièrement belle impression grâce à sa voix charnue et son expressivité généreuse.
Snegourotchka est traditionnellement décrite comme une créature au coeur de glace, incapable d'émotion, et dont la révélation finale de l'amour la mène à sa perte. Mais la fille des neiges d'Olga Trifonova échappe à ce modèle. Dotée d'un timbre clair et d'une technique irréprochable, la jeune soprano se révèla passionnée du début à la fin : sa Snegourotchka désire d'emblée trouver l'amour, et elle est déterminée à embrasser la mort s'il le faut dans le but d'en faire l'expérience.
Parmi les autres personnages, Ekaterina Sementchuk, dans le rôle de Lel, déploya un superbe phrasé épousant avec naturel la musicalité propre de la langue russe. Point faible de la distribution, en dépit d'une contribution globale solide, Tatiana Pavlovskaya dans le rôle de Koupava, pêcha par un souffle court et un phrasé incertain qui ôtait aux mots une grande part de signification. Aussi décevant, et pour une contribution plus importante, Alexander Gergalov dans le rôle de Mizguir manifesta une voix à la puissance et à la profondeur insuffisante dans la première partie de l'oeuvre, même s'il fut bien meilleur dans les deux derniers actes, parvenant enfin à entrer dans son rôle.
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Si l'on met de côté un léger flottement au début du Prologue, l'orchestre et le choeur s'acquittèrent admirablement de leur tâche, faisant passer un souffle authentiquement slave, notamment dans un Carnaval russe plein d'esprit, avec un Gergiev en ébullition poussant son choeur dans ses derniers retranchements. De même dans la scène du mariage, où les harmonies naturelles de la paysannerie russe brillèrent de toute leur splendeur.
Les horizons musicaux de Gergiev se sont élargi ces dernières années à mesure que le répertoire russe s'est imposé internationalement, et chez lui au Mariinsky, Gergiev a pris l'initiative d'exécuter des oeuvres de compositeurs tels que Richard Strauss, diversifiant un répertoire sévèrement réduit par la censure pendant plus de cinquante ans. On se souvient aussi de son passage remarqué à Salzburg dans Mozart. Mais c'est assurément dans le domaine de la musique russe qu'il reste souverain. Rimsky-Korsakov disait de sa Fille des Neiges, que "celui qui n'aime pas Snegourotchka, ne comprend rien à ma musique, ni à ma propre personne". Gergiev a prouvé qu'il possédait un entendement inné de l'une comme de l'autre.
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Théatre du Châtelet, Paris Le 25/09/2000 Linda MURRAY |
| La Fille des Neiges de Rimsky-Korsakov par l'Orchestre et du Choeur du Théâtre Mariinski de Saint-Petersbourg au Châtelet | La Fille des Neiges, opéra de Nikolaï Rimsky-Korsakov
Version concert
Choeur et Orchestre du Théâtre Mariinsky de Saint-Pétersbourg (Kirov)
Valery Gergiev, direction
Avec Olga Trifonova (Snegourotchka), Ildar Abdrasakov (le Roi Givre), Nadezhda Serdiouk (la FĂ©e Printemps), Ekaterina Sementchuk (le Berger Lel), Alexander Gergalov (Mizguir). | |
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