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CRITIQUES DE CONCERTS 21 décembre 2024

Reprise de Tosca de Giacomo Puccini dans la mise en scène de Davide Livermore, sous la direction de Dmitri Jurowski au Teatro Carlo Felice de Gênes.

Le Doge de GĂŞnes

Annulée en janvier à Londres, la prise de rôle de Mario Cavadarossi par Francesco Meli est reportée chez lui, à Gênes, où il est tellement applaudi après chaque air qu’il doit bisser E Lucevan le stelle, à l’instar de Jonas Kaufmann le mois dernier à Vienne. On connaissait un Mario d’excellence sur le circuit international, il y en a désormais deux.
 

Teatro Carlo Felice, GĂŞnes
Le 08/05/2016
Vincent GUILLEMIN
 



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  • GĂŞnes, ville des Doges longtemps en conflit avec Venise, et son Teatro Carlo Felice de 2000 places rebâti en 1991 en forme de cour intĂ©rieure couverte, dont les murs donnant sur le parterre reprĂ©sentent de fausses façades extĂ©rieures avec fenĂŞtres et balcons. Chaque saison dans la capitale ligurienne s’y jouent de nombreux opĂ©ras italiens, dont ceux de Verdi et Puccini avec depuis plus d’un siècle les plus grands noms, de Raina Kabaivanska en Tosca Ă  Tito Gobbi en Scarpia, et maintenant Francesco Meli dans le rĂ´le de Mario Cavadarossi.

    Si le ténor italien est sur le devant de la scène depuis plusieurs années et montrait cette saison une voix élargie dans le Carlo VII de Giovanna D’Arco et encore plus puissante dans le jeune Foscari à la Scala, il explose à Gênes avec un Mario hallucinant de style, de tenue et de puissance. Dès Recondita armonia, souvent faible car placé trop tôt dans l’œuvre, il impressionne en chantant à pleine puissance d’une voix déjà chaude, puis tient d’un seul souffle les deux Vittoria ! au II, dont plus de dix secondes le second.

    Inutile de dire qu’E Lucevan le stelle est un triomphe absolu, créant plus de cinq minutes d’applaudissements continus avant d’être donné en bis dans une approche différente. Meli, n’ayant jamais surveillé le volume et la puissance dans sa première intervention, doit moduler avec une légère fatigue à la reprise du même air et utiliser une autre palette, qui manifeste plus de retenue et donc une émotion plus contenue et plus touchante, entraînant encore une fois un déluge d’applaudissements.

    À ses côtés, personne n’atteint les mêmes sphères, et c’est parmi le reste d’une distribution correcte que la Tosca d’Amarilli Nizza tient avec brio son rôle. La voix n’est pas particulièrement modulée et la couleur ne se détache pas de celle de nombreuses sopranos actuelles, mais elle tient de bout en bout et monte avec facilité dans l’aigu. Angelo Veccia possède pour Scarpia une vraie présence scénique et du charisme, mais la voix n’est ni assez noire ni assez projetée, pas plus que celle en-dessous d’Enrico Salsi (Spoletta). Seul Matteo Peirone plaît en Sacristain, dans un jeu enjoué bien que surjoué, où l’utilisation du parlando est exagérée pour notre plus grand plaisir.

    Le chœur impressionne dès sa première intervention par sa couleur et sa délicatesse, mais laisse la première place à un chœur d’enfants d’une grâce impressionnante, dont ressort le magnifique Pâtre au début du III. L’Orchestra del Teatro Carlo Felice joue avec finesse sous la direction de Dmitri Jurowski sans trouver les mêmes idées qu’Emmanuel Villaume à Londres cette saison. Il apporte légèreté et lyrisme à une partition qu’on entend finalement souvent sans vulgarité ces dernières années.

    La proposition scénique aurait pu tenir si Davide Livermore avait réellement proposé autre chose qu’un travail faussement intellectuel. Les costumes totalement classiques de Gianluca Falaschi jurent avec l’unique décor fait d’un tétraèdre irrégulier surélevé et placé sur un plateau tournant trop utilisé. Les vidéos de fond de scène alternent entre tableaux religieux et images de coupoles ou du ciel sans apporter aucun nouvel éclairage sur l’œuvre romaine. Regrettable mais sans importance tant la concentration est ailleurs, sur celui qu’on peut très certainement maintenant appeler le meilleur ténor italien actuel !




    Teatro Carlo Felice, GĂŞnes
    Le 08/05/2016
    Vincent GUILLEMIN

    Reprise de Tosca de Giacomo Puccini dans la mise en scène de Davide Livermore, sous la direction de Dmitri Jurowski au Teatro Carlo Felice de Gênes.
    Giacomo Puccini (1858-1924)
    Tosca, opéra en trois actes (1900)
    Livret de Luigi Illica et Giuseppe Giacosa d'après la pièce de Victorien Sardou

    Coro del Teatro Carlo Felice
    Coro di Voci bianche Teatro Carlo Felice
    Orchestra del Teatro Carlo Felice
    direction : Dimitri Jurowski
    mise en scène : Davide Livermore, reprise d’Alessandra Premoli
    décors : Davide Livermore
    costumes : Gianluca Falaschi
    assistante costumes : Maria Giovanna Farina
    préparation des chœurs : Pablo Assante & Gino Tanasini

    Avec :
    Amarilli Nizza (Tosca), Francesco Meli (Cavaradossi), Angelo Veccia (Scarpia), Giovanni Battista Parodi (Angelotti), Enrico Salsi (Spoletta), Matteo Peirone (Sagrestano), Raffaele Pisani (Sciarrone), Filippo Balestra (Un carceriere), Thomas Bianchi - Sebastiano Carbone (Un jeune pâtre).

     


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