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CRITIQUES DE CONCERTS |
30 décembre 2024 |
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Reprise de Lohengrin de Wagner dans la mise en scène de Christine Mielitz, sous la direction de Christian Thielemann à la Semperoper de Dresde.
Jeunes cygnes
Alors qu’en 2013, Thielemann dirigeait Lohengrin à Dresde avec une superbe distribution, le monde musical n’avait d’oreilles que pour celle de Barenboïm à Milan. Trois ans plus tard, le chef allemand récidive avec cette fois les prises de rôles d’Anna Netrebko et Piotr Beczala. On oublie donc la mise en scène de 1983 pour se concentrer sur l’essentiel : la musique.
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Christian Thielemann, Soile Isokoski, Robert Dean Smith ou Wolfgang Koch suffisaient déjà largement en janvier 2013 à remplir la salle de la Semperoper et à laisser sur le parvis quelques spectateurs sans billet pour Lohengrin, sans pour autant déclencher l’émulation internationale de cette reprise en 2016, où le simple nom d’Anna Netrebko fait de cette production l’une des plus attendue de la saison.
Ne gardons que le positif en éliminant tout de suite la mise en scène de l’ancienne intendante du lieu, Christine Mielitz, dépassée depuis le jour de sa création il y a trente-trois ans. Les costumes et décors de Peter Heilein sortis des films hollywoodiens des années 1950 intègrent l’histoire au milieu d’un Moyen Âge conçu par le XXe siècle, sans aucune validité historique et avec des images totalement ridicules comme celle du cygne doré en arrière-scène.
Il reste l’essentiel avec une excellence musicale de chaque instant, à commencer par une fosse des plus grands soirs, dans laquelle la Staatskapelle dirigée par son directeur musical fait ressortir un son transparent et cristallin. Ancrée dans ce que la tradition germanique donne de plus beau par la dynamique et la fluidité, Thielemann offre une lecture non pas intellectualisée mais tout simplement évidente de la partition, tant avec l’orchestre qu’avec le chœur, impressionnant dans sa capacité à insuffler sa puissance à chaque intervention.
Le prélude débute avec lyrisme et souplesse pour préparer à la dynamique du premier acte. Le deuxième développe d’abord les sonorités sombres de l’action, presque transposée dans les couleurs des scènes de Fafner ou Hagen du Ring tant la narration est puissamment mise en valeur. Le troisième accompagne l’action avec une ferveur et des inspirations idéales dans leur soutient du plateau.
L’orchestre parfait dans ses cordes alterne entre lyrisme des violons et sons plus prononcés des altos et contrebasses, ténébreux comme ceux des bassons et du premier hautbois dès qu’ils accompagnent Ortrud et Telramund. Les cuivres tant en fosse que sur scène brillent d’héroïsme et libèrent toute leur lumière, tandis que les percussions douces dans les préludes frappent lorsqu’il faut dénouer la tension.
Tenu par Derek Welton, le Hérault relie présence scénique et vocale durant trois actes, le texte intelligemment déclamé étant accompagné par une voix à l’aise dans l’aigu comme le médium. Pour l’intelligence du chant, on se délecte aussi avec la basse Georg Zeppenfeld, plus chaude que lors de ces dernières apparitions sur cette scène et toujours aussi charismatique, même si elle n’arrive pas à donner autant de volume qu’alors à Bayreuth.
Intelligence encore avec le Telramund de Tomasz Konieczny, dont la diction très net s’oriente rapidement vers plus de noirceur et de violence pour combattre Lohengrin. Sa femme Ortrud retrouve une interprète idéale grâce à Evelyn Herlitzius. Les difficultés du début de saison oubliées, elle livre une prestation au niveau de ses meilleures Kundry et Elektra, assise dans les médiums pour exploser de violence dans des aigus d’un volume sonore impressionnant.
Pour une prise de rôle, Piotr Beczala tient un Lohengrin très impressionnant, héros déjà caractérisé vocalement avec une diction quasi impeccable, même si quelques voyelles sont encore sujettes à caution. Le chanteur livre un personnage intime et solaire, auquel ne manque qu’un surplus de profondeur au chant étincelant et émouvant pour rejoindre la référence qu’est devenu Klaus Florian Vogt dans le rôle.
Star absolue et avant surtout soprano lyrique de rêve, Anna Netrebko marque avec Elsa son entrée dans le répertoire germanique. La prononciation de l’allemand a nettement progressé depuis les Quatre derniers Lieder de la saison passée, et l’on est surpris de comprendre à ce point le texte, en plus de vivre comme toujours avec cette chanteuse une grande leçon de chant, non pas dans la perfection et la justesse accordée à la partition, mais dans son exaltation et sa majesté d’interprétation. Accompagnée par un chef berlinois très attentif dès qu’elle ouvre la bouche, elle livre une Elsa forte et pure, dont chaque montée dans l’aigu mène au Paradis.
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Semperoper, Dresden Le 22/05/2016 Vincent GUILLEMIN |
| Reprise de Lohengrin de Wagner dans la mise en scène de Christine Mielitz, sous la direction de Christian Thielemann à la Semperoper de Dresde. | Richard Wagner (1813-1883)
Lohengrin, opéra en trois actes (1850)
Livret du compositeur
Sächsische Chor
Sächsische Staatskapelle Dresden
direction : Christian Thielemann
mise en scène : Christine Mielitz
décors & costumes : Peter Heilein
Ă©clairages : Friedewalt Degen
préparation des chœurs : Jörn Hinnerk Andresen
Avec :
Piotr Beczala (Lohengrin), Anna Netrebko (Elsa von Brabant), Evelyn Herlitzius (Ortrud), Tomasz Konieczny (Friedrich von Telramund), Georg Zeppenfeld (Heinrich der Vogler), Derek Welton (Heerrufer des Königs), Tom Martinsen, Simeon Esper, Matthias Henneberg, Tilmann Rönnebeck (Quatre Nobles). | |
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