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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Premier des deux concerts d’adieu du directeur de l’Orchestre national de France Daniele Gatti à l’Auditorium de la Maison de la Radio, Paris.
Sur les pas de Giulini
Après huit années à la tête de l’Orchestre national de France, Daniele Gatti fête son départ avec deux concerts à l’image de ses programmes de saison, sans consensus et seulement pour servir la musique. Composé d’une unique Huitième Symphonie de Bruckner, ce premier adieu prend le temps de construire un son plein et charnu que l’on risque de ne plus entendre à l’avenir.
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Malgré l’impressionnante direction de Macbeth la saison passée et un Tristan fascinant en mai, Daniele Gatti n’aura jamais tout à fait convaincu une partie du public et de la critique parisienne. Peu attiré par les paillettes d’une part, il n’aura pas cherché non plus à donner à la capitale une programmation basée sur la musique française, alors que l’habitude d’entendre chaque année tous les orchestres du monde en tournée semblait réduire l’Orchestre national de France à se concentrer exclusivement sur son pays et délaisser Mahler, Brahms ou Tchaïkovski.
Jamais dirigée auparavant par Daniele Gatti, la Huitième Symphonie de Bruckner arrive après seulement une Quatrième en 2014 et une Septième il y a deux semaines. On a pu entendre que l’Italien y propose une approche celibidachienne des tempi, prouvant avant tout le manque de culture du public français pour le maître de Saint-Florian et la perte d’habitude pour un son plein, l’oreille et les salles contemporaines ayant orienté l’écoute vers plus de légèreté et de brillance.
S’il fallait rapprocher cette Huitième de presque une heure trente minutes des visions du passé, ce n’est pas vers les recherches mystiques du Roumain Celibidache, mort en France en 1996, qu’il faut chercher, mais vers les constructions amples de Carlo Maria Giulini. Dès l’Allegro moderato, les cordes affichent une véritable densité et les pizzicati des contrebasses sont très marqués, tandis que les neufs cors, dont quatre dédoublés en tubas wagnériens, montrent qu’ils ne sont pas ici pour l’éclat.
Peu habitué à jouer le compositeur, le National livre une interprétation de qualité dans laquelle il pourra manquer quelque force dans le soutien des archets aux premiers violons et quelque justesse aux cuivres, même si trompettes et trombones impressionnent. La petite harmonie se démarque par une impeccable performance, à commencer par les soli du premier hautbois et d’excellentes flûtes et clarinettes.
Le Scherzo pourra sembler trop traité dans le détail, mais laisse ressortir de superbes sonorités, notamment des harpes, rarement aussi audibles dans la coda. L’Adagio ne cherche jamais du côté de la religion ni du pathos, et trouve dans un son étale une magistrale pesanteur, remarquable de solennité et d’une incroyable majesté. Le Finale définit la même progression et affiche une superbe puissance dans les derniers instants, laissant à l’auditeur l’éther d’un présent qu’il ne retrouvera peut-être plus à l’avenir.
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Auditorium de la Maison de la Radio, Paris Le 02/06/2016 Vincent GUILLEMIN |
| Premier des deux concerts d’adieu du directeur de l’Orchestre national de France Daniele Gatti à l’Auditorium de la Maison de la Radio, Paris. | Anton Bruckner (1824-1896)
Symphonie n° 8 en ut mineur
Orchestre national de France
direction : Daniele Gatti | |
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