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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Nouvelle production de Macbeth de Verdi dans une mise en scène de Frédéric Bélier-Garcia et sous la direction de Pinchas Steinberg à l’Opéra de Marseille.
Guerre phocéenne
Alors que sur le parvis marseillais se battent Russes et Anglais autour d’un ballon rond, à l’intérieur se joue une autre bataille avec le dernier opéra de la saison dans la cité phocéenne, Macbeth de Verdi, dynamisé par un orchestre fouetté par Pinchas Steinberg et l’excellent Juan Jesús Rodriguez dans le rôle-titre.
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Tenace, la tradition verdienne à Marseille ne laisse aucune année sans qu’au moins un opéra de l’italien y soit représenté. La saison passée se clôturait avec Falstaff, celle-ci avec Macbeth, tous deux inspirés de William Shakespeare. Des deux versions écrites pour Florence (1847) puis Paris (1865), il semble que metteur en scène et chef aient choisi sans hésiter toutes les modifications réalisées pour la seconde, sauf l’insertion du ballet à l’acte III, très rarement joué.
Frédéric Bélier-Garcia propose une lecture assez simpliste mais efficace du livret, insérant dans le salon d’un palais décrépit une action en costumes classiques pour les rôles principaux, faits de soldats en armes et armures, de pages en habits à collerettes rappelant l’ère élisabéthaine et de sorcières habillées comme pour un drame grec. Les panneaux du décor de Jacques Gabel descendent à loisir s’il faut resserrer l’action ou apporter un rideau d’arbres sur les parties en forêt, et remontent lorsqu’il faut ouvrir le fond de scène.
Dans cette nouvelle production créée à Marseille avant d’être reprise à Avignon l’an prochain, les méandres de l’esprit moderne retrouvent la tragédie humaine dans la violence des images sanglantes du cadavre de Duncan puis des fantômes successifs, alors qu’à l’inverse les enfants procurent douceur et pureté. On découvre pourtant peu d’éclairages nouveaux sur l’œuvre ni développements soutenus sur la psychologie des personnages, sauf pour l’idée assez convenue d’une Lady Macbeth brutale.
La violence du rôle est retranscrite dans le choix d’une voix puissante aux pointes noires et aux aigus acidulés de la Hongroise Csilla Boross. Son italien est incompréhensible sauf dans les passages doux, et l’on aurait aimé profiter d’une scène de folie trop perturbée par un téléphone sonnant à trois reprises. Sa suivante Vanessa Le Charlès apporte une belle lumière. Chez les hommes, Xin Wang (Malcom) déçoit par manque de relief, surtout dans la dernière intervention, alors que Jean-Marie Delpas montre une belle tenue dans ses multiples petits rôles de serviteur, sicaire et médecin.
Pour sa prise de rôle de Macduff, Stanislas de Barbeyrac captive par le style, la présence et la clarté d’émission ; Ah ! La paterno mano est particulièrement réussi dans son traitement intimiste. En Banco, Wojtek Smilek se démarque peu du timbre de Macbeth, sauf dans des graves plus profonds. On regrette qu’il meure si vite car sa présence et son chant sont des plus agréables. Héros du jour, Macbeth trouve avec Juan Jesús Rodriguez un magnifique interprète, jamais en force, délicat dans le jeu comme dans le chant, auquel manque encore un peu d’ampleur aux deux premiers actes, mais superbe de finesse dans son air final Pietà , rispetto, amore.
Le Chœur de l’Opéra de Marseille séduit par une mise en place sans faille et une belle présence ; il exalte l’ultime Vittoria au IV et déçoit seulement au II dans une approche plus froide que méditerranéenne. L’Orchestre de l’Opéra sous la baguette de Pinchas Steinberg trouve moins de couleurs qu’un an plus tôt sous celle de Lawrence Foster, mais apporte à l’action tout le dynamisme nécessaire, dirigé pour l’occasion par un chef plutôt jockey, usant du fouet et de la voix pour donner de l’énergie, sans toujours trouver l’inspiration pour frapper parfaitement juste. Rendez-vous pris en juin 2017 pour un très prometteur Don Carlo !
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Opéra, Marseille Le 12/06/2016 Vincent GUILLEMIN |
| Nouvelle production de Macbeth de Verdi dans une mise en scène de Frédéric Bélier-Garcia et sous la direction de Pinchas Steinberg à l’Opéra de Marseille. | Giuseppe Verdi (1813-1901)
Macbeth, opéra en quatre actes
Livret de Francesco Maria Piave et Andrea Maffei d’après Shakespeare
Chœur et Orchestre de l’Opéra de Marseille
direction : Pinchas Steinberg
mise en scène : Frédéric Bélier-Garcia
décors : Jacques Gabel
costumes : Catherine et Sarah Leterrier
Ă©clairages : Roberto Venturini
préparation des chœurs : Emmanuel Trenque
Avec :
Juan Jesús Rodriguez (Macbeth), Csilla Boross (Lady Macbeth), Wojtek Smilek (Banquo), Stanislas de Barbeyrac (Macduff), Xin Wang (Malcom), Vanessa Le Charlès (Suivante), Jean-Marie Delpas (Un médecin, un sicaire, un serviteur), Frédéric Leroy (un hérault). | |
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