Avec sa vingtaine de chanteurs aux voix parfaites, le chœur de chambre les Éléments dirigé par son fondateur Joël Suhubiette, pratique un vaste répertoire a cappella allant du plus ancien au plus moderne, puisqu’il passe régulièrement des commandes à des compositeurs d’aujourd’hui.

Au fil des tournĂ©es qui le mènent dans le monde entier Ă  partir de sa base toulousaine, il a donc fait halte dans le Perche pour l’ouverture des Musicales qui s’appellent dĂ©sormais « de Mortagne et du Perche Â» signifiant une collaboration plus Ă©tendue du cĂ´tĂ© de Bellème puisque son nouveau prĂ©sident, Olivier Le Grand, propriĂ©taire du superbe manoir de Soisay justement près de Bellème, succède cet annĂ©e Ă  Ludovic Liberge qui a choisi de se retirer après le trentième anniversaire de la manifestation, ayant depuis de nombreuses annĂ©es assurĂ© de manière très brillante une haute qualitĂ© musicale Ă  la manifestation.

Du XIIIe siècle à 2015, le programme Iberia était donc un vaste voyage dans l’histoire de la musique a cappella espagnole et portugaise. Avec beaucoup d’intelligence, le chœur a su utiliser le bel espace gothique de l’église en se divisant par instants en plusieurs groupes qui se répondaient ou chantaient ensemble de divers points de ce lieu très sonore. L’effet était magique, car, enveloppé dans le son, on ne savait plus vraiment d’où venaient ces voix.

Toutes les musiques anciennes étaient naturellement d’inspiration sacrée, mais les pages contemporaines, commandées et créées l’an dernier aussi, puisque Cielo arterial d’Ivan Solano est sur un texte de même inspiration de Catherine Peillon, et Lumine clarescet d’Antonio Chagas Rosa, de 2015 aussi, est sur des extraits prophétiques de la Sybille de Cumes.

Tous les chanteurs des Eléments ont des voix de solistes, d’une qualité exceptionnelle, mais on admire encore plus le travail qui a permis à l’ensemble d’atteindre à cette parfaite homogénéité et à cette clarté d’émission dans tout un répertoire finalement très varié. La justesse, la précision, la subtilité des nuances, la maîtrise absolue de tous les paramètres des partitions contemporaines d’une grande complexité d’écriture forcent l’admiration… et procurent surtout un immense plaisir musical.

Comme avec certaines des meilleures formations instrumentales de musique de chambre, on est au cœur même de la musique, sans artifices, sans exhibitionnisme. Un vrai bonheur en des temps où, notamment dans le domaine de l’opéra et parfois aussi dans celui d’instruments solistes, on assiste si souvent à l’expression d’égos surdimensionnés destructeurs du propos qu’ils sont censés défendre.

D’autres très beaux concerts de clavecin, de piano, de musique de chambre, vont encore se dérouler pendant les week-ends du 2 et du 9 juillet dans les églises et manoirs du Perche.