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CRITIQUES DE CONCERTS |
22 décembre 2024 |
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Nouvelle production de Così fan tutte de Mozart dans une mise en scène de Robert Borgmann et sous la direction de Donald Runnicles à la Deutsche Oper Berlin.
Così pop
Première des cinq nouvelles productions de la saison à la Deutsche Oper Berlin, Così fan tutte trouve ses atouts dans une distribution homogène, dont se détachent les femmes et plus particulièrement la Despina d’Alexandra Hutton. La direction dynamique de Donald Runnicles perd du souffle en seconde partie, tout comme la mise en scène de Robert Borgmann.
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Une jeune fille et un rideau jaune fluo sur lequel est écrit YOUTH pendant l’ouverture, Don Alfonso en vieillard à côté, et à terre un arbre séché par l’hiver, plus tard ravivé par les jeux de lumières. La mise en scène de Robert Borgmann, sa première d’opéra, oscille entre une proposition kitsch, ou pop, pour utiliser un terme plus contemporain, et des idées proposées sans réelles liant entre elles.
Au I, un mur d’arrière-scène duquel se détache une porte et un miroir, ce dernier disposé comme celui du tableau Las Meninas de Vélasquez afin de renvoyer une image induite, ici l’idée que l’action en scène nous concerne directement. À cour, six chaises et des personnages assistant à la comédie, tous en habits XVIIIe, façon Liaisons dangereuses. La comédie de l’amour est donc un jeu auquel nous jouons tous et dont nous sommes tous acteurs et spectateurs, avec le risque de tous finir cocus...
Pour renforcer ces idées, au tomber de rideau, les mêmes reviendront sur les chaises, cette fois en habits d’aujourd’hui. Le décor d’abord très sobre est modifié en seconde partie, il tient sur quelques objets, dont un grand lustre et surtout la bascule d’un puits de pétrole, mis en regard avec des photos sur le mur du fond ; d’abord un champ de pierres, puis des éoliennes et enfin un volcan en feu et une forêt verdoyante. L’amour comme énergie périssable puis renouvelable : une idée parmi d’autres qui dans cette proposition ne vont jamais beaucoup plus loin.
Heureusement, sur scène, les jeunes artistes dynamisent une dramaturgie correcte par leur implication et leur fraîcheur. Au début, les hommes sont les meilleurs, surtout Paolo Fanale (Ferrando) à son entrée. Le beau ténor tient plein de convictions Un aura amorosa, mais affiche une légère fatigue sur Ah lo veggio. Pour lui répondre, John Chest (Guglielmo) et ses faux airs de jeune Val Kilmer débute plus petit puis prend du poids, jusqu’à un très beau Rivolgete a lui lo sguardo. Sur l’intégralité de la représentation, Noel Bouley (Don Alphonso) reste pourtant le personnage masculin le plus présent et le plus charismatique.
Chez les femmes, la Despina de la jolie Alexandra Hutton emporte l’adhésion, forte de bons atouts dans le médium et le haut-médium et une belle dynamique en scène. Son chant en voix de tête pour le rôle du médecin est d’abord trop forcé, mais convainc dans celui du notaire lors de la scène de mariage. Belle Dorabella, Stephanie Lauricella marque d’abord le pas sur sa comparse, tout particulièrement dans Smanie implacabili. Puis Nicole Car développe Fiordiligi, déjà dans le duo Ah, che tutto et plus encore dans un Per Piéta touchant et bien appuyé dans les graves.
En fosse, Donald Runnicles s’est un peu approprié l’enseignement baroqueux pour rester sur un Mozart classique, dynamique à l’ouverture et dont la belle respiration ferait facilement penser à Beethoven. En plus d’une battue parfaitement claire pour le plateau, comme dans l’implacable trio E voi ridete, il a aussi pour lui d’excellents bois, tout particulièrement la flûte, et de superbes violoncelles, intéressants dans le soutient au chant par leurs phrases humoristiques ou larmoyantes selon les scènes. Les timbales jouent la carte du son à l’ancienne, sans doute trop appuyé par rapport au reste de l’orchestre, tandis qu’on se régale du clavecin dans les récitatifs. Malheureusement, l’énergie diminue en fin de première partie et ne revient jamais tout à fait après l’entracte, laissant parfois traîner une action non renforcée par la proposition scénique. Il ne reste alors plus que Mozart et Da Ponte.
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