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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Reprise d’Hamlet d’Ambroise Thomas dans la mise en scène de Vincent Boussard sous la direction de Lawrence Foster à l’Opéra de Marseille.
Le couronnement du Roi
Montée pour la dernière fois en 2010 à Marseille avec une distribution totalement différente, la production très classique d’Hamlet selon Vincent Boussard retrouve les planches avec deux atouts majeurs, un cast masculin de très haut niveau porté par Jean-François Lapointe, et la direction ample de Lawrence Foster.
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La reprise marseillaise de la production Vincent Boussard d’Hamlet d’Ambroise Thomas laisse dubitatif, et il est évident que le fait d’enfermer l’action dans un unique décor de deux vieux murs gris donne peu à réfléchir, malgré un beau travail d’éclairages (Guido Levi) s’adaptant aux situations.
Pratique pour porter les voix, le coffrage scénique accroît l’attrait principal de cette reprise : une distribution de haut vol, à commencer par le magnifique Hamlet de Jean-François Lapointe. Francophone comme tout le plateau, le baryton québécois réussit le tour de force de faire oublier Stéphane Degout dans le rôle en offrant un héros sensible et d’une rare intelligence dans le jeu et le chant. D’une diction parfaite, il approche avec finesse et sans excès de bravoure Ô vin dissipe la tristesse, puis trouble dans Être ou ne pas être ? Oh Mystère !
Autour de lui, Rémy Matthieu annoncé malade est pourtant quasi impeccable dans l’aria d’entrée de Laërte, tout comme dans le duo final où il blesse Hamlet. Le Spectre de Patrick Bolleire, amplifié pour créer un effet d’outre-tombe, crée une belle présence sur le plateau, tout comme les deux amis de Hamlet, Samy Camps (Marcellus) et Christophe Gay (Horatio), chacun intéressant dans sa tessiture avec une magnifique clarté de projection.
Pour compléter le cast masculin, les deux fossoyeurs Antoine Garcin et Florian Cafiero jouent parfaitement égayent avec ferveur leur scène du V, se répondant des loges au-dessus de la fosse. Seul Marc Barrard convainc moins, non pas par la voix, plutôt agréable dans le grave, ni par une diction précise, mais parce qu’on le sent moins présent et régulièrement en difficulté pour s’adapter à la battue du chef, qu’il peine à lâcher du regard.
Chez les dames, Sylvie Brunet-Grupposo (Gertrude) a le français le moins évident de la soirée, mais tient une reine engagée, fantastique dans le duo avec son fils lorsqu’elle lui fait part de ses tourments. Reste le mystère Patrizia Ciofi, adorée sur les scènes françaises et déclenchant un tonnerre d’applaudissements après Pâle et blonde. Pourtant, en plus d’avoir perdu appui en pleine phrase au trio, on trouve dès le début son timbre peu adapté à la jeune Ophélie, tandis que le souffle manque régulièrement et que les aigus sont péniblement atteints ou nécessitent une émission plus métallique pour atteindre la dernière octave.
En fosse, l’Orchestre de l’Opéra de Marseille montre encore une fois la progression de ces dernières années et prouve qu’il a retrouvé le niveau des meilleures formations françaises, non seulement dans sa justesse, mais aussi dans la chaleur des cordes et les couleurs de sa petite harmonie. S’il joue parfois trop fort et couvre un chœur au demeurant excellent, il sait diminuer le volume pour s’adapter aux chanteurs à travers la proposition très symphonique de Lawrence Foster.
L’écriture touffue d’Ambroise Thomas profite alors de chacun des soli et accompagnements, plus particulièrement du premier cor, de la flûte, de la clarinette et du hautbois, ou des deux harpes placées dans une loge à jardin. Sans rechercher une lecture particulièrement aérée, le chef américain porte le dense matériau musical avec un magnifique dramatisme et un lyrisme très présent.
Lui qui a dirigé les deux fins alternatives choisit ici la version de Paris de 1868 et couronne Hamlet plutôt que de le tuer. En regard du chanteur qu’il avait ce soir pour le rôle-titre, on ne peut que défendre son choix.
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Opéra, Marseille Le 02/10/2016 Vincent GUILLEMIN |
| Reprise d’Hamlet d’Ambroise Thomas dans la mise en scène de Vincent Boussard sous la direction de Lawrence Foster à l’Opéra de Marseille. | Ambroise Thomas (1811-1896)
Hamlet, opéra en cinq actes et sept tableaux
Livret de Jules Barbier et Michel Carré d’après le drame de Shakespeare
Chœur et Orchestre de l’Opéra de Marseille
direction : Lawrence Foster
mise en scène : Vincent Boussard
décors : Vincent Lemaire
costumes : Katia Duflot
Ă©clairages : Guido Levi
Avec : Patrizia Ciofi (Ophélie), Sylvie Brunet-Grupposo (Gertrude), Jean-François Lapointe (Hamlet), Marc Barrard (Claudius), Rémy Matthieu (Laërte), Patrick Bolleire (Le Spectre), Samy Camps (Marcellus), Christophe Gay (Horatio), Jean-Marie Delpas (Polonius), Antoine Garcin, Florian Cafiero (fossoyeurs), Julien Degremont (double du spectre). | |
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