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CRITIQUES DE CONCERTS |
31 octobre 2024 |
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Concert de l’Orchestre national de France sous la direction de Giancarlo Guerrero, avec la participation du violoniste Sergei Khachatryan à la Maison de la radio, Paris.
Chacun pour soi
Un concert où l’étonnement le dispute à l’ennui. Comment peut-on banaliser à ce point un programme aussi prometteur ? Diriger orchestre et concerto sans les unir ? Et jouer sa partition sans se soucier des autres ? Sous la direction de Giancarlo Guerrero, l’Orchestre national de France se montre sous un jour indigne et le gentil Sergey Khatchatryan transparent.
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Auditorium de la Maison de la Radio, Paris
Le 13/10/2016
Claude HELLEU
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Complicité artistique
Sombre Volga
Hommage au réalisme poétique
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En hors d’œuvre gentillet, les Fandangos de Roberto Sierra monopolisent cuivres, cors et bois à tour de rôle et ensemble pour imposer un rythme sans surprise sur des sonorités de même, avant que le jeune Arménien Sergey Khachatryan, premier prix du Concours Jean Sibelius en 2000, entre en scène pour jouer le Concerto pour violon du maître finlandais.
Pianissimo, le son droit effilé dont il l’aborde, à la limite de la transparence, est vite couvert par l’orchestre après un dialogue de sourds avec des violoncelles indifférents. Soliste solitaire, Khachatryan suit ses rêves sans jamais s’imposer au premier plan de ses partenaires cependant qu’à ses côtés, mais sans un regard à son égard, Giancarlo Guerrero bat la mesure à deux bras symétriques et occulte les sonorités fragiles. Chacun pour soi, les pupitres suivent plus ou moins précisément le mouvement général jusqu’à la cadence qui les délivre de tout effort. Le violoniste y confirme une virtuosité brillante et un romantisme nimbé de langueur avec quelques phrasés qui s’éternisent.
Le lyrisme si personnel du mouvement lent n’existe que dans nos mémoires. Les à -peu-près du National, l’évanescence du soliste disparu sous la lourdeur de la direction trahissent cet Andante grazioso. Ce ne sont pas les temps marqués comme ceux des Fandangos précédents qui nous consoleront dans un Finale à l’emporte-pièces, où le violoniste réapparaît dans une cadence dont il affronte les difficultés avec la même réserve un peu inquiète.
Il fallait un bel optimisme pour espérer que, malgré cette pesanteur du chef et l’apathie des musiciens, les Valses nobles et sentimentales de Ravel auraient une chance de nous séduire. Qu’en dire ? Quelques fortissimi en soufflets censés diversifier la suite des huit pièces aux séductions si nuancées n’en peuvent mais : l’ennui règne, sans noblesse ni sentiment, indifférencié. Quand des interprètes non seulement se moquent de toute homogénéité mais ne s’embarrassent pas de détails, pourquoi l’auditeur se croirait-il obligé d’en dénicher derrière la platitude dont ils banalisent une si belle partition ?
Originaire du Costa Rica, Giancarlo Guerrero exalterait-il mieux le caractère de la Sinfonia de Buenos Aires d’Astor Piazzolla ? Le chantre du tango l’élargit là à l’orchestre symphonique. Tutti initial dans un de ces fortissimi défoulants, dilution en sautes chaloupées ici peu sensuelles, à leur tour ponctuées d’éclats assourdissants, cuivres bruyants, bois sans âme, cordes inexistantes, uniformité de l’emportement tourbillonnant de l’orchestre, où se tissent les émois du tango ?
Le caractère voulu barbare du troisième mouvement se contente d’être brutal. Les pupitres rivalisent de neutralité, dominés par un percussionniste qui, lui, s’en donne à cœur joie et ponctue la seule précision de l’ensemble sur ses coups pile assénés. Courte et douce pause du violon solo de l’orchestre avant que la fureur de la dernière danse ne réussisse son apocalypse.
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Auditorium de la Maison de la Radio, Paris Le 13/10/2016 Claude HELLEU |
| Concert de l’Orchestre national de France sous la direction de Giancarlo Guerrero, avec la participation du violoniste Sergei Khachatryan à la Maison de la radio, Paris. | Roberto Sierra (*1953)
Fandangos pour orchestre
Jean Sibelius (1865-1957)
Concerto pour violon et orchestre en ré mineur, op. 47
Sergey Khatchatryan, violon
Maurice Ravel (1875-1937)
Valses nobles et sentimentales
Astor Piazzolla (1921-1992)
Sinfonia Buenos Aires op. 15
Orchestre national de France
direction : Giancarlo Guerrero | |
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