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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de Thomas Hengelbrock à la Philharmonie de Paris.
Concert sous la croix
Chef associé de l’Orchestre de Paris, Thomas Hengelbrock n’apparait que trois fois cette saison et développe une réflexion autour de deux œuvres religieuses de Bach et de l’ultime partition de Bernd Aloïs Zimmermann. Intellectuel, ce programme vient contrebalancer les ouvrages romantiques plus célèbres dirigés en 2016-2017 par le directeur musical Daniel Harding.
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Thomas Hengelbrock a préparé pour la Philharmonie de Paris un parcours théologique d’une heure trente minutes sans entracte associant la première partie de la Passion selon Saint Jean et la Cantate BWV 60 de Bach à l’Action ecclésiastique de Bernd Alois Zimmermann, œuvre dont la citation finale aux cuivres est tirée du choral conclusif Es ist genug de la seconde pièce du Cantor de Leipzig jouée lors de ce concert.
Environ soixante-dix musiciens, le chœur mixte, les solistes et les deux récitants entrent directement afin de convier un public particulièrement concentré à un spectacle spirituel, sous la présence d’une croix en bois sur la scène de la Philharmonie, qui servira de percussion dans la pièce médiane lorsqu’elle sera frappée des coups de marteau rappelant le supplice du Christ.
Peu coutumier du répertoire baroque, l’Orchestre de Paris semble parfois manquer de naturel dans la Passion et malgré les superbes soli du premier d’entre eux, Roland Daugareil, les violons pourtant nombreux ne trouvent jamais totalement la dynamique des deux pièces de Bach, là où les violoncelles et surtout les contrebasses persuadent totalement. Dans les vents, les hautbois très utilisés au début proposent des sonorités moins agréables que lorsqu’ils doivent exprimer le lyrisme de pièces plus tardives, et laissent le premier rôle à l’excellent basson.
Plus dans les gènes de l’orchestre même s’il découvre l’œuvre pour la première fois, l’Action ecclésiastique traduite pour l’occasion en français trouve des cuivres chauds et impactants autant que des cordes parfaites pour porter les sonorités acres et les longues blanches plaintives de cette partition moderne. L’œuvre transpire la dépression d’un compositeur qui se suicidera quelques semaines après la composition, non tant par les textes récités par la voix limpide de Georges Lavaudant et celle plus triste et plus âgée d’André Wilms, tiré de l’Ecclésiaste, la Bible de Luther ou les Frères Karamazov, mais surtout par la longue déploration superbement portée par le baryton Georg Nigl.
Autour, les Bach profitent d’une distribution correcte d’où ressort la précision du ténor Lothar Odinius et l’engagement de la mezzo Ann Hallenberg, ainsi que les moments lumineux dus à la jeune soprano au timbre empli de clarté d’Anna Lucia Richter. Georg Nigl tient ses nombreuses interventions sans marquer autant que dans la pièce plus récente et semble fatiguer sur la fin, tandis que le chœur, toujours aussi bien préparé par Lionel Sow, passe d’exalté dans la Passion à plus austère dans la Cantate, sans doute maintenue dans cette vision à la demande de Thomas Hengelbrock, chef toujours précis parvenant à parfaitement coordonner musiques et instrumentistes toute la soirée.
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Philharmonie, Paris Le 20/10/2016 Vincent GUILLEMIN |
| Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de Thomas Hengelbrock à la Philharmonie de Paris. | Johannes Sebastian Bach (1685-1750)
Johannes-Passion BWV 245 (Première Partie)
Cantate BWV 60 « O Ewigkeit, du Donnerwort »
Anna Lucia Richter, soprano
Ann Hallenberg, mezzo-soprano
Lothar Odinius, ténor
Georg Nigl, baryton
Bernd Aloïs Zimmermann (1918-1970)
Action ecclésiastique, pour deux récitants, baryton et orchestre
Georges Lavaudant & André Wilms, récitants
Georg Nigl, baryton
Chœur de l’Orchestre de Paris
préparation : Lionel Sow
Orchestre de Paris
direction : Thomas Hengelbrock | |
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