Commandé par la Fondation Koussevitzky et créé à Boston par Charles Munch en 1961, le Gloria de Francis Poulenc amené en Europe dès le mois suivant fut donné en première française par l’Orchestre National sous la direction de Georges Prêtre. Repris cette saison par le même orchestre, il trouve dans son introduction sous la baguette impressionnante d’économie de moyens du grand Bernard Haitink une approche très allemande, où l’on pourrait trouver le rendu plus adapté aux pièces religieuses d’Anton Bruckner qu’à celle du compositeur du Groupe des Six.

Pourtant, une réelle ferveur se dégage de l’exécution et d’un orchestre dont on ne peut que se réjouir du gain de caractère à chaque concert ces dernières semaines. L’appui rigoureux des cordes fait entrer dans le Laudamus te avec une certaine finesse, dominée par un Chœur de Radio France superbe d’ampleur et de précision dans toutes les tessitures. Dans Domine Deus, la gravité mêlée de délicatesse du chef néerlandais fait ressortir les accords du premier hautbois en même temps que la voix de Patricia Petibon, toujours impressionnante pour tuber les notes et monter sur le mot Domine, puis sur Qui sedes en dernière partie de l’œuvre, mais sans l’éclat ni la clarté de timbre de 2013 avec l’Orchestre de Paris et Paavo Järvi.

Daphnis et Chloé de Maurice Ravel programmé ensuite l’est bien évidemment sans danseur, mais avec le chœur et dans sa version intégrale plutôt que dans l’habituelle Suite n° 2. Et déjà l’introduction fascine, parce que l’orchestre et ses cordes fines sont portés avec une incroyable beauté dans des sonorités emplies des wagnérismes dorés du Rhin, et parce qu’elle annonce le niveau de maîtrise absolue du chef néerlandais, toujours très peu démonstratif mais qui ne perd jamais un instant l’ouvrage. Dans la même atmosphère féérique, le Lever du jour trouve par ses sonorités en apesanteur un lien avec une certaine Alpensinfonie, exaltées par les couleurs des flûtes et des clarinettes, en plus du chœur en élévation.

Auparavant on avait déjà adoré les danses ; la religieuse toute en retenue, puis celle des jeunes filles, valseuse, et la grotesque pas si caricatural que cela, sauf dans les accords jazzy aux cuivres. Des instrumentistes à louer en plus des pupitres de bois précités, ajoutons la clarinette basse, le cor anglais et les bassons, ainsi que les harpes et le premier violon Luc Héry. Bernard Haitink coordonne une dernière fois toute la formation pour un majestueux Finale, et remet en avant le Chœur magnifiquement préparé par Sofi Jeannin.

En espérant une parution de l’enregistrement live de cette soirée et un retour très rapide du chef au pupitre parisien.




Concert disponible en réécoute sur France Musique.