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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert des Berliner Philharmoniker Bruckner sous la direction de Christian Thielemann Ă la Philharmonie de Berlin.
Bruckner sans âme
Alors qu’il proposait lors de ses deux concerts annuels avec les Berliner Philharmoniker des programmes éclectiques et non germaniques ces dernières années, Christian Thielemann revient à ses amours avec deux concerts Bruckner, dont la Messe n° 3 pour le premier, bien tenue mais moins marquante que le concerto de Gubaïdoulina par Gidon Kremer.
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Est-ce le fait de n’avoir pas été choisi comme futur directeur musical ou un simple fruit du hasard ? Toujours est-il qu’après plusieurs saisons où se mélangeaient dans ses programmes avec les Berliner Chopin, Messiaen, Tchaïkovski, Verdi ou Reimann, cette année Christian Thielemann revient à ses passions avec deux concerts Bruckner, le premier étant précédé d’une œuvre contemporaine de Sofia Gubaïdoulina.
Plutôt que de créer des œuvres dont la chance d’être rejouée est rare, le chef berlinois aborde le répertoire contemporain en privilégiant de redonner des ouvrages récents, comme ce soir avec In tempus praesens, lien intéressant entre une pièce créée par les Berliner eux-mêmes en 2007 à Lucerne avec Anne-Sophie Mutter et Simon Rattle, et le fait que la compositrice russe soit pour la seconde fois Kapellkomponistin de la Staatskapelle de Dresde, dont Thielemann est directeur musical.
Sous l'archet de Gidon Kremer, l’œuvre trouve une introspection plus forte que sous celui de la dédicataire il y a dix ans, attirante dans une introduction devant beaucoup à Telemann et dans une cadence superbe en milieu de pièce. Le reste du temps, soit pendant une trentaine de minutes, le violon du Letton semble cependant un peu petit par rapport à la fantastique masse orchestrale déployée, notamment lors de la répétitivité d’un arpège débutant d’abord aux cordes avant de s’étendre à tout l’ensemble, à la façon du thème de l’Allegretto dans la Septième Symphonie de Chostakovitch, montrant une maîtrise absolue du chef et un orchestre rarement entendu à ce niveau.
La Messe n° 3 en fa majeur jouée ensuite laisse en revanche une sensation mitigée lorsqu’elle se conclut. Comme l’an passé dans le Requiem de Fauré, le Rundfunkchor Berlin préparé par Gijs Leenaars est splendide mais ne trouve pas plus que l’orchestre une émotion que le chef semble ne pas vouloir insuffler à cette pièce religieuse. Des moments de grâce apparaissent certes lors du Credo et du Benedictus lorsque Thielemann met en avant ses altos, mais le reste du temps, les premiers violons prennent systématiquement le dessus, et s’ils sont superbes, le premier d’entre eux, Daniel Stabrawa, étant même fascinant à chaque solo, ils n’en parviennent pas pour autant à l’élévation.
Le quatuor de solistes plus qu’honorable fait ressortir les graves puissants et chauds de Franz-Josef Selig, mais laisse apparaître deux prestations moins poignantes chez Wiebke Lehmkuhl et Michael Schade, tandis que la soprano Anne Schwanewilms alterne montées dans l’aigu très maîtrisées et phrasés moins précis, ne parvenant pas à toucher dans beaucoup de ses interventions, même dans l’Agnus dei. Surtout, le fait de jouer l’œuvre à la Philharmonie et non dans une église, en choisissant de surcroît un effectif mesuré, fait ressortir avec évidence les imperfections d’une partie orchestrale composée entre la Nullte Symphonie et la Symphonie n° 1, moins audibles lorsque le son est plus compact.
On note tout de même la prestation de quelques instrumentistes toujours aussi splendides, comme Albrecht Mayer au hautbois et Emmanuel Pahud à la flûte, ou comme un timbalier toujours décisif, mais le concert s’achève sans réelle émotion et trouve d’ailleurs des applaudissements plus modérés qu’habituellement à Berlin avec ce chef, le chœur étant finalement le grand triomphateur de la seconde partie de soirée.
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Philharmonie, Berlin Le 10/12/2016 Vincent GUILLEMIN |
| Concert des Berliner Philharmoniker Bruckner sous la direction de Christian Thielemann Ă la Philharmonie de Berlin. | Sofia GubaĂŻdoulina (*1931)
In tempus praesens, concerto pour violon et orchestre
Gidon Kremer, violon
Anton Bruckner (1824-1896)
Messe n° 3 en fa majeur
Anne Schwanewilms, soprano
Wiebke Lehmkuhl, alto,
Michael Schade, ténor
Franz-Josef Selig, basse
Rundfunkchor Berlin
préparation : Gijs Leenaars
Berliner Philharmoniker
direction : Christian Thielemann | |
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