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CRITIQUES DE CONCERTS 21 décembre 2024

Reprise de Roméo et Juliette dans la chorégraphie d’Angelin Preljocaj au Théâtre national de Chaillot, Paris.

Roméo sans une ride
© J.C. Carbone

Vingt ans après sa création et le tour du monde qui a suivi, le Roméo et Juliette vu par le chorégraphe Angelin Preljocaj et le dessinateur Enki Bilal reste tout aussi surprenant. La compagnie est remarquable et la chorégraphie très technique en bénéficie. Un spectacle toujours aussi fort en cette fin d’année au Théâtre national de Chaillot.
 

Théâtre national de Chaillot, Paris
Le 16/12/2016
GĂ©rard MANNONI
 



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  • MĂŞme si ces images sont gravĂ©es dans notre mĂ©moire, elles nous parlent toujours autant. Ce lieu lourd d’angoisse, indĂ©finissable, inquiĂ©tant, crĂ©Ă© par Enki Bilal qui signe aussi les Ă©tranges costumes avec Fred Sathal, transpose l’action dans un monde totalitaire, militaire, oppressant, oĂą l’amour ne peut avoir droit de citĂ©. L’affrontement des clans vĂ©ronais se transforme en celui d’oppresseurs contre oppressĂ©s, de la brutalitĂ© rĂ©pressive contre la bravoure de la jeunesse.

    Preljocaj se complait-il un peu trop dans ces scènes de bataille qui prennent le pas sur l’histoire elle-même ? Il a refondu tout le drame en quelques séquences, utilisant des passages de la partition de Prokofiev reliés par des créations sonores de Goran Vejvoda, sous les très habiles lumières de Jacques Châtelet, travaillées, jamais indifférentes. L’histoire est certes racontée de manière très elliptique mais comme on la connaît plus que par cœur, il suffit de peu pour qu’on s’y retrouve et qu’on suive ce qui est l’essentiel de la structure du drame. Et d’ailleurs l’essentiel n’est pas là.

    Ce qui impressionne est la qualité du langage chorégraphique mis en place par Préljocaj en ce début de sa grande carrière et celle de ses interprètes. On est dans le classique sans y être vraiment ni tout le temps car le corps est utilisé aussi de mille manière que l’on pourrait qualifier de plus théâtrales ou d’étrangères au langage classique pur. Et pourtant il y a aussi floraison d’arabesques et de tours en l’air, ces derniers maîtrisés magistralement par les danseurs. Sans excès de mélodrame scènes d’amour et de mort sont traitées avec force mais parfois de façon presque allusive, avec aussi, quand il le faut, beaucoup de sensualité.

    Bref, Preljocaj a fait des choix précis, personnels, et il les maîtrise en tous domaines, aboutissant à un spectacle cohérent, homogène, aux grandes qualités plastiques et regorgeant de très belle danse. La preuve, toujours, que les œuvres vraiment fortes sont hors du temps et hors des modes. Et, encore une fois, c’est remarquablement défendu, par le couple de héros, Virginie Caussin (Juliette), Redi Shtylla (Roméo) et tous les autres, dont l’étonnante nourrice dédoublée, Margaux Coucharrière et Verity Jacobsen, une si belle idée de théâtre !




    Théâtre national de Chaillot, Paris
    Le 16/12/2016
    GĂ©rard MANNONI

    Reprise de Roméo et Juliette dans la chorégraphie d’Angelin Preljocaj au Théâtre national de Chaillot, Paris.
    Roméo et Juliette
    chorégraphie : Angelin Preljocaj
    décor : Enki Bilal
    costumes : Enki Bilal & Fred Sathal
    musique : Serge Prokofiev
    création sonore : Goran Vejvoda
    éclairages : Jacques Châtelet
    Pièce remontée part Youri Aaron Van den Bosch

     


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