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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Reprise de Roméo et Juliette dans la chorégraphie d’Angelin Preljocaj au Théâtre national de Chaillot, Paris.
Roméo sans une ride
Vingt ans après sa création et le tour du monde qui a suivi, le Roméo et Juliette vu par le chorégraphe Angelin Preljocaj et le dessinateur Enki Bilal reste tout aussi surprenant. La compagnie est remarquable et la chorégraphie très technique en bénéficie. Un spectacle toujours aussi fort en cette fin d’année au Théâtre national de Chaillot.
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Même si ces images sont gravées dans notre mémoire, elles nous parlent toujours autant. Ce lieu lourd d’angoisse, indéfinissable, inquiétant, créé par Enki Bilal qui signe aussi les étranges costumes avec Fred Sathal, transpose l’action dans un monde totalitaire, militaire, oppressant, où l’amour ne peut avoir droit de cité. L’affrontement des clans véronais se transforme en celui d’oppresseurs contre oppressés, de la brutalité répressive contre la bravoure de la jeunesse.
Preljocaj se complait-il un peu trop dans ces scènes de bataille qui prennent le pas sur l’histoire elle-même ? Il a refondu tout le drame en quelques séquences, utilisant des passages de la partition de Prokofiev reliés par des créations sonores de Goran Vejvoda, sous les très habiles lumières de Jacques Châtelet, travaillées, jamais indifférentes. L’histoire est certes racontée de manière très elliptique mais comme on la connaît plus que par cœur, il suffit de peu pour qu’on s’y retrouve et qu’on suive ce qui est l’essentiel de la structure du drame. Et d’ailleurs l’essentiel n’est pas là .
Ce qui impressionne est la qualité du langage chorégraphique mis en place par Préljocaj en ce début de sa grande carrière et celle de ses interprètes. On est dans le classique sans y être vraiment ni tout le temps car le corps est utilisé aussi de mille manière que l’on pourrait qualifier de plus théâtrales ou d’étrangères au langage classique pur. Et pourtant il y a aussi floraison d’arabesques et de tours en l’air, ces derniers maîtrisés magistralement par les danseurs. Sans excès de mélodrame scènes d’amour et de mort sont traitées avec force mais parfois de façon presque allusive, avec aussi, quand il le faut, beaucoup de sensualité.
Bref, Preljocaj a fait des choix précis, personnels, et il les maîtrise en tous domaines, aboutissant à un spectacle cohérent, homogène, aux grandes qualités plastiques et regorgeant de très belle danse. La preuve, toujours, que les œuvres vraiment fortes sont hors du temps et hors des modes. Et, encore une fois, c’est remarquablement défendu, par le couple de héros, Virginie Caussin (Juliette), Redi Shtylla (Roméo) et tous les autres, dont l’étonnante nourrice dédoublée, Margaux Coucharrière et Verity Jacobsen, une si belle idée de théâtre !
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Théâtre national de Chaillot, Paris Le 16/12/2016 Gérard MANNONI |
| Reprise de Roméo et Juliette dans la chorégraphie d’Angelin Preljocaj au Théâtre national de Chaillot, Paris. | Roméo et Juliette
chorégraphie : Angelin Preljocaj
décor : Enki Bilal
costumes : Enki Bilal & Fred Sathal
musique : Serge Prokofiev
création sonore : Goran Vejvoda
éclairages : Jacques Châtelet
Pièce remontée part Youri Aaron Van den Bosch | |
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