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CRITIQUES DE CONCERTS |
30 décembre 2024 |
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Suite de l’Intégrale des symphonies de Bruckner par la Staatskapelle Berlin sous la direction de Daniel Barenboim à la Philharmonie de Paris.
Bruckner jeune mais fatigué
Daniel Barenboïm a clos l’année musicale parisienne 2016 au TCE et ouvre 2017 dans la salle Boulez de la Philharmonie de Paris, continuant l’intégrale des symphonies de Bruckner débutée en septembre, avec cette fois les trois premières, toujours couplées à des concertos pour piano de Mozart et exceptionnellement ce premier soir à une symphonie concertante.
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Bons baisers d’Eltsine
Chambre déséquilibrée
Régal ramiste
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Après les symphonies 4 à 7 en septembre et avant les deux dernières en 2018, Daniel Barenboïm poursuit à Paris son intégrale du corpus brucknérien en sortant dans le même temps pour Deutsche Grammophon une nouvelle proposition (sa troisième) au disque. Alors que tous les autres soirs les symphonies sont précédées d’un concerto de Mozart dirigé du piano, le premier concert de cette reprise débute sur la Symphonie concertante pour violon et alto KV 364.
Nous évoquions l’année passée déjà le qualificatif qui nous vient face au Mozart de Barenboïm : classique, dans le sens littéral du terme. Cette sonorité rarement entendue de nos jours manque toutefois clairement ici de vitalité et de dynamique par rapport à ce que d’autres ont pu apporter depuis trente ans. Il en va donc ainsi de la Symphonie concertante pour laquelle l’un des premiers violons de la Staatskapelle Berlin, Wolfram Brandl, répond à sa collègue l’altiste Yulia Deyneka par une prestance bien maîtrisée où l’on peine juste à trouver le souffle nécessaire pour vraiment stimuler la partition.
Plus souple que l’alto, le violon semble plus adapté à la tonalité de l’orchestre, même si la demande d’accorder un demi-ton plus haut l’instrument le plus grave des deux provient de Mozart lui-même. Le solo d’entrée du violon dans l’Andante est le plus beau moment de cette première partie, qui parvient presque à réveiller un accompagnement serein mais un peu froid.
Reprise des hostilités après l’entracte avec la première des symphonies numérotées d’Anton Bruckner, celle en ut mineur. La comparaison avec les enregistrements à la tête du Chicago Symphony Orchestra puis des Berliner Philharmoniker montre que les choix de Barenboïm n’ont guère évolué ; il utilise la même édition Novak (1953) de la mouture originale (Linz 1866) intégrant quelques retouches viennoises, et débute par un Allegro molto moderato aéré, porté par une formation orchestrale de très haut niveau, notamment son premier violon, soliste dès le deuxième thème.
Pourtant, Barenboïm peine à soutenir l’intérêt dans cette œuvre de prématurité (le terme de jeunesse ne convenant pas à une pièce écrite à plus de quarante ans) et son regard n’est ni assez intellectuel pour mettre en exergue toute la complexité de l’écriture brucknérienne, ni assez puissant pour insuffler suffisamment de densité, d’autant qu’il joue par trop avec l’acoustique de la Philharmonie de Paris, demandant des pianissimi tellement faibles au premier cor qu’ils sont parfois à peine audibles, ou certains effets assez surfaits pour laisser traîner les notes dans toute leur longueur grâce à la large réverbération de la salle.
Le Scherzo est attaqué trop lourdement et ne vaut que pour son trio médian et les pizzicati des premiers violons, ce groupe étant ensuite trop mis en avant par le délié et l’appui des archets, déséquilibré par rapport au reste de l’orchestre. Encore plus massif, l’Allegro con fuoco conclusif sera le mouvement le moins intéressant de la soirée. L’orchestre berlinois venant d’arriver en France commence à montrer des signes de fatigue, tout comme le public d’une Philharmonie dans laquelle même les auditeurs passionnés auront été déstabilisés par des quintes de toux et des applaudissements intempestifs après chaque mouvement. La formation de Barenboïm est assurément devenue l’une des plus belles au monde, mais il y a sans conteste proposition plus fine et plus énergique à apporter à la coda comme à toute cette Première Symphonie de Bruckner.
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Philharmonie, Paris Le 05/01/2017 Vincent GUILLEMIN |
| Suite de l’Intégrale des symphonies de Bruckner par la Staatskapelle Berlin sous la direction de Daniel Barenboim à la Philharmonie de Paris. | Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Symphonie concertante pour violon et alto KV 364
Wolfram Brandl, violon
Yulia Deyneka, alto
Anton Bruckner (1824-1896)
Symphonie n° 1 en ut mineur
Staatskapelle Berlin
direction : Daniel Barenboïm | |
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