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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Récital de la soprano Aleksandra Kurzak et du ténor Roberto Alagna dans la série des Grandes Voix au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
Répertoires contrastés
Roberto Alagna et sa très belle épouse Aleksandra Kurzak ont tenté de donner une part égale, dans ce récital des Grandes voix au Théâtre des Champs-Élysées, au chant français et au chant italien. Reconnaissons que le second sort largement vainqueur en tous domaines. Question de choix des extraits, peut-être, mais pas seulement.
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Pas si facile de sortir des sentiers battus dans le répertoire français d’opéra pour ce genre de concert. Hors de son contexte, le duo de Faust et de Marguerite Il se fait tard perd de son relief, même s’il permet à Aleksandra Kurzak de nous gratifier d’emblée d’aigus limpides comme de l’eau de source et pleins d’une belle lumière.
Toutes qualités que l’on retrouve, après l’intermède orchestral précédant l’acte III de Carmen très bien interprété par la flûte solo de l’Orchestre de Picardie, pour l’air de d’Elisabetta de Don Carlo de Verdi Tu che la vanita, seule excursion hors France de cette première partie de la soirée, même si l’ouvrage fut créé en français. Les aigus sont superbes, fusent avec naturel, en gardant toujours rondeur et couleur chatoyante, même si l’on a entendu des Elisabeth au médium plus affirmé. Aleksandra Kurzak a au moins pour elle la vraie jeunesse et ne poitrine pas inutilement.
L’air de Samson que défend ensuite Roberto Alagna avec beaucoup de musicalité et un phrasé modelé avec autant de maîtrise que de goût précède une ouverture du Roi de Lahore de Massenet menée comme une charge de cavalerie par le chef Giorgio Croci. Cette première partie s’achève par le duo de Nadir et Leila des Pêcheurs de perles, Ton cœur n’a pas compris le mien, sans que, malgré l’excellence du chant, musicalement, on ne reste pas un peu sur sa faim. Mais il est vrai que l’on ne peut pas toujours en rester aux mêmes standards de notre opéra national. Ils ne sont pas si nombreux.
Dès que l’on franchit la frontière italienne avec la Sinfonia de la Giovanna d’Arco de Verdi, on change d’univers. D’autant que vient tout de suite l’admirable duo d’Otello et Desdémone, Già nella notte densa. Les deux chanteurs peuvent alors vraiment déployer toutes les qualités de leurs voix, pureté idéale pour le rôle d’Aleksandra Kurzak, vaillance et tendresse parfaites du côté d’Alagna. Un vrai moment d’émotion. Après l’Intermezzo de Manon Lescaut, forcément l’un des sommets de la soirée avec E lucevan le stelle de Tosca où Roberto Alagna peut déployer toute la richesse d’un timbre unique et la puissance d’émission qui en fait un des rois de ce répertoire. Triomphe et hurlements de joie dans la salle !
Très belle interprétation ensuite de l’air d’Adrienne Lecouvreur de Cilea, Ecco, respiro appena, par Kurzak, voix décidément d’une qualité rare, avec ce timbre si lumineux, ces aigus de rêve et une forte capacité d’expression dramatique. Et pour finir, après l’ouverture de la Fille du régiment, elle aussi menée tambour battant par le chef, Madame et Monsieur Alagna terminent ce programme avec le très joyeux duo Caro Elisir de l’Élixir d’amour de Donizetti, joué et chanté avec une verve de vrais comédiens et des moyens de grands chanteurs.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 09/01/2017 Gérard MANNONI |
| Récital de la soprano Aleksandra Kurzak et du ténor Roberto Alagna dans la série des Grandes Voix au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Gounod, Verdi, Saint-Saëns, Massenet, Bizet, Puccini, Cilea, Donizetti
Aleksandra Kurzak, soprano
Roberto Alagna, ténor
Orchestre de Picardie
direction : Giorgio Croci | |
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