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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Suite du cycle Mozart-Bruckner par la Staatskapelle Berlin sous la direction de Daniel Barenboim à la Philharmonie de Paris.
Au milieu du gué
Daniel Barenboïm inaugure 2017 avec le deuxième bloc de son cycle Bruckner-Mozart à la tête de la Staatskapelle de Berlin, qui s’achèvera en 2018. Si le Concerto pour piano n° 22 de Mozart porte en germe les doutes qui se faisaient jour dans les concertos précédents, la Troisième Symphonie de Bruckner alterne exaltation et approximations.
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Cette nouvelle partie du cycle Bruckner-Mozart de Daniel Barenboïm à la tête de la Staatskapelle de Berlin se referme comme la précédente sur une carpe concertante et un lapin symphonique. Le Concerto pour piano n° 22 de Mozart sert de passe-plat un rien décousu par une technique pas toujours irréprochable et des intentions bien rétrogrades. La ligne générale de l'allegro introductif semble en effet bien dure et opaque, le piano est aux abonnés absents côté expressivité et chant.
Multipliant les options aussi personnelles qu'incongrues (accélérations subites, amollissement des phrasés au moment de céder la place à l'accompagnement), Barenboïm ne se montre pas au mieux du redoutable exercice consistant à diriger du piano. La mise en place de l'Andante est délicate, mal ajustée dans le fini et la couleur de l'instrument soliste, dont les interventions en ut mineur semblent se diluer dans un profond ennui, non pas qu'elles manquent d'idées mais à trop systématiquement user d'égrenage en guise d'agogique. Le Finale s'ébroue d'une joie compassée mais communicative – trop tard sans doute pour convaincre d'une interprétation alternant le boutonné et l'approximatif.
Avec sa Troisième Symphonie, Anton Bruckner accède enfin au succès et ce, au prix de nombreuses révisions à la suite de l'échec de la première viennoise. La tension du Gemässigt misterioso s'étire dans le choix d'un tempo à la fois très prudent et quasi didactique. Sans jamais faiblir, notamment chez les pupitres de cuivres et la petite harmonie, la Staatskapelle de Berlin ne semble jamais vraiment poussée dans ses derniers retranchements par une battue assez impavide. L'ébranlement de la coda part de trop loin pour culminer, même si l'on admire le dessin des figures aux cordes.
Une blessure à la main contraint Barenboïm à quitter momentanément le pupitre avant l'Adagio. Incident mineur, bientôt suivi par le malaise d'un contrebassiste, mais il en faut plus pour décontenancer un geste bien rectiligne. La solennité de ce mouvement lent est émaillée par des intonations défaillantes du premier cor et l'impression d'un manque de profondeur dans la qualité des contrastes forte-pianissimo que le chef impose à ses musiciens.
Davantage d'émotions dans le Scherzo, où le souci de contenir les accidents dans les scansions semble disparaître dans le Trio au profit d'une volonté de porter le chant au plus haut point. Le Finale est puissamment sonore mais d'une énergie un rien fanée qui amoindrit l'agilité et l'étagement des thèmes. On attend avec impatience la saison prochaine et les deux derniers opus du maître de Saint-Florian pour pouvoir apprécier l'évolution de cette intégrale avec la Staatskapelle de Berlin.
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Philharmonie, Paris Le 07/01/2017 David VERDIER |
| Suite du cycle Mozart-Bruckner par la Staatskapelle Berlin sous la direction de Daniel Barenboim à la Philharmonie de Paris. | Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Concerto pour piano n° 22 en mib majeur KV 482
Anton Bruckner (1824-1896)
Symphonie n° 3 en ré mineur
Version 1877
Staatskapelle Berlin
piano & direction : Daniel Barenboïm | |
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