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CRITIQUES DE CONCERTS |
30 décembre 2024 |
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Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de Cornelius Meister, avec la participation de la pianiste Elisabeth Leonskaja à la Philharmonie de Paris.
DĂ©jĂ un Meister
Jeune chef à la direction déjà très affirmée, Cornelius Meister justifie par l’action ce qu’il a énoncé en entretien, en se servant avec splendeur de la transparence et des couleurs de l’Orchestre de Paris et de l’acoustique de la Philharmonie pour déployer le magnifique poème symphonique Die Seejungfrau de Zemlinsky.
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Bons baisers d’Eltsine
Chambre déséquilibrée
RĂ©gal ramiste
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Suivi depuis plusieurs années dans nos colonnes, Cornelius Meister avait à nouveau profondément convaincu dans son Vaisseau fantôme de l’Opéra des Flandres en décembre, en montrant un jeu clair et fluide mais jamais vide, à l’inverse de beaucoup de jeunes chefs. Son ouverture du Freischütz à la Philharmonie affiche ce soir la même jeunesse et la même flamboyance, et déjà une évidente maturité pour jouer avec les silences et imbriquer parfaitement tous les thèmes de Weber.
Cette brillance dans la coda garde toujours une légèreté impressionnante, et ce malgré un orchestre en grande formation, avec pas moins de huit contrebasses et quatre cors – ces derniers pas toujours parfaits. Le Concerto pour piano n° 5 de Beethoven proposé ensuite bénéficie de la présence d’Elisabeth Leonskaja, superbe dans nombre de passages, qu’elle semble pourtant traiter dans la finesse d’un Schumann plus que dans l’héroïsme d’un opus tardif du maître de Bonn. Elle est suivie dans cette lecture fine par le chef allemand, très convaincant dans l’Adagio mais certainement pas assez exalté dans le Rondo final.
La fatigue marquée de la pianiste à partir du mouvement médian oblige parfois Meister à la surveiller ou même rattraper dans le dernier mouvement quelques vraies erreurs de notes, toutefois peu dérangeantes par rapport à l’intelligence d’une proposition pourtant plus adaptée à un concerto médian du compositeur. Leonskaja revient pour un bis où elle peut donner à nouveau sa grandeur d’artiste de récital, dans un Impromptu n° 3 du premier cahier de Schubert impressionnant de grâce et de justesse, dans lequel elle joue à loisir avec des arpèges aigus très présents sur le Steinway qu’elle a sélectionné parmi les cinq de la Philharmonie.
La Petite sirène de Zemlinsky programmĂ©e en seconde partie revient visiblement au goĂ»t du jour dans les programmes français, et si ce poème symphonique a longtemps Ă©tĂ© masquĂ© par le PellĂ©as et MĂ©lisande de Schoenberg crĂ©Ă© Ă la mĂŞme soirĂ©e en 1905, il a retrouvĂ© dans la capitale une place importante avec dĂ©jĂ une proposition de l’Orchestre de Paris et Juraj Valčuha en 2013, et la saison passĂ©e celle d’Emmanuel Krivine et l’Orchestre national de France.
Pour ce premier concert de l’orchestre en 2017, la direction de Cornelius Meister montre une nette supériorité face aux deux chefs précités. Le poème est comme l’œuvre de Schoenberg un mélange de thèmes narratifs et de musique libérée. L’introduction des contrebasses et de la harpe suit celle des violons avec puissance et des sonorités très viennoises, ainsi qu’une belle transparence dans la petite harmonie intervenant juste après et portée par la magnifique première flûte et par la belle clarinette basse. Puis l’attaque du Stradivarius 1708 du premier violon Roland Daugareil déploie toute la sentimentalité du thème de la Petite sirène, retrouvée par la suite pendant les trois quart d’heure que dure l’œuvre, mélangée aux soli du premier violoncelle représentant le prince.
Les effluves marines portées par les cordes comme tous les thèmes tirés du conte d’Andersen par le génie oublié trouvent une interprétation quasi référente dans la tenue de ligne et la majesté de Cornelius Meister, un chef à suivre à partir de la saison prochaine à l’Opéra de Stuttgart, où il remplacera Sylvain Cambreling pour un mandat de six ans.
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Philharmonie, Paris Le 11/01/2017 Vincent GUILLEMIN |
| Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de Cornelius Meister, avec la participation de la pianiste Elisabeth Leonskaja à la Philharmonie de Paris. | Carl Maria von Weber (1786-1826)
Der FreischĂĽtz, ouverture
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Concerto pour piano n° 5 en mib majeur, op. 73 « l’Empereur »
Elisabeth Leonskaja, piano
Alexander von Zemlinsky (1872-1942)
Die Seejungfrau
Orchestre de Paris
direction : Cornelius Meister | |
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