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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert de l’Orchestre national de France sous la direction d’Olari Elts à l’auditorium de la Maison de la Radio, Paris, dans le cadre du Festival Présences 2017.
Une reine de l’orchestre
Ayant survécu à sa disparition programmée quelques années plus tôt, le Festival Présences 2017 met en avant cette année une grande artiste de notre temps, la compositrice Kaija Saahiaro, très bien représentée ce soir avec deux magnifiques œuvres, True Fire puis Orion, entourées de deux pièces intéressantes d’artistes plus jeunes.
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Malgré les restrictions budgétaires et le peu d’intérêt politique au développement de la culture et de la musique du présent – et donc de l’avenir –, le festival Présences continue son action et propose cette saison une programmation autour de la grande compositrice Kaija Saahiaro, habilement partagée entre pièces de chambre et œuvres pour orchestre, dont deux sont jouées lors du concert du jeudi par l’Orchestre national de France.
La soirĂ©e ouvre sur une pièce d’environ vingt minutes, Polednice (la Sorcière de midi), pour chĹ“ur et orchestre, Ă©crite par Ondřej Adámek et crĂ©Ă©e une première fois en septembre 2013 au festival d’Automne de Varsovie avant d’être retouchĂ©e pour cette nouvelle crĂ©ation Ă Paris cette saison.
ComposĂ©e en trois parties et s’inspirant d’un premier poème symphonique d’AntonĂn Dvořak, l’œuvre fait d’abord sourire avec l’utilisation en introduction de nombreux bruits de la vie de tous les jours, comme des ustensiles de cuisine, des cris d’oiseaux, sons de portes claquĂ©es et autres, associĂ©s Ă des rythmes saccadĂ©s Ă l’orchestre. Le dĂ©veloppement est ensuite mieux construit dans la partie surnaturelle et surtout dans la dernière avec une ultime intervention du chĹ“ur sur le mot cloche, chĹ“ur auparavant très bon dans sa rĂ©tribution dĂ©sincarnĂ©e d’un texte de Karel Jaromir Erben autour du conte de la sorcière.
En seconde partie, une pièce de 2007 d’Helena Tulve donnée en création française, Extinction des choses vues, prouve la belle maîtrise de cette compositrice de 35 ans à l’époque quant à sa capacité à construire un beau crescendo symphonique conduisant vers un tutti orchestral avant de redescendre vers une extinction des sons. Ce travail bien fait n’ôte pas l’idée que la méthode existe depuis plus d’un siècle, mais le matériau musical utilisé est véritablement contemporain et prouve une vraie compréhension des enjeux sonores actuels, avec l’utilisation de toutes les possibilités de chaque instrument en allant chercher la contrebasse sur le bois avec l’archet, ou les bois pour en ressortir un simple bruit de souffle.
Entre ces deux pièces sont insérées deux œuvres de Kaija Saahiaro, prouvant s’il en est encore besoin, et avant la création française l’an prochain à l’Opéra de Paris d’Only the Sound Remains, que cette artiste est l’une des plus importantes de notre époque. Dès le premier des six morceaux de True Fire, la maîtrise musicale, d’un certain point de vue relativement classique mais impeccablement gérée dans la simplicité et l’évidence de ses arrangements, montre la supériorité de la Finlandaise.
Le baryton Davóne Tines présente un timbre sombre façon Willard White et joue comme demandé par la partition avec des expressions appuyées du visage pour porter les textes d’Emerson, Heaney ou encore Darwish, tous chantés en anglais et démontrant en revanche moins d’imagination dans le traitement compositionnel de la voix qu’à l’orchestre.
La dernière pièce proposée, Orion, clôt la soirée avec brio en montrant cette fois encore la qualité d’écriture de Saahiaro avec peut-être sa meilleure partition pour orchestre, autour du personnage mythologique devenu constellation à sa mort. L’univers mystique autant que coloré se retrouve tant dans les tutti explosifs alliant un orchestre symphonique massif et l’orgue de l’auditorium, que dans la mise en avant de superbes soli, d’abord aux flûtes, puis remarquables ensuite à la clarinette et enfin au premier violoncelle, absolument magnifique.
Cette très belle soirée tient toutes ses promesses quant au développement de la création contemporaine et montre en plus la facilité avec laquelle les ensembles classiques se sont adaptés à joué cette musique, ce soir sous la baguette rigoureuse et très adaptée d’Olari Elts.
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Auditorium de la Maison de la Radio, Paris Le 16/02/2017 Vincent GUILLEMIN |
| Concert de l’Orchestre national de France sous la direction d’Olari Elts Ă l’auditorium de la Maison de la Radio, Paris, dans le cadre du Festival PrĂ©sences 2017. | Ondřej Adámek (*1979)
Polednice, pour chœur et orchestre
Chœur de Radio France
prĂ©paration : Martina Batič
Kaija Saahiaro (*1952)
True Fire, pour baryton et orchestre
Création française
DavĂłne Tines, baryton
Helena Tulve (*1972)
Extinction des choses vues
Kaija Saahiaro (*1952)
Orion
Orchestre national de France
direction : Olari Elts | |
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