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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Le Visiteur de Stravros Xarhakos au Théâtre Impérial de Compiègne
Freud en visitation lyrique
Adapter un des derniers succès du théâtre contemporain à l'Opéra, en l'occurrence Le Visiteur d'Eric-Emmanuel Schmitt, était un sacré défi dont le compositeur Stravros Xarhakos s'est acquitté honorablement. L'oeuvre a été créée le 15 octobre dernier au Théâtre Impérial de Compiègne sous la direction de Jean Luc Tingaud.
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Philosopher en chantant ? Le propos peut paraître incongru. Le compositeur grec Stavros Xarhakos a pris le risque, s'appuyant sur la pièce d'Eric-Emmanuel Schmitt Le Visiteur, l'un des grands succès français de la dernière décennie. En scène, donc, sobrement dirigés par Pierre Jourdan, Sigmund Freud (Armand Arapian) et celui qui, un soir de 1938, s'introduit dans son cabinet de travail, ce Visiteur (Jean-Pierre Le Chevalier) dont on ne saura jamais s'il est un fou échappé de l'asile, un importun, ou tout simplement le rêve d'un savant en proie au doute et d'autant plus perturbé que sa fille vient d'être arrêtée par la sinistre Gestapo.
Et tous deux de discourir sur le Bien, le Mal, l'existence de Dieu – qui sait s'il n'est pas lui-même le Visiteur ?- qui devrait être amour et permet pourtant les pires atrocités. Ces propos, qui relèvent de la pure spéculation intellectuelle, sont revêtus d'une partition colorée, vivante, habilement instrumentée pour une petite formation, ici l'Orchestre de chambre Failoni de l'Opéra d'Etat hongrois, dont la flûte et la clarinette se montrent particulièrement volubiles, et que mène avec énergie Jean-Luc Tingaud. La musique, qui se veut délibérément accessible, n'est pas facile pour autant ; elle montre que Xarhakos a parfaitement assimilé son folklore national, dont on relève quelques traces, qu'il a le sens de la mélodie et du théâtre, n'hésitant pas à laisser quelques passages entièrement parlés, ou des dialogues sur fonds musical, selon l'ancien procédé du mélodrame.
Deux heures quinze sans entracte : la tâche est rude pour les interprètes, qui s'en sortent avec une réelle présence de comédiens, assumant ce passage du parlé au chanté avec conviction malgré quelques légers problèmes d'élocution dans le chant. Une question, pourtant, se pose inévitablement : est-ce la musique très rassurante de ce Visiteur qui a séduit le public, ou le texte toujours aussi brillant de Schmitt ? Prima le parole poi la musica ou l'inverse ? Un autre débat éternel jamais résolu.
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Théâtre impérial, Compiègne Le 15/10/2000 Michel PAROUTY |
| Le Visiteur de Stravros Xarhakos au Théâtre Impérial de Compiègne | Le Visiteur de Stravros Xarhakos.
Orchestre de chambre Failoni de l'Opéra d'Etat hongrois
Direction musicale : Jean-Luc Tingaud.
Mise en scène : Pierre Jourdan.
Avec Philippe Le Chevalier (Le Visiteur), Armand Arapian (Freud), Jean-Pierre Descheix (le soldat nazi/rôle parlé). | |
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