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CRITIQUES DE CONCERTS 21 décembre 2024

Version de concert de Simon Boccanegra de Verdi par l’Orchestre philharmonique de Monte-Carlo dirigé par Pinchas Steinberg au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.

Boccanegra avec la partition
© Elie Ruderman

En important à Paris une version de concert de Simon Boccanegra donnée quelques jours plus tôt à Monte-Carlo, le Théâtre des Champs-Élysées réussit l’une des plus belles soirées lyriques de la saison, offrant en plus des prises de rôle de Ludovic Tézier et Sondra Radvanovsky une distribution difficilement surpassable dans l’œuvre de Verdi aujourd’hui.
 

Théâtre des Champs-Élysées, Paris
Le 12/03/2017
Vincent GUILLEMIN
 



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  • Nous sommes suffisamment regardants avec l’acoustique du Théâtre des Champs-ÉlysĂ©es lors des concerts symphoniques pour rappeler qu’à l’inverse, pour les opĂ©ras, la salle de l’avenue Montaigne convient nettement mieux que la Philharmonie de Paris, surtout pour les voix, Ă  condition que les chanteurs soient placĂ©s sur le devant de l’orchestre comme ce soir. ProgrammĂ© dans le cadre des Grandes Voix, Simon Boccanegra triomphe dans la capitale après avoir conquis le Rocher dans la semaine, et permet de dĂ©couvrir les chanteurs dans de nouveaux rĂ´les qu’ils ne maĂ®trisent pas encore suffisamment pour les aborder Ă  la scène.

    Premier d’entre eux, Ludovic Tézier campe un Doge étonnant, sûrement l’un des meilleurs ces prochaines années s’il apprend mieux sa partition. Car la surprise est de taille non devant la clarté d’élocution, la puissance ou la capacité à développer avec verve la fin du premier acte ou le court air du dernier, mais face à ce qui, si ce n’est de la paresse, vient du stress et force l’un des plus grands barytons Verdi de la décennie à rarement quitter des yeux sa partition, tête vers le bas, larynx bloqué contre le col serré d’un costume trois pièces, au risque d’entraver l’émission et de rarement susciter l’émotion qui devrait découler d’une telle qualité de chant.

    Les autres clés de fa connaissent mieux leur partie, et c’est à peine si le Fiesco de Vitali Kowaljov a besoin de baisser les yeux devant la difficulté d’une partie qu’il connaît déjà, et surmonte sans problème par la chaleur et la profondeur de ses graves. Aussi présent vocalement, le Paolo Albiani d’André Heyboer développe un courtisan précis, à l’aise avec l’italien et très dynamique sur toute la tessiture d’un rôle qu’il projette avec une belle clarté de timbre.

    Fabio Bonavita tient avec une autre couleur de baryton encore plus clair un Pietro engagé vocalement à défaut de pouvoir l’être scéniquement, cette version n’étant même pas mise en espace mais chantée devant pupitres face au public. Rapide mais efficace, le Capitaine de Vicenzo Di Nocera semble revenir des contrées d’Aïda tant son intervention ensoleillée fait penser à celle des courts rôles de cet opéra.

    Le seul attribut féminin d’importance revient à une soprano de la classe et de la valeur de Sondra Radvanovsky. Sa technique belcantiste pourra tout juste faire regretter le manque de sensibilité de certaines phrases, mais pour le reste, que dire devant cette capacité à tuber les notes ou à moduler les phrases dans un legato ininterrompu plusieurs longues secondes, grâce à un contrôle du souffle absolument souverain ?

    Sa reprise sur amor pour terminer le premier acte monte avec une agilité et une brillance à se damner, quand son air Nell'ora soave débuté pianissimo ne souffre aucun écart à la partition, sauf pour aller encore plus loin et plus haut que ne l’a écrit Verdi en première main.

    Ramón Vargas clôt cette distribution de luxe avec vigueur, et s’il ne possède plus l’éclat de la jeunesse, surtout au dernier acte, il tient toujours ses aigus brillamment avec une gestion de la ligne évidente dans Sento avvampar nell'anima. Ce triomphe vocal évident ne pouvait fonctionner sans un chœur irréprochable et radieux, celui de l’Opéra de Monte-Carlo étant préparé ici avec rigueur par Stefano Visconti.

    À la baguette, Pinchas Steinberg conduit Verdi comme toujours, par une vraie dynamique et sans jamais être vulgaire, mais malgré un prélude plutôt soigné, jamais non plus en recherche d’émotion pour cette musique dont on a encore dans l’oreille la direction de Levine l’an passé au Met. On se rabattra alors sur la qualité de l’Orchestre philharmonique de Monte-Carlo, des nappes douces des premiers violons aux cuivres toujours justes, en passant par les sonorités particulièrement agréables de la clarinette basse, du basson et de la harpe. Il n’en fallait pas moins pour cette soirée, et l’on attend maintenant les mêmes intervenants sur scène au milieu de décors, et sans partition !




    Théâtre des Champs-Élysées, Paris
    Le 12/03/2017
    Vincent GUILLEMIN

    Version de concert de Simon Boccanegra de Verdi par l’Orchestre philharmonique de Monte-Carlo dirigé par Pinchas Steinberg au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
    Giuseppe Verdi (1813-1901)
    Simon Boccanegra, mélodrame en un prologue et trois actes
    Livret de Francesco Maria Piave d’après Antonio Garcia Gutiérrez

    Ludovic TĂ©zier (Simon Boccanegra)
    Sondra Radvanovsky (Amelia Grimaldi)
    Vitali Kowaljow (Jacopo Fiesco)
    RamĂłn Vargas (Gabriele Adorno)
    André Heyboer (Paolo Albiani)
    Fabio Bonavita (Pietro)
    Vincenzo Di Nocera (Capitaine)
    Paola Scaltriti (Servante)
    Chœur de l’Opéra de Monte-Carlo
    préparation : Stefano Visconti
    Orchestre philharmonique de Monte-Carlo
    direction : Pinchas Steinberg

     


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