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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Nouvelle production des Maîtres chanteurs de Wagner dans une mise en scène de Harry Kupfer et sous la direction de Daniele Gatti au Teatro alla Scala, Milan.
Die Meistersinger von Mailand
Ayant dû abandonner la production Stefan Herheim des Maîtres-chanteurs de Salzbourg au profit de celle de Harry Kupfer réimportée de Zurich, le directeur de la Scala Alexander Pereira a gardé pour l’Italie une large partie de la distribution autrichienne de 2013, ainsi que le chef milanais Daniele Gatti, principal intérêt de cette représentation.
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En 2013, lors des festivités Wagner, Salzbourg avait créé de nouveaux Maîtres chanteurs, prévus en coproduction avec Paris et Milan, avant d’être rachetés par New York. Depuis, les choses se sont gâtées, Stefan Herheim ayant refusé de réadapter de quelques mètres un décor trop volumineux pour s’intégrer aux cadres du Met et de la Scala, laissant alors seulement à l’Opéra Bastille la bienséance d’une reprise en 2016.
Alexander Perreira a trouvé une solution de repli avec sa dernière production en tant qu’intendant à Zurich, une mise en scène de Harry Kupfer créée en 2012, déjà avec Daniele Gatti en fosse. Par rapport à ses dernières propositions, le vieux metteur en scène allemand reste sur l’idée d’une vidéo assez statique en fond de scène, derrière un décor toujours superbe de Hans Schavernoch. Ici, une église de Nuremberg totalement détruite en 1945 est représentée affublée d’échafaudages qui n’aideront pas à son rétablissement alors que derrière la ville d’abord ravagée se relève petit à petit.
L’idée est simple mais intelligente, celle d’une population qui se réveille tout en gardant une certaine tradition, importante parmi les marques d’un passé compliqué à porter, celui du nazisme bien entendu, jamais explicitement évoqué sauf pendant la Festwiese, lorsqu’au bal costumé s’invitent quatre sapeurs vites éjectés. Pour le reste, la réflexion sur l’art ou le renouveau n’est pas particulièrement développée, mais la dramaturgie est bien adaptée aux situations, et des détails ravissent, comme cette statue longtemps voilée qui prend la place d’Eva cachée, pour être dévoilée sous les traits du Christ berger portant son mouton, sous lequel Sachs vient poser la couronne d’or et présenter le vrai vainqueur de la joute.
En fosse, l’intelligence de la proposition est tout aussi évidente et la direction de Daniele Gatti retrouve la finesse et la subtilité de sa prestation zurichoise. Dès le prélude, la justesse de poids des violons s’intègre dans un détail de chaque pupitre et une superbe mise en avant du contrepoint, notamment aux cuivres. Des jeux de détails, on retient le thème passant avec une extrême précision par trois musiciens solistes avant le premier Bar de Walther, l’élégance dans l’accompagnement du premier duo Walther-Eva, ou l’extrême délicatesse du phrasé du monologue de Sachs sur le rêve et du suivant, Hat man mit dem Schuwerk
Du plateau sont restés plusieurs éléments, à commencer par le rôle principal tenu en Suisse puis en Autriche déjà par Michael Volle, toujours bien présent vocalement même si parfois peu attendrissant. Son apprenti David vient également de Salzbourg, un Peter Sonn toujours aussi agréable dans le fil de la voix, tandis que le troisième corps récupéré est ici le meilleur, Beckmesser de Markus Werba dont la seule difficulté est l’incapacité à dérider une salle milanaise dont aucun rire ne fusera, en grande partie à cause du sérieux de la proposition scénique.
Le couple principal souffre de petitesse avec une Eva (Jaquelyn Wagner) de belle couleur mais sous-dimensionnée sur la scène scaligère. Son amant est lui aussi court en projection comme de souffle, Erin Caves remplaçant Michael Schade malade. Le ténor en troupe à Stuttgart est un Tristan vaillant mais sans le lyrisme ou la ligne de chant de Walther von Stolzing. Le quintette est donc déséquilibré vers Sachs et étonnamment vers la Magdalene très en voix et superbe de médium d’Anna Lapkovskaja.
On regrettera que le chœur remarquable de la Scala n’ait mieux travaillé, car s’il ne choque pas la partition en main dans l’église, cela dérange pour la fête, tout comme la fanfare arrivant sur scène avec les partitions agrafées au-dessus des trompettes, image indigne de l’une des plus belles scènes du monde. Enfin, chez les Maîtres, on retiendra surtout Albert Dohmen en Pogner et Detlef Roth en Kothner, ce dernier lançant la joute d’un superbe Fanget an !
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Teatro alla Scala, Milano Le 26/03/2017 Vincent GUILLEMIN |
| Nouvelle production des Maîtres chanteurs de Wagner dans une mise en scène de Harry Kupfer et sous la direction de Daniele Gatti au Teatro alla Scala, Milan. | Richard Wagner (1813-1883)
Die Meistersinger von Nürnberg, opéra en trois actes (1868)
Livret du compositeur
Coro ed Orchestra del Teatro alla Scala di Milano
direction : Daniele Gatti
mise en scène : Harry Kupfer
décors : Hans Schavernoch
costumes : Yan Tax
Ă©clairages : JĂĽrgen Hoffmann
préparation des chœurs : Bruno Casoni
Avec :
Michael Volle (Hans Sachs), Albert Dohmen (Veit Pogner), Iurie Ciobanu (Kunz Vogelgesang), Davide Fersini (Konrad Nachtigall), Markus Werba (Sixtus Beckmesser), Detlef Roth (Fritz Kothner), Markus Petsch (Balthasar Zorn), Neal Cooper (Ulrich Eißlinger), Stefan Heibach (Augustin Moser), James Platt (Hermann Ortel), Dennis Wilgenhof (Hans Schwarz), Miklos Sebestyen (Hans Foltz), Erin Caves (Walther von Stolzing), Peter Sonn (David), Jaquelyn Wagner (Eva), Anna Lapkovskaja (Magdalene), Wilhelm Schwinghammer (Nachtwächter). | |
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