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CRITIQUES DE CONCERTS |
30 décembre 2024 |
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Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de James Gaffigan avec la participation du pianiste Arcadi Volodos à la Philharmonie de Paris.
Entre majesté et pas de charge
Le Deuxième Concerto de Brahms l’était vraiment pour piano et orchestre dans l’interprétation magistrale qu’en a donnée un Arcadi Volodos en parfaite complicité avec l’Orchestre de Paris sous la direction de James Gaffigan. Malheureusement suivie d’une succession décousue d’extraits du Lac des cygnes de Tchaïkovski.
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Un cor sublime et le piano qui en naît tel un questionnement : l’expressivité immédiate du dialogue entre Arcadi Volodos et l’Orchestre de Paris sous la direction de James Gaffigan ouvre un Concerto n° 2 de Brahms qui ne cessera de captiver l’écoute. Un des plus grands pianistes actuels ne manquera pas un instant à cette aventure collective qu’il mène magnifiquement. À chaque fin de phrase tourné vers les différents pupitres qui le sollicitent ou lui répondent, est-ce son étude du chant et de la direction d’orchestre avant qu’il ne se consacrât au piano qui nous vaut l’entente idéale vécue sous nos yeux ?
Le calme en suspens des premières mesures se mue très vite en une impérieuse détermination. Son impétuosité subjugue. Des arrachements audacieux concluent les oppositions d’accords. Leur puissance, la personnalisation conquérante des rythmes s’épanouissent dans des fortissimi superbes, tutti enthousiastes.
Les basses somptueuses, les sonorités cristallines aussi naturellement nées sous le jeu tranquillement assuré et souvent sans pédale, la clarté des phrasés habités se renouvellent constamment sous les prodiges techniques, les échanges avec les bois, les alliances avec les cuivres, les fusions avec les cordes de l’Orchestre de Paris complice. Le Deuxième Concerto de Brahms l’est vraiment pour piano et orchestre.
Véhémence encore, mais plus sombre d’un Allegro appassionato aux contrastes et ruptures tourmentés. Plénitude d’évidentes lignes de force, ampleur des phrasés. Arcadi Volodos multiplie triomphalement les métamorphoses sonores. Sa dynamique inflexible galvanise ses partenaires. Pause de l’Andante qu’ouvre le violoncelle dans une émouvante interrogation. Aux variations de sa cantilène vient se mêler le piano note après note dans des pianissimi irréels et pourtant lumineux avant de se fondre dans les cordes.
La pénétration du clavier, la fermeté des trilles, les portées de de la respiration donnent une tenue exceptionnelle au romantisme que parachève, le violoncelle revenu, l’union amoureuse des deux solistes. Allegretto grazioso, le quatrième mouvement exalte d’autres climats. Enjouement, réminiscences hongroises, entrain, douceur méditative, sursauts de l’énergie indomptable, déflagrations jubilatoires, exubérance désinvolte, enthousiasme triomphant rebondissent, imprévus inédits devenus évidents. Un parcours passionnant dont l’inspiration découvre la richesse des péripéties que peut connaitre ce concerto, d’une densité magistrale avec de tels interprètes.
Hélas, un tel bonheur n’est plus dans la seconde partie du programme. En une succession de moments sans queue ni tête défilent des extraits du Lac des cygnes de Tchaïkovski. Quelles scènes de ballet imaginer sur les fortissimos lourdement scandés ? Sur ces pas de charge aux accents militaires ? Les danses, en mesure soulignée, n’ont ni grâce ni allant. Valse-t-on avec un éléphant ? Tous pupitres confondus, menés à la baguette, l’Orchestre de Paris n’a qu’à obéir.
Heureusement, les excellents musiciens nuancent dès qu’ils en ont l’occasion l’épaisseur des couleurs sinon brassées en tutti tonitruants. Hautbois, harpe enchanteresse, premier violon, violoncelle de même nous ravissent de courts instants. Quand les pupitres réussissent à émerger de l’uniformité qui les confond, leur qualité compense la gratuité de la direction et la discontinuité qui prive de toute trajectoire l’œuvre ainsi coupée en petits morceaux choisis par les chefs, Tchaïkovski n’ayant pas réalisé la suite qu’il envisageait de composer.
Cinquante-cinq minutes sans début ni fin tronquent les fééries de cette musique. Une occasion manquée d’en entendre toutes les subtilités.
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Philharmonie, Paris Le 26/04/2017 Claude HELLEU |
| Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de James Gaffigan avec la participation du pianiste Arcadi Volodos à la Philharmonie de Paris. | Johannes Brahms (1833-1897)
Concerto pour piano n°2 en si bémol majeur op. 83
Arcadi Volodos, piano
Piotr Ilyitch TchaĂŻkovski (1840-1893)
La Lac des Cygnes, op. 20 (extraits du ballet)
Orchestre de Paris
direction : James Gaffigan | |
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